Quelques réponses

de la Mère

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Note de l'éditeur

 

Les textes publiés dans ce volume ont paru en 1987 dans l'édition anglaise des œuvres de la Mère (The Mother's Collected Works, Vol. 17). Ils comprennent six séries de réponses de la Mère aux lettres de six disciples. Ces réponses, précédées des questions, sont publiées dans l'ordre chronologique. Deux séries de lettres ont été rédigées en anglais, le reste entièrement ou en partie en français. Des précisions complémentaires figurent à la fin du volume dans les "Notes sur les textes".

 


 

 

La Mère


première série

 

Première série

 

À un disciple devenu membre de l'Ashram de Sri Aurobindo en 1930, à treize ans. Au terme de huit ans d'études, il a commencé à travailler, d'abord à la construction de Golconde (l'une des résidences de l'Ashram) en qualité de contremaître en menuiserie, puis à la "Grainerie" (entrepôt des céréales) et à la . Salle à manger. En 1945, il est devenu professeur à l'école de l'Ashram qui venait d'ouvrir et il y a enseigné pendant quarante ans. Il a travaillé ensuite au Bureau d'Accueil jusqu'à sa mort en 1993. Ce disciple a commencé à écrire à la Mère à l'âge de quinze ans.  

 

Quand je dors à midi, je ne suis pas conscient; s'il y a du bruit, je ne l'entends pas. Mais quand je dors pendant la nuit, je suis quelquefois conscient, j'entends presque tout.

Est-ce qu'il est bon que je ne dorme pas pendant la nuit?

 

Non, ce n'est pas bon de ne pas dormir. Il faut bien dormir très tranquillement. Cela n'empêche pas d'ailleurs d'être conscient de ses rêves quand on rêve. Qu'est-ce qui vous empêche de dormir ?

Il faut tout me dire bien sincèrement et sans peur. C'est de dire tout bien franchement qui vous rapproche de moi.

8 décembre 1932 

Maman, je ne connais pas la signification des animaux.¹ Par exemple : du lion...

 

Le pouvoir.

 

¹Le disciple pose cette question parce que la Mère collait des images d'animaux sur les enveloppes contenant ses réponses.

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du cerf...

 

La rapidité de mouvement.

 

du cygne...

 

L'âme.

 

des oiseaux...

 

Certains oiseaux ont une signification, mais tous les oiseaux n'ont pas une seule et même signification.

23 décembre 1932  

Je veux savoir la signification de l'image de l'éléphant que vous m'avez envoyée aujourd'hui, et celle du perroquet.

 

Le perroquet signifie "facilité de parole" et l'éléphant, "force".

25 décembre 1932

Le chien de l'enveloppe veut dire : obéissance.¹

31 décembre 1932  

Quelle est la signification de l'image que vous m'avez envoyée ce matin ?

 

C'est un phoque — une bête très habile à qui on peut apprendre toutes sortes de tours, même à jongler.

3 janvier 1933 

Que signifie le paon ?

 

¹Le chien ressemblait à un épagneul.

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La victoire.

5 janvier 1933 

Quelle est la signification de l'image du lapin que vous m'avez envoyée aujourd'hui?

 

Ce n'est pas un lapin, c'est un lièvre et le lièvre veut dire "prudence".

6 janvier 1933 

Maintenant j'ai tout compris, je ne ferai plus jamais la même erreur. Je suis bien triste pour cela. Maintenant je serai calme, et j'essayerai de ne pas faire des choses que vous n'aimez pas.

 

C'est bien, mon enfant, j'ai confiance en vous, et je sais que vous ne ferez jamais exprès quelque chose que je n'aime pas. Ainsi il ne faut pas être triste, ne plus penser à ce qui a été et penser seulement à la joie de ne plus se tromper sur ce point à l'avenir.

Et soyez certain que toujours mon affection sera avec vous pour vous aider à bien faire.

18 janvier 1933  

Je crois que ce que j'ai écrit hier n'était pas bon. Je regrette maintenant ce que j'ai écrit.

 

Il ne faut pas regretter. Il vaut toujours mieux être franc et ouvert, c'est la meilleure manière de se corriger.

24 janvier 1933  

S. me dit qu'elle ne fera pas de chemises, seulement des pendjabis. Alors, après nous être beaucoup querellés, elle me dit qu'elle fera un pendjabi et une chemise, mais je veux avoir deux chemises de couleur.

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Vous avez bien eu tort de vous quereller. Je désapprouve complètement ces manières. Vous êtes encore un enfant et devez respecter ceux qui sont âgés. De plus c'est de toutes les manières la plus mauvaise pour obtenir quelque chose de quelqu'un.

Vous dites "je veux avoir des chemises", ce n'est pas une manière de parler. De quel droit un désir ou une préférence osent-ils s'imposer ainsi ?

Après avoir pris mes renseignements, je vous dirai ce qui peut être fait.

5 février 1933  

Je ne me suis pas querellé avec S. Je n'ai pas répondu à ses questions et je ne sais pas assez de français pour pouvoir me quereller avec elle.

 

Si vous ne vous êtes pas querellés, c'est bien. Se quereller veut dire : se dire avec violence des choses désagréables l'un à l'autre.

6 février 1933 

Le renne sur l'enveloppe est le symbole de l'endurance.

15 février 1933 

(À propos d'une image représentant une colombe.)

 

Je vous envoie l'oiseau de votre nom : Paix.

16 février 1933  

Le chat veut dire "réceptivité".

21 février 1933 

Le pélican de l'enveloppe est le symbole du dévouement.

25 février 1933

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J'agirai contre le vital, je lutterai avec lui, je remporterai la victoire. Un jour je remporterai la victoire sur toutes les forces obscures. Il y a la Grâce Divine — pourquoi craindre ?

 

Oui, il ne faut pas craindre, il faut garder une foi intacte en la Grâce Divine. Le second point est de garder son corps en équilibre par un sommeil suffisant : sept heures sur vingt-quatre et une nourriture suffisante.

2 mars 1933

 

Hier à midi, je lisais un livre et après j'ai dormi. Je m'éveillai en sursaut et je regardai l'heure : il était presque une heure. J'avais classe à une heure. Alors je pus y aller. Est-ce que ce n'est pas le Divin qui m'a réveillé ?

 

Pas nécessairement. Il y a toujours une partie du subconscient qui veille et il suffit d'avoir la volonté de se réveiller à une certaine heure pour que cette partie vous éveille.

3 mars 1933  

Comment changer le vital obscur en vital lumineux ?

 

Par la soumission du vital, son ouverture à la lumière et la croissance de la conscience.

4 mars 1933  

Hier soir, j'ai eu l'idée d'essayer de garder un silence absolu, ne pas même rire ni penser. Penser seulement à la Mère. Prier le Divin.

 

Ne pas rire, ne pas penser, c'est un peu exagéré !

 

Je me suis dit : mais pourquoi ne pas garder le silence toute la journée ? J'essayerai de le faire.

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C'est un peu trop. Le contrôle de ce que l'on dit est plus important qu'un silence complet. Le mieux est d'apprendre à ne dire que ce qui est utile de la façon la plus exacte, la plus vraie possible.

5 mars 1933

 

Quelquefois, je deviens absolument calme, je ne parle à personne. Je me promène tout seul en pensant au Divin. Si quelqu'un me parle quelquefois, s'il parle sans nécessité je ne lui réponds pas. Est-il bien de garder cet état constamment ?

 

C'est un état excellent que l'on peut garder sans inconvénient, mais il doit être sincère ; c'est-à-dire qu'il doit être non une apparence de calme mais un calme véritable et profond qui spontanément vous garde silencieux.

9 mars 1933  

(À propos d'une image sur une enveloppe.) Est-ce que c'est une chèvre ?

 

C'est une antilope, avec la signification qui est "rapidité de mouvement".

La chèvre est "agilité".

9 mars 1933¹ 

(À propos d'une image représentant des cochons.)

 

L'enveloppe que je vous envoie représente les obscurs mouvements du vital dans la nature.

15 mars1933  

¹La date est la même que celle du texte précédent parce que le disciple écrivait parfois plus d'une lettre par jour.

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Je ne sais ce qui vient en premier, en deuxième, etc. Par exemple après la Vérité qu'est-ce qui vient ?

Après la Vérité doit venir la Vérité et encore la Vérité !

23 mars 1933 

Je ne dors bien qu'après onze Heures. Je me lève à cinq heures trente mais je m'éveille à quatre heures ou quatre heures trente.

 

Il n'est pas bon de rester dans son lit quand on est réveillé, cela fatigue plus que cela ne repose et aussi cela augmente le tamas. Il vaut mieux sauter de son lit dès qu'on se réveille et alors le soir on a sommeil et on peut s'endormir plus tôt. Les heures de sommeil avant minuit sont les meilleures et les plus reposantes.

25 mars 1933

 

Dans l'histoire, l'enfant Prahlad allait mourir, mais il pensait seulement au Divin qui pour la conscience remplaçait le feu qui brûle. La mort était changée en vie, en joie, et par cela il gagna la Lumière Divine. Est-ce que la signification de cette histoire est celle-ci : par le Divin ou par l'aide divine, les choses difficiles peuvent se changer en choses faciles, même la mort en vie?

 

Oui, c'est moralement vrai et un jour ce sera aussi physiquement vrai.

26 mars 1933

 

Je veux vous demander deux autres choses dont je me souviens maintenant. Écrivez-moi: "Ne pas lire des contes pour consoler le vital." Et la deuxième : "Ne pas parler sans nécessité pour contenter le vital ou lui donner de la joie."

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Ne perdez pas de temps à des lectures frivoles et malsaines. Ne gaspillez pas votre énergie en vains bavardages.

28 mars 1933 

Que signifie "compassion" ?

 

Compassion est équivalent de miséricorde. C'est une pitié pleine de force et de bonté qui pardonne et répare, efface les offenses et veut toujours le mieux pour chacun.

31 mars 1933

 

Je m'observe et je trouve qu'il n'y a aucun mouvement spécial, ni aucun doute, et de plus, je me sens heureux. Mais quelquefois il arrive que l'observation ne soit pas tout à fait vraie.

 

Il faut être arrivé à un sommet de sagesse pour espérer ne jamais se tromper. Chacun de vous a fort à faire pour cela.

3 avril 1933

 

B. est un bon garçon — il y a quelques richesses dans son caractère. Mais il y a une chose que je trouve mauvaise en lui, c'est la vanité.

 

Il est très jeune — c'est une chose qui passe avec l'âge. N'avez-vous pas du tout de vanité en vous que vous puissiez en faire le reproche à d'autres ?

3 avril 1933  

(Après avoir décrit un rêve, le sâdhak a commenté :)

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Je n'ai pas décrit tout à/ait exactement ce que j'avais vu dans le rêve, parce que c'est difficile à décrire.

 

Je vous conseille de faire bien attention et d'être scrupuleux pour dire seulement ce qui est parfaitement exact. Il est très facile d'inventer lorsqu'on raconte un rêve, et alors cela n'a plus aucune valeur.

10 avril 1933

 

Que signifie cette image représentant une jeune fille qui pose la main sur le dos d'un lion ? "Par l'aide du pouvoir divin, toutes les forces hostiles peuvent devenir calmes et paisibles", est-ce cela?

 

Le lion est le symbole du pouvoir ; on pourrait dire, plutôt, que sous le contrôle de la Volonté Divine, le pouvoir est bienfaisant, mais que sans ce contrôle, il fait du mal à tous et devient terrible.

10 avril 1933  

(À propos d'une image de chasseurs envoyée à la Mère par le sâdhak.)

 

Comme elle est vilaine l'image que vous m'avez envoyée ! Les hommes sont de sinistres brutes et les plus cruels de tous les êtres vivants.

12 avril 1933

 

Le Divin est le suprême véritable but de notre vie. Il faut que nous accomplissions la volonté divine. Mais qui est-ce, le Divin, et qu'est-ce que la volonté divine ?

 

Ce sont choses dont on ne peut parler et qu'il faut connaître par expérience personnelle.

13 avril 1933

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J'ai foi en ma force et crois que je suis capable de faire tout le travail.

 

Ce n'est pas en votre force qu'il faut avoir foi. C'est en la force divine qui travaille en tous ceux qui sont consacrés au Divin et les soutient dans leur action.

 

J'ai foi que je suis capable de faire tout le travail. J'aime beaucoup faire ce travail, alors si vous voulez, je voudrais mieux continuer.

 

Encore une fois, avoir foi en vous-même ne peut pas vous conduire bien loin et sûrement, tôt ou tard, vous aurez une réaction et serez obligé de vous arrêter,

Établissez d'abord l'attitude véritable de prendre votre point d'appui, votre support et votre aide dans le Divin seul et alors toute possibilité de fatigue disparaîtra. Jusque-là il vaut mieux laisser le domestique faire au moins une partie du travail que vous pourrez surveiller si vous voulez.

17 avril 1933

 

Après avoir fini le travail du relevé des compteurs¹, je me sentais très fatigué. Comme il m'a semblé que cela voulait m'empêcher de faire un autre travail, je me tenais sur mes gardes et me dis : "Non, non, il faut travailler, ayez foi, tout s'en ira." En effet la fatigue a disparu. Le soir j'avais une grande douleur dans l'estomac; il m'a semblé qu'elle aussi voulait m'empêcher de faire le travail. Mais je me dis : "Non, il faut travailler, c'est seulement par le travail ou bien par la foi que la douleur partira, mais si vous prenez du repos, la douleur grandira. " Comme j'avais prévu, la douleur est partie après mon souper. 0 ma Divine Mère, permets que la foi en vous devienne de plus en plus inébranlable et forte.

 

¹Les compteurs d'électricité des maisons de l'Ashram. Le disciple effectuait un relevé quotidien pour enregistrer la consommation.

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La foi est dans votre conscience active et votre volonté, mais elle n'est pas encore dans votre corps ; c'est pourquoi votre corps se sent fatigué et qu'il souffre : il faut lui donner du repos. Jusqu'à ce que vous sachiez comment organiser votre travail et supprimer les allées et venues inutiles, il vaut mieux renoncer au travail du balayage et le laisser faire par un domestique, ou bien si vous tenez beaucoup à faire ce balayage, il faut trouver quelqu'un pour s'occuper de votre jardin.

18 avril 1933

 

Ce soir, j'étais trop fatigué. Il était même impossible d'écrire les relevés des compteurs.

 

Si vous êtes fatigué, il faut organiser votre travail de façon à ne pas avoir à faire tant d'allées et venues.

26 avril 1933

 

Maintenant j'ai une autre chose à vous demander. Si vous voulez bien, écrivez-moi de ne toucher les femmes dans aucun cas, et de ne pas leur permettre de me toucher.

 

Puisque vous vous sentez faible vis-à-vis des femmes, ne touchez jamais une femme. Ne permettez jamais à une femme de vous toucher.

4 mai 1933

 

Aujourd'hui, le matin, je sentais une faiblesse. Et l'après-midi, au contraire, je sentais la joie, toute l'inquiétude avait disparu. Pourquoi cela ?

 

La joie vient de la soumission à l'ordre divin.

6 mai 1933

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Si vous voulez bien, je voudrais avoir un tabouret sur lequel je veux mettre le classeur-dossier. Comme il est très bas, c'est un peu difficile de prendre des choses dedans.

 

Pourquoi vouloir toujours que les choses soient faciles ?

15 mai 1933  

J'ai l'impression que la fatigue a disparu. S'il en est ainsi, alors est-il nécessaire de prendre un repos dans la journée ?

 

Oui, cela vaut mieux de se reposer quelque temps dans la journée. À votre âge, vous êtes encore en pleine croissance et vous avez besoin de beaucoup de repos alterné avec une activité énergique.

22 mai 1933

 

N'y a-t-il aucune différence entre les réponses : "vous pouvez" et "si vous voulez" ? Je crois que quand vous répondez "si vous voulez", cela veut dire que vous ne l'aimez pas bien. Est-ce comme ça ?

 

"Si vous voulez" implique évidemment qu'il y a risque que les conséquences de ce que vous voulez faire ne soient pas très bonnes pour votre sâdhanâ, mais aussi que vous n'êtes peut-être pas prêt pour faire le progrès nécessaire qui permettrait que vous ne fassiez pas ce que vous désirez faire.

29 mai 1933 

Comment dois-je méditer ?

 

Fixez votre mental sur l'aspiration et renvoyez tout le reste.

 

Si les pensées viennent, que faire ?

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Les renvoyer.

 

Maintenant, je ne sais quoi écrire ; tout ce qu'il faut que je sache, vous me le dites intérieurement. Alors comment l'entendre ?

 

Écouter dans un silence complet de tout l'être, mental, vital et physique.

6 juillet 1933 

Quand je vais prendre mon repas à la salle à manger, quelquefois on donne plus de légumes. Est-ce bien de les prendre ?

 

Oui, c'est bien, si on les donne. Ce qui n'est pas bon c'est de demander.

14 juillet 1933  

Où faut-il que j'apprenne le style français ?

 

Cela s'enseigne dans les cours avancés de grammaire, et aussi il y a des livres spéciaux. Une des principales règles de style est, dans un récit, de ne pas se servir de "je" excepté quand il est absolument impossible de faire autrement et en tout cas de ne jamais commencer deux phrases de suite avec "je". Vous voyez d'ici ce qu'il faudrait faire pour que votre rapport quotidien ait du style !

20 juillet 1933

 

Il faut manger avec mesure, c'est-à-dire ne pas trop en prendre, car la gloutonnerie est toujours mauvaise.

26 juillet 1933 

Brise les liens de la conscience limitée. Illumine la conscience, anime-la, fais-la resplendir. Il faut que tu le fasses en hâte.

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Ce que l'on fait hâtivement n'est jamais bien fait.

29 juillet 1933

 

Ce matin, pendant le temps du pranâm, je me trouvais assis dans la salle du pranâm. Des larmes douces et modestes se mirent à couler; il y avait des prières intenses et ardentes. L'amour et la joie aussi se trouvaient là. Quel bonheur ! Qu'est ce mouvement?

 

C'est un contact établi avec le psychique, l'âme véritable.

8 septembre 1933

 

Voulez-vous m'expliquer pourquoi j'ai senti un tremblement par suite du déplaisir de T.

 

Les mouvements du vital (désir, colère, frayeur, etc.) produisent des vibrations qui se propagent dans l'atmosphère comme des ondes électriques et vont frapper ceux qui sont ouverts, sensitifs ou faibles.

16 septembre 1933  

Aujourd'hui je sens de la fatigue, je crois que je n'ai pas pris assez de repos, mais que faire, je ne trouve point de temps !

 

Si votre journée était organisée d'une façon plus logique, en évitant beaucoup de va-et-vient inutiles, vous auriez certainement du temps pour vous reposer.

30 septembre 1933  

Si quelqu'un perd ou casse quelque chose, est-ce vrai qu'il doit se sentir mal à l'aise ou triste ?

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Je ne vois pas en quoi d'être mal à l'aise ou triste peut aider à retrouver la chose perdue ou à raccommoder ce qui a été cassé!...

1er novembre 1933 

Instinctivement j'ai prononcé les paroles suivantes : "Mon petit jardin s'ouvre à la Conscience divine. "

 

Les plantes aussi peuvent s'ouvrir au Divin.

5 novembre 1933  

Puis-je avoir du pétrole et du savon pour préparer un liquide pour tuer les insectes ?

 

Oui, mais le pétrole est dangereux pour les plantes, faites attention de ne pas les tuer en même temps que les insectes.

7 novembre 1933

 

Quand une dépression vient, que doit-on faire ?

 

La secouer, comme on secoue la poussière de ses pieds.

8 novembre 1933

 

Il me semble qu'une dépression s'est jetée sur moi lorsque je me suis levé dans l'après-midi. Je ne trouve à cela aucune raison.

 

Dans le sommeil on entre souvent en contact avec des forces et des choses peu désirables et qui épuisent vos forces vitales, alors quand on se réveille on se sent faible et déprimé.

15 novembre 1933  

Quel est le bonheur réel et quand vient-il ?

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Quand on n'a plus d'attraction pour l'autre, le faux bonheur. Le bonheur réel est d'origine Divine, il est pur et inconditionné. Le bonheur ordinaire est d'origine vitale, il est impur et dépend des circonstances.

18 novembre 1933  

Que signifie l'énergie de la vie ?

 

C'est l'énergie qui crée et soutient la vie dans l'organisme physique ; c'est cette énergie qui, lorsqu'elle est consacrée au Divin, est utilisée pour la transformation du corps et de ses activités.

1er décembre 1933

 

N.B. m'a ait: "Se moquer n'est pas mauvais; si vous ne vous moquez pas, alors vous êtes comme un arbre sans sève." Est-ce vrai?

 

Non, ce n'est pas vrai. La moquerie n'est pas du tout le signe d'une supériorité intellectuelle mais d'une arrogance mentale ignorante. Le psychique ne se moque jamais.

2 décembre 1933

 

J'ai dit : "R., il ne faut pas voir les mauvais côtés des gens, mais toujours les bons." Il m'a répondu : "Non, il faut voir les deux côtés et puis les distinguer."

 

Il est certainement très mauvais de parler des défauts des autres. Chacun a ses défauts et d'insister sur eux en pensée n'aide certainement pas à les guérir.

4 décembre 1933 

C. m'a dit que si je n'avais pas le temps de lire les journaux, il fallait au moins que j'y jette un coup à'œil.

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Je lui ai demandé : "Y a-t-il une loi qui oblige à lire les journaux?" Il m'a répondu: "Il faut aussi que je sache ce qui arrive dans le monde ; je ne suis pas un sannyâsî. "

 

Je ne suis pas un sannyâsî et jamais je ne Us un journal ! je n'ai pas le temps de le faire.

Il est difficile de lire les journaux sans que la conscience descende à un niveau tout à fait ordinaire. Ce n'est que lorsque la conscience est fermement établie dans l'union avec le Divin, que l'on peut lire les journaux sans danger de tomber dans une conscience inférieure.

5 décembre 1933

 

Sri Aurobindo a écrit à mon frère que la Mère voudrait que lui et moi n'acceptions rien de A. Voulez-vous me dire ce qui arrive si l'on accepte quelque chose de quelqu'un ?

 

Si l'on veut progresser dans le yoga, on ne doit rien recevoir que du Divin.

10 décembre 1933

 

Il y a quelques jours, j'ai senti que j'étais monté dans une conscience heureuse ; mais quelques jours après, tout au contraire, j'ai senti que j'étais redescendu très bas. Maintenant, je me sens bien. Voulez-vous m'expliquer ce mouvement ?

 

C'est un mouvement très fréquent de la conscience qui éprouve quelque difficulté à se maintenir dans un état supérieur à sa condition ordinaire.

12 décembre 1933  

Aimeriez-vous me dire la raison du cyclone ?

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Le cyclone est le résultat d'une violente attaque de forces adverses.

18 décembre 1933

 

Croyez-vous que seulement par une aspiration intense on puisse acquérir le silence de tout l'être, et faire la sâdhanâ grâce à ce silence ?

 

Oui.

 

Est-ce que toutes les impuretés du mental, du vital et du physique peuvent s'enfuir par la descente de ce silence ?

 

Le silence ne peut pas guérir toutes les impuretés, mais il en soulage un grand nombre.

23 décembre 1933

 

N'est-il pas vrai que pour lire les revues mensuelles et les histoires, on doit descendre dans une conscience tout à fait ordinaire ?

 

Ce n'est pas obligatoire, mais c'est très difficile de faire autrement.

28 décembre 1933

 

Quand est-il possible que le Divin verse son amour sur le vital, et que le vital ne soit influencé que par lui?

 

Quand le vital est converti, c'est-à-dire quand il veut le Divin.

30 décembre 1933

 

Ce soir, E. m'a parlé du yoga. Je sais maintenant que de lui avoir parlé n'est pas très bien. Si je ne l'avais pas fait, cela aurait mieux valu. Mais croyez-vous que cela va me faire du mal ?

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Il ne faut pas se tourmenter pour les erreurs qu'on peut faire, il faut seulement garder la parfaite sincérité de son aspiration, et à la fin tout sera bien.

4 janvier 1934

 

Quand F. était malade, le 31 décembre, vous avez demandé au Dr Babu : "Est-ce que F. ne peut pas guérir cette nuit?" Si au lieu de dire: "C'est impossible" il avait répondu : "Si c'est votre volonté, cela peut être fait", alors, peut-être F. aurait pu assister à la méditation de minuit pour la nouvelle année.

 

Une réponse n'est pas suffisante pour changer le cours des choses. Seule une aspiration ou une foi peut faire cela. Car c'est l'aspiration et la foi qui permettent à la Grâce Divine d'agir.

9 janvier 1934  

N'est-il pas vrai, Mère, que le vital te sera soumis bientôt ?

 

Oui, s'il est sincère dans son aspiration, il sera bientôt converti.

11 janvier 1934  

Que veut dire "l'aspiration sincère" ?

 

Une aspiration qui n'est mélangée d'aucun calcul intéressé et égoïste.

12 janvier 1934 

Que pensez-vous de l'amour entre G. ¹et moi ?

 

¹Un jeune compagnon disciple.

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C'est seulement l'amour qui a la Divine Présence pour base, qui peut rester sans mélange et sans inconvénient pour la sâdhanâ.

17 janvier 1934 

... Ainsi je n'ai pas de dégoût pour D.

 

Le dégoût est toujours une mauvaise chose et juste l'envers de l'attachement.

19 janvier 1933  

J'ai dit à H. de ne pas faire d'exercices car son corps est faible.

 

Il n'est jamais bon de dire à quelqu'un qu'il est faible. Cela n'est pas un moyen de le rendre fort, au contraire !

20 janvier 1934 

Douce Mère ! Dites-moi ce qu'il faut que je fasse pour être débarrassé de cet attachement pour D.

 

Le mieux est de tâcher de ne plus y penser.

20 janvier 1934  

Je pense que la Mère n'aime pas que quelqu'un aille chez un autre excepté pour le travail de la Mère.

 

C'est parce que lorsque les gens se rencontrent en dehors du travail, généralement ils bavardent de choses inutiles et ce n'est pas bon pour eux.

27 janvier 1934 

Ma sœur m'a demandé: "Viendrez-vous chez moi?" J'ai répondu : "Je verrai, je demanderai à Mère."

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Il faut adopter vis-à-vis d'elle la même règle que pour les sâdhaks. La voir seulement quand c'est nécessaire et ne lui parler que lorsque c'est indispensable.

1er février 1934 

Est-ce désirable d'informer ma sœur qu'il serait mieux. qu'elle ne me parle que lorsque c'est indispensable?

 

Vous pouvez toujours lui dire que vous n'aimez pas à bavarder inutilement.

3 février 1934

 

A. m'a demandé : "Quand un homme deviendra siddha [aura la réalisation], qu'est-ce qu'il fera ? Peut-être qu'il ira quelque part, qu'il ouvrira un Ashram et que la Mère travaillera à travers lui. "

 

Le but que nous poursuivons est d'un ordre très différent ; il est peu probable que d'ici fort longtemps de nouveaux centres seront établis — tout au moins avec notre pleine approbation. Ce qui doit être réalisé demande une concentration et non une expansion.

5 février 1934 

Mère ! Ne croyez-vous pas que tant que le corps existe, on fait des fautes et on oublie des choses quelquefois?

 

Pas nécessairement. Tout dépend du développement de la conscience.

6 février 1934  

Voulez-vous que je sache comment le vital agit? Je pense qu'il est encore plein d'impuretés.

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Trop penser à ses impuretés n'aide pas. Il vaut mieux garder la pensée fixée sur la pureté, la lumière et la paix que l'on veut acquérir,

7 février 1934 

Maintenant, il semble que tout est repos. Quel est cet état : un vrai repos ou une formation ?

 

Pourquoi troubler le repos avec des questions inutiles ? Le mental aussi doit être au repos.

8 février 1934  

Ce matin, pendant la méditation générale, j'ai senti une pression. J'aspire à ce que cela ne devienne pas un obstacle pour mes études. Alors je pense qu'il vaut mieux ne pas méditer.

 

Je ne vois aucune raison pour que la méditation, si elle est bien faite, soit un obstacle pour l'étude, tout au contraire. Ce n'est que si ce que vous appelez "méditation" n'est pas du tout une méditation mais un état de passivité inerte et de demi-somnolence, qu'elle peut nuire à vos études, et comme cet état est, à tous les points de vue tout à fait indésirable, il va de soi qu'il vaut mieux ne pas s'y complaire.

12 février 1934  

Quelle est donc la méditation réelle ?

 

C'est une concentration active et voulue sur la Présence Divine et une contemplation, soutenue et éveillée, de cette Sublime Réalité.

 

Pourquoi et comment vient cette pression ?

 

Si vous voulez parler de la pression de la passivité inerte, elle vient de la résistance du vital inférieur et de l'obscurité de la nature matérielle.

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C'est par une volonté et une aspiration inlassables que cela peut être surmonté.

12 février 1934 

Voulez-vous, Mère, que je sache quelque chose de cette dépression : comment est-elle venue ?

 

La dépression était générale dans l'atmosphère et elle a attaqué tous ceux qui lui sont ouverts.

1er mars 1934 

Alors que faire pour ne pas être attaqué par la dépression ?

 

Ne prêter aucune attention à la dépression et faire comme s'il n'y en avait pas.

 

Mais d'abord, comment savoir que la dépression est dans l'atmosphère, avant qu'elle entre en nous?

 

Ceci n'est pas exact. Vous voyez et sentez les choses à distance, qui sont en dehors de vous. Vous pouvez de même sentir la dépression dans l'atmosphère avant qu'elle ne vous touche.

1er mars 1934

 

Je ne comprends pas pourquoi D. veut encore mon contact. Est-ce qu'elle ne cessera jamais cela ? N'importe, il faut seulement que je reste fermement sur mes gardes.

 

Oui, c'est tout ce qu'il y a à faire. Quand vous n'aurez plus de faiblesse pour les femmes, elles ne vous poursuivront plus.

 

Douce Mère ! Quel est le plus court chemin pour surmonter cette faiblesse ?

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Penser à autre chose.

12 mars 1934

 

Il faut que la jalousie soit détruite, Douce Mère ! Permets que je devienne conscient de la jalousie et que je la rejette aussitôt.

 

Si vous pouvez arriver à comprendre que ce que je fais toujours est pour le bien de tous et de chacun à la fois et non pas du tout pour le bien d'un petit nombre au détriment des autres, alors bien vite vous aurez conquis la jalousie et vous serez libéré de cette plaie douloureuse.

Soyez persuadé que ce que je fais pour vous est toujours exactement ce qu'il vous faut pour avancer sur le chemin et alors toute jalousie et toute envie se dissiperont.

20 mars 1934  

Mère, voulez-vous m'expliquer pourquoi j'ai senti une hésitation à parler à K. ?

 

C'était l'influence extérieure (celle de K.) qui agissait sur le mental et le vital.

20 mars 1934

 

Pourquoi l'influence de la volonté extérieure de chaque personne n'agit pas sur l'un ou sur l'autre comme dans le cas de K. et moi? Par exemple, je n'aime pas parler à ma sœur, bien qu'elle me parle ; alors cela montre que l'influence de ma volonté extérieure n'agit pas sur son vital ni sur son mental.

Pourquoi?

 

Cela prouve que sa volonté est aussi forte que la vôtre et c'est très bien. De quel droit voulez-vous que votre volonté agisse sur les autres ? Chacun doit être libre. C'est seulement le Gourou qui a le droit d'imposer sa volonté sur celle du disciple qui l'a choisi. 

21 mars 1934

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  Mère, si cette pensée : "Que ce que vous faites est toujours pour mon bien" est fermement établie dans le mental, alors est-ce que le mental ne peut pas influencer l'être vital?

 

Certainement ; mais en retour souvent l'être vital influence le mental et crée en lui des doutes.

21 mars 1934 

Ce matin, pendant le pranâm, il y avait une dépression psychique.

 

Le psychique n'est jamais déprimé.

 

Pendant la dépression j'ai prié : "Comme le vital est infidèle ! La Mère fait tant de choses pour moi, mais il se révolte tout de même. Ô Douce Mère ! permets que le vital ne se révolte plus et qu'il croie au Divin seul." Alors qui observe ce mouvement ?

 

C'est la partie du mental qui est convertie, qui se détache du reste, observe, juge et regrette ce que font le mental ordinaire et le vital non régénéré.

21 mars 1934

 

N'est-ce pas vrai qu'il y a trois sortes de dépressions : la dépression du mental, du vital et aussi du psychique.

 

Je vous dis que le psychique ne connaît pas la dépression parce que sa nature est divine et que dans le Divin il n'y a pas de dépression.

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Est-ce que le psychique ne se déprime pas quand le mental et le vital vont comme ils veulent et quand ils désobéissent au Divin ou se révoltent contre Lui?

 

Non, non, non. Est-ce compris ?

Le psychique peut voir avec regret la stupidité des autres parties de l'être, mais par sa nature même il lui est impossible d'être déprimé.

22 mars 1934

 

Hier, vous avez écrit : "Cela prouve que sa volonté est aussi forte que la vôtre et c'est très bien. " Je ne comprends pas ce que vous voulez dire par "c'est très bien".

 

C'est toujours très bien quand quelqu'un a une forte volonté.

22 mars 1934  

Par quel procédé la volonté de K. agit-elle sur moi, alors que la mienne n'agit pas sur ma sœur?

 

Cela prouve simplement que vous êtes plus ouvert à l'influence de K. que votre sœur ne l'est à la vôtre. C'est toujours regrettable quand on est ouvert à l'influence d'une autre personne. On ne devrait recevoir aucune influence exceptée celle du Divin.

22 mars 1934  

Y a-t-il une façon d'empêcher le vital d'influencer l'être mental ?

 

Que le mental reçoive la lumière d'en haut et se refuse à être influencé.

22 mars 1934  

Que faire puisque je suis influencé par K. ?

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Moins s'occuper d'elle en pensée et en fait.

 

Comment suis-je influencé par elle ?

 

Parce que vous sentez une attraction pour elle et sa volonté semble être plus forte que la vôtre.

 

"Puisque ma sœur a une forte volonté de me parler, alors je ne comprends pas que cela soit bon.

 

C'est plutôt un désir ou un instinct qu'une volonté. Je ne dis pas qu'il soit bon qu'elle veuille vous parler, je dis qu'il est bon, de façon générale, d'avoir une forte volonté. Quand on a une forte volonté, il ne reste plus qu'à bien l'orienter, quand on n'a pas de volonté, il faut d'abord s'en construire une, ce qui est toujours long et parfois difficile.

Avant de poser des questions à tort et à travers, vous feriez bien de réfléchir un peu et de tâcher de comprendre par vous-même.

23 mars 1934

 

Je suis resté après le pranâm, parce que vous m'aviez dit que vous n'aviez pas d'objection si quelques personnes restaient. Aujourd'hui, je ne suis pas resté parce que H. m'a dit que c'est défendu par la Mère.

 

J'avais fait mettre l'avis quand il y avait beaucoup de visiteurs du dehors qui restaient tous et aussi parce que, de plus en plus, les personnes prennent l'habitude de se rasseoir après le pranâm et de regarder les autres comme si c'était un spectacle. Mais si quelques personnes seulement restent, cela m'est égal.

24 mars 1934  

Depuis ce soir, je sens qu'un nuage obscur est parti, et je sens le bonheur. Est-ce vrai ?

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Il faut vouloir que ce soit vrai et durable.

24 mars 1934 

Que faire pour que la volonté devienne plus forte ?

 

L'éduquer, l'exercer, comme on exerce ses muscles, par l'usage.

26 mars 1934  

Veux-tu, Maman, que j'écrive chaque fois une prière ?

 

Il faut écrire seulement quand la prière vient spontanément.

31 mars 1934

 

Les mois passent vite et ma faiblesse augmente. Quel malaise! comme je suis désobéissant, insincère, jaloux, faible, couvert de passion, d'ignorance et de mensonge. Je ne suis pas capable de voir ma nature inférieure, ô Mère, que faire ?

 

Il vaut mieux ne pas trop la regarder et tourner son attention vers des choses plus intéressantes. On devient ce que l'on pense : il faut penser à la force, la droiture, la sincérité que vous voulez être.

Mars 1934

 

Comment espérer quelque chose puisqu'il n'y a aucun effort vigoureux pour purifier la nature inférieure ? Pourquoi est-ce que je pense aux autres ? Y gagnerai-je quoi que ce soit ? 0 Maman ! je ne suis digne de rien. Il n'y a pas encore une aspiration candide et sincère. Ô Mère ! donnez-moi des conseils ; je suis un enfant ignorant et obscur. Guidez-moi, montrez-moi le chemin véritable.

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Vous semblez être très conscient déjà de ce qu'il faut faire et ne pas faire, mais la difficulté commence pour vous avec la mise en pratique. Ce n'est pas plus de connaissance qu'il vous faut demander, mais l'énergie et le courage de mettre en pratique, sincèrement et scrupuleusement, le peu que vous savez déjà.

4 avril 1934  

Je ne sais ce qui en moi fait du mal à B. Comme ma nature est inférieure à celle de B., j'ai pensé que peut-être il en sera affecté.

 

Qui vous a dit que votre nature est inférieure à celle de B. ? Chacun a sa nature propre et suit son propre chemin et les comparaisons avec les autres sont toujours inutiles et le plus souvent dangereuses.

4 avril 1934

 

La faiblesse. Hier soir D. m'a demandé : "Comment dit-on en goudjerati : donnez-moi de l'eau. " Je lui ai répondu. Il m'est toujours impossible de mécontenter quelqu'un. Ma nature me paraît enfantine. Quelle faiblesse ! Par cette faiblesse je me mets dans d'innombrables difficultés.

 

Il ne faut pas attacher trop d'importance à ces petites choses. Ce qui est important est de toujours garder en vue l'idéal que l'on veut réaliser et toujours faire de son mieux pour le réaliser.

6 avril 1934 

Quelle est la signification de la fleur : "Conscience de Râddhâ"?

 

Consécration d'amour.

6 avril 1934

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Ma sœur aime me parler, mais je reste très grave avec elle. Je ne lui souris jamais quand elle me rencontre. Mais cela est ainsi pour presque tout le monde.

 

Vous pourriez lui sourire si vous souriez à d'autres. Ce serait en quelque sorte moins dangereux de sourire à votre sœur qu'à E. ou à L...

10 avril 1934  

Je suis très content, Maman, de savoir que le sourire même est dangereux. Je ne sourirai à aucune femme.

 

Cette résolution est peut-être un peu rigoureuse. Ma remarque n'avait pas cela pour objet, mais plutôt que vous ne maltraitiez pas trop votre sœur qui n'y comprend rien. La vérité est d'être assez totalement consacré au Divin pour ne plus attacher d'importance à ces relations avec les autres.

11 avril 1934

 

Tu m'as dit: "La vérité est d'être assez totalement consacré au Divin pour ne plus attacher d'importance à ces relations avec les autres." Comment appliquer cela en fait ?

 

Il faut s'occuper davantage de fortifier la consécration au Divin que de régler des détails dans les relations avec les gens.

12 avril 1934  

Divine Mère ! Demain, c'est le jour de l'attaque — elle vient à environ sept heures — une révolte du vital.

 

Je ne comprends pas ce que vous voulez dire. Pourquoi reconnaître et accepter une mauvaise habitude ?

21 avril 1934

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Je vous ai écrit cela, car ces deux derniers dimanches, l'attaque est venue, alors j'ai pensé que peut-être elle viendrait aussi ce dimanche.

 

Il vaut mieux repousser ces pensées car elles aident l'attaque à venir.

21 avril 1934

 

Je ne pense pas que B. et moi fassions un bon usage de notre amitié. Il y a souvent des conversations mutiles et dangereuses. Ne vaudrait-il pas mieux ne pas le fréquenter beaucoup ?

 

Je pense que ce serait bien préférable de prendre l'habitude de contrôler vos paroles et de vous refuser à parler de sujets malsains et dangereux, mais il est évident que si votre rencontre éveille en tous les deux justement ce que vous voulez surmonter, sûrement il vaut mieux vous en abstenir.

26 avril 1934

 

Généralement, c'est B. qui parle au sujet du yoga. Par exemple: "La musique de H.M. vient du vital, c'est pourquoi Mère lui a défendu de chanter. "

 

Si vos conversations se bornent à des remarques de ce genre, elles n'ont pas plus d'importance que toutes les innombrables remarques ignorantes que les habitants de l'Ashram ont l'habitude d'échanger entre eux quand ils croient pouvoir savoir ce que je fais et pourquoi je le fais.

27 avril 1934

 

Douce Maman ! j'ai senti un malaise ce soir. Mais il a été rejeté après la méditation. Est-ce que le malaise est venu au contact de E. ou y avait-il une autre raison ?

 

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C'est possible, mais généralement il n'y a pas souvent de raisons raisonnables à ces malaises, excepté que le vital a un petit mouvement de mécontentement ou de révolte.

1er mai 1934

J'ai trouvé des morceaux de papier avec l'écriture de Sri Aurobindo. Ils avaient été jetés dans. la poubelle de la maison Trésor.

 

J'espère que vous les avez ramassés et gardés.

4 mai 1934  

Depuis ce matin, j'éprouve un malaise, de la fatigue et aussi une dépression. Je passe beaucoup de temps dans l'inertie, je ne suis pas sincère et je suis agité.

 

La nature extérieure est toujours pleine d'imperfections jusqu'à ce qu'elle soit transformée par la Présence divine. Mais de se laisser déprimer à cause de cela est un tort.

4 mai 1934

 

Quand j'ai enlevé le drap du lit, un scorpion qui se trouvait là est tombé par terre. Je l'ai touché avec ma sandale, et je l'ai tué avant qu'il ne puisse s'enfuir. Il y a quelques jours, dans un rêve, j'avais vu presque la même chose.

 

C'est ce que l'on appelle un rêve prémonitoire. Vous avez vu à l'avance ce qui allait se passer.

7 mai 1934 

Souvent, les suggestions venant de quelqu'un me trompent. fréquemment, elles me paraissent bonnes, mais souvent elles sont fausses.

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Ceci est très exact.

 

Par exemple : je n'avais point pensé à vous demander la signification du rêve du scorpion ; c'était mon frère qui m'avait suggéré de vous le demander.

 

Oui, il vaut mieux ne faire que ce qui vient de vous-même profondément.

9 mai 1934

 

Hier soir, j'ai fait les exercices de grammaire, ce qui m'a mené jusqu'à onze heures quarante-cinq. Je n'avais pas sommeil. Est-ce bien ?

 

Non, je ne trouve pas cela bien du tout. Il faut se coucher à dix heures au plus tard. Le sommeil est une question d'habitude. Si vous prenez l'habitude de vous coucher toujours à la même heure, le sommeil viendra automatiquement.

9 mai 1934

 

Avant-hier matin, je suis allé chez H. cueillir des fleurs. En la voyant, j'ai senti un tremblement et aussitôt un malaise. Je pense que c'est le vital qui a attrapé le malaise ; mais je ne comprends pas pourquoi j'ai senti un malaise en la voyant.

 

Il y a des personnes qui portent autour d'elles ces idées de désespoir et de dépression qui les harcèlent. Ces idées sont contagieuses comme une maladie et on les attrape comme on attraperait toute autre maladie.

14 mai 1934  

Que faire pour ne pas être attaqué par ces idées folles et hostiles ?  

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Il faut apprendre à les rejeter quand elles viennent.

 

Ne pas venir en contact avec les personnes qui les portent?

 

C'est impossible — il y aurait trop de gens à éviter.

 

Mais la question est de savoir qui les porte ?

 

Ce n'est pas possible par aucun moyen extérieur, ce n'est que par l'acquisition du discernement intérieur qu'on peut savoir ces choses.

15 mai 1934

 

Puisque vous me dites : "Je serais étonnée si H. prenait vos conseils au sérieux", est-ce que cela veut dire qu'on ne devrait pas prendre au sérieux les conseils que quelqu'un donne à un autre ?

 

En règle générale, il vaut mieux ne pas donner de conseils à moins qu'on ne vous en demande. Mais si l'on reçoit un conseil de quelqu'un, il faut le considérer avec soin et tâcher d'en prendre avantage.

16 mai 1934

 

Douce Mère, pourquoi doute-t-on ? Trouve-t-on quelque chose de meilleur, quelqu'un de plus sage que toi? Pourquoi ne croit-on pas en toi ?

 

Parce que la nature extérieure est ignorante, obscure et sotte et que, naturellement, ses manières d'être et ses actions sont ignorantes, obscures et sottes.

16 mai 1934  

Ce matin, quand j'ai vu K., j'ai senti un tremblement, mais ce soir je ne l'ai point senti. Comment cela ?  

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Probablement vous étiez plus actif et moins ouvert aux contacts vitaux le soir que le matin.

 

Si on discerne tous les mouvements de la journée en prenant du recul, comme un observateur, alors je pense que bientôt on pourra s'élever au-dessus de la nature inférieure ; mais pour avoir un discernement véridique, il faut d'abord avoir une conscience •qui peut distinguer le faux du vrai. ]'observe mes mouvements, mais je ne suis pas encore capable de distinguer exactement l'obscurité de la lumière.

 

Oui, c'est vrai. Mais le discernement croît par l'exercice et le contrôle. C'est-à-dire, vous me demandez si ce que vous avez observé est correct et avec mes réponses vous pouvez rectifier vos observations.

17 mai 1934

 

Ce matin, K. m'a demandé : "Pourquoi G. n'est-il pas allé prendre son cacao et se promène-t-il?" Je lui ai dit ce que j'en pensais.

 

Parler sur les autres n'est non seulement pas utile, mais le plus souvent nuisible.

 

Pourquoi vouloir savoir les raisons des actions des autres ? je ne sais que faire dans de tels cas. Si quelqu'un me le demande, il faut que je lui réponde.

 

Vous pouvez toujours dire : "Mère n'aime pas que l'on bavarde sur les autres."

18 mai 1934  

Mais tout dépend de la personne à qui nous disons cela ; si elle se révolte ?

 

Tant pis pour elle !

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Que faire pour ne point s'ouvrir aux contacts vitaux ?

 

Avoir sa conscience placée plus haut que le vital.

18 mai 1934 

J'ai décidé de ne sourire à personne, excepté à quelques-uns, mais jamais à une femme. Est-ce tout à fait bien ?

 

Garder constamment l'attitude de concentration sur la Vie divine est plus important que de se faire des règles trop strictes. Il vaudrait mieux prendre la résolution de ne pas sourire dans l'attente d'un échange nerveux.

21 mai 1934  

N'est-ce pas vrai qu'on doit connaître toutes ses impuretés ?

 

Les connaître est, en effet, nécessaire ; mais il n'est pas bon d'avoir son attention trop constamment fixée sur elles ; cela n'aide pas à les faire disparaître, au contraire.

21 mai 1934

 

"Qu'est-ce que c'est ?" m'a demandé K. "Mère m'a. écrit quelque chose pour mon anniversaire", lui ai-je répondu, "fuis-je le voir?" dit-elle. Je l'aï laissée lire. Je ne pense pas que j'aie bien fait.

 

Évidemment quand je donne ainsi une prière, j'y concentre une certaine force ; en montrant la prière à d'autres vous détruisez en grande partie l'effet de cette force.

22 mai 1934  

Je pense qu'il y a aussi quelque force dans les lettres, alors il vaut mieux ne les montrer à personne.  

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Oui, et comme une règle je n'aime pas répondre à des questions concernant les autres personnes. Chacun, dans le yoga, doit s'occuper de son propre progrès et n'a rien à faire avec le progrès des autres.

23 mai 1934

 

Les idées que nous avons sur quelqu'un, ne vaut-il pas mieux vous les communiquer pour que vous puissiez les rectifier? Parce que si elles sont, fausses, c'est très dangereux.

 

Certainement, et le mieux est justement de s'abstenir de toute pensée sur les gens, comme cela on ne risque pas d'en avoir de fausses.

 

Évidemment, le mieux est de n'avoir aucune pensée sur quelqu'un : mais je pense que ce n'est pas possible avant la purification du mental.

 

Si, c'est tout à fait possible si le mental est occupé et intéressé à quelque chose de plus utile.

23 mai 1934  

Alors les idées que j'ai sur les autres, vaudrait-il mieux les rejeter, ne plus avoir aucune construction mentale sur quelqu'un ?

 

Oui, c'est préférable.

 

Est-ce qu'il est bon de fréquenter B. ?

 

Cela dépend de ce que vous appelez fréquenter ; s'il s'agit de quelques mots échangés ou d'un travail fait en commun de temps en temps, cela ne fait rien. Mais les longues conversations sont à éviter.

24 mai 1934  

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Quelle joie prend-on à se moquer des autres ?

 

En effet, je ne vois pas quel plaisir on trouve à faire de la peine aux autres. Ce n'est pas joli et fait preuve de tant de prétentieuse sottise.

25 mai 1934

 

Ai-je bien fait de vous écrire cela : "lîn homme comme R. qui croit être très discipliné, où se trouve sa discipline quand il parle ainsi !" Mes derniers mots ne sont-ils pas exagérés ?

 

Ils ne sont peut-être pas exagérés mais en tout cas ils ne sont pas très bienveillants et la bienveillance est une étape indispensable vers l'élargissement et l'illumination de la conscience.

25 mai 1934

 

Ô Douce Mère ! quand le vital voudra-t-il le Divin ? Que sa passion se change en amour psychique, sa colère en

 

Égalité d'âme

 

sa jalousie en

 

Confiance

 

sa vanité en

 

Modestie

 

son égoïsme en

 

Don de soi

26 mai 1934

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B. avait l'habitude de rentrer avec moi après le déjeuner, mais hier il est parti sans moi. Il m'a dit qu'il n'y avait aucune raison. "Est-ce vrai?

 

C'est bien possible qu'il soit parti sans raison. On fait tant de choses sans motif conscient.

26 mai 1934

 

Vous m'avez écrit qu'on fait tant de choses sans motif conscient. Mais est-ce tout à fait désirable ? Je crois qu'il vaut mieux ne pas agir sans y penser attentivement.

 

Certainement c'est préférable.

28 mai 1934

 

Un rêve : c'était la nuit, j'écrivais un poème. Soudain K. est arrivée et elle a éteint la lampe à pétrole qui se trouvait sur la table ; quelque temps après, elle a éteint aussi l'électricité. Y a-t-il une signification à ce rêve?

 

Si le rêve a un sens (ce qui n'est pas sûr) ce serait une force adverse d'un certain type qui aurait pris dans votre conscience la ressemblance de K. Des lumières qui s'éteignent symbolisent toujours la conscience descendant dans l'inconscience.

 

Ma Douce Mère, j'aimerais savoir la raison de l'extériorisation de ma conscience, et aussi de la diminution de l'aspiration.

 

Probablement une partie, pas encore convertie, de la nature est venue à la surface et est active en ce moment.

29 mai 1934

 

Alors qu'est-ce qu'il faut que je fasse quand une partie non convertie est à la surface ?  

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Mettez sur elle la lumière et la connaissance patiemment jusqu'à ce qu'elle se convertisse.

29 mai 1934

 

Vous m'écrivez, Maman, de mettre sur la partie non convertie la lumière et la connaissance jusqu'à ce qu'elle se convertisse. Je pense que c'est Vous qui pouvez faire cela.

 

C'est bien cela que je veux dire; vous n'avez qu'à appeler Sri Aurobindo ou moi et à demander que cette partie obscure soit éclairée et qu'elle se convertisse.

30 mai 1934 

S. me demande souvent quelque chose au sujet de la grammaire. Je ne sais pas bien le français, aussi vaut-il mieux ne pas le faire.

 

Le peu que vous savez, vous pouvez le dire aux autres, mais en prenant bien soin de les avertir que vous ne savez pas beaucoup et que vous n'êtes pas sûr de l'exactitude de vos réponses.

31 mai 1934  

Est-ce bien d'aller au temple ?. La pensée m'est venue que si on a foi dans le Divin sans forme, on n'aura pas foi en le Divin dans la forme, c'est-à-dire comme un être humain.

 

Vous voulez dire : si on a foi dans le dieu d'une religion, comment peut-on avoir foi dans le Divin incarné. C'est très exact.

1er juin 1934

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Voulez-vous que j'emporte les livres de géographie chez moi ? Je ne les ferai pas sortir de ma chambre.

 

Oui, vous pouvez prendre les livres de géographie, mais il faut en avoir grand soin, qu'ils ne soient ni déchirés, ni tachés, ni mangés par les insectes.

2 juin 1934

 

Je ne comprends pas comment et pourquoi G. a eu des difficultés à cause de l'affection. ]e ne les ai pas eues. Peut-être que je n'en suis pas conscient.

 

C'est parce que l'affection crée en lui un attachement et tout attachement est contraire au yoga.

4 juin 1934  

Est-ce que l'affection crée en moi un attachement ?

 

L'affection crée toujours un attachement, à moins qu'on ne soit un yogi.

 

Il paraît qu'il n'y a pas d'électricité dans le monde vital; les rêves sont toujours sombres.

 

Qui vous a raconté cette extraordinaire histoire ?

Certainement, il n'y a pas d'électricité telle que l'homme s'en sert dans le monde physique. Mais il y a autant de lumières qu'on peut en désirer, même les plus belles, les plus brillantes, au point que si on n'est pas prévenu on peut croire qu'on est dans une région très haute.

4 juin 1934

 

Vous dites qu'il y a autant de lumières dans le monde vital qu'on peut en désirer ; mais est-ce que ce sont des lumières réelles, ou créées par des êtres vitaux ?  

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Naturellement, les lumières dans le monde vital sont des lumières vitales.

 

Dans les rêves, je ne vois pas le jour comme ici, j'y vois tout pâle.

 

C'est parce que votre vision n'est pas pleinement développée dans ce monde-là ou que vous allez dans des endroits qui sont sombres. Mais cela ne veut pas dire que tout le monde vital est sombre !

5 juin 1934  

Que faire pour que la partie plus éclairée du mental soit constamment à la surface ?

 

Le vouloir et appeler cette partie éclairée pour qu'elle intervienne chaque fois que les parties encore obscures, ignorantes et égoïstes essayent de dominer l'être.

 

Quelle est la raison quand vous ne répondez pas à certaines questions : est-ce parce que la question n'est pas sincère ?

 

Généralement, c'est parce qu'elle est mal posée. Souvent parce qu'il ne serait pas bon d'y répondre.

6 juin 1934 

Ces deux derniers jours, j'étais triste au sujet de la jalousie.

 

La tristesse ne sert à rien. Il vaut mieux utiliser à transformer le faux mouvement, toute l'énergie qui est gaspillée à être triste.

 

Mais ce matin, après mon pranâm, j'étais très heureux. Est-il impossible que le mental ordinaire se tourne facilement vers le Divin,  

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même s'il y a une aspiration intense?

 

Il n'y a rien d'impossible à une prompte conversion, le difficile est de la rendre durable.

9 juin 1934

 

Souvent, quand il y a quelque chose à faire, il y a deux réponses. Une partie dit de ne pas le faire et l'autre ait qu'il n'y a pas de mal à cela. Qui juge ce qui est faux et ce qui est vrai ?

 

Si la conscience psychique était pleinement éveillée, c'est elle qui jugerait. Mais, en l'espèce, c'est une partie du mental qui discute avec une autre et, au mieux, c'est le Purusha mental qui intervient et juge.

11 juin 1934

 

Je ne comprends pas bien ce que vous voulez dire par : "Il n'y a rien d'impossible à une prompte conversion, le difficile est de la rendre durable. " Il Se convertit pour un moment, puis il retombe ?

 

Oui, le mental tout d'un coup voit clair et alors il se convertit, puis il est de nouveau attaqué par l'obscurité et il retombe dans ses vieilles habitudes.

 

Que faire pour rendre la conversion du mental ordinaire durable ?

 

Persister à le mettre en contact avec la lumière jusqu'à ce que la conversion soit durable.

11 juin 1934 

Il paraît que les femmes possèdent une force d'attraction qu'elles jettent sur les hommes — un mouvement naturel 

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— et les hommes, comme des poissons, sont saisis dans ce piège et sont souvent incapables d'en sortir. Est-ce vrai ? Quel est le chemin pour que cette force ne nous touche point, ou que faire pour s'en sortir ?

 

Je pense que c'est une action réciproque. Et les femmes se plaignent que les hommes font la même chose avec elles. Le remède est de tourner sa conscience vers le Divin seul,

11 juin 1934 

Z. m'a ait qu'il est très bon de prendre du thé ou du café quand on a mal à la gorge, et il en prend deux ou trois fois par jour.

 

Chacun a ses remèdes et ses habitudes qui peuvent être bons pour lui mais qu'on aurait grand tort de généraliser et de vouloir appliquer aux autres.

26 juin 1934

 

J'ai passé presque les trots-quarts de la nuit sans dormir. Je croîs que ce sont des visions qui m'empêchent de dormir.

 

C'est, en tout cas, le vital qui est agité et manque de repos.

28 juin 1934  

Aujourd'hui, j'ai fait la sieste de midi et demi à trois heures et demi : c'est trop, je pense.

 

Non, c'est bien puisque vous dormez très mal.

28 juin 1934  

Alors, pour mieux dormir, comment rendre le vital tranquille ? Par l'aspiration ?  

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Et une concentration, une volonté de rejeter l'agitation.

 

À propos du jugement sur les fantômes, j'aimerais bien savoir quelle est cette partie qui doute du raisonnement des autres parties.

 

Ce sont différents fragments du mental qui s'opposent et se contredisent et ne sont pas tous au même degré de développement.

28 juin 1934 

Si l'on devient conscient des fantômes antidivins, c'est très intéressant.

 

À condition que ce soit pour les repousser ou les vaincre.

29 juin 1934  

Il y a des fantômes qui essaient de nous égarer, mais n'y a-t-il pas aussi des fantômes qui nous aident dans la sâdhanâ ?

 

Je pensais que vous vous serviez du mot "fantômes" pour désigner les entités du vital. Ce ne sont certes pas ces êtres-là qui peuvent vous aider dans la sâdhanâ.

 

Si vous voulez, j'aimerais bien savoir comment vaincre les fantômes antidivins.

 

En le voulant et en refusant toujours de croire ce qu'ils suggèrent.

29 juin 1934

 

Oui, Mère, les entités du vital nous égarent hors du sentier : mais n'y a-t-il pas des êtres qui peuvent nous aider, nous reconduire sur le bon chemin ?

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Oui, cela existe, mais comme ces êtres n'appartiennent pas au monde vital qui est le plus proche du physique, il est plus difficile pour eux d'entrer en contact avec les hommes. Leur action se fait sentir parfois dans le mental, elle est très claire dans le psychique.

 

Dans un rêve, je cueillais des fleurs du jardin de ma maison : soudain, la porte d'entrée s'ouvrit et trois dames entrèrent. Une dame me demanda des fleurs ; je lui répondis : "Toutes les jolies fleurs seront envoyées à la Mère, vous couvez prendre celles qui ne sont pas jolies." Mais ces dames m'ont dérangé.

 

Cela symbolise probablement certaines forces de la nature inférieure essayant de se saisir de ce qui est déjà donné au Divin.

30 juin 1934

 

Hier, mon état était très singulier : pendant cinq minutes, je sentais un malaise et cinq minutes après de la joie et ainsi de suite pendant trois heures. Ensuite, j'ai compris tout ce jeu, et je l'ai rejeté par la volonté et la prière. Mais je ne comprends pas bien ce mouvement.

 

C'était deux parties de l'être vital qui étaient en lutte l'une contre l'autre et qui avaient successivement le dessus.

 

Mon frère m'a dit qu'il y a aussi dans les mondes mental et vital des êtres qui sont contre les entités antidivines et qui nous aident.

 

De la même façon qu'il y a sur la terre des hommes qui aiment à aider les autres.

2 juillet 1934  

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Aujourd'hui, je suis heureux, je voudrais savoir si ce bonheur est spirituel ou non ?

 

Au lieu de se poser des questions, il vaudrait mieux rester bien tranquille, concentré et calme afin que le bonheur puisse durer.

3 juillet 1934 

Ô Douce Maman, apprends-moi à rester inébranlable quand quelqu'un me parle, car après mon esprit vagabonde.

 

Ne pas vous identifier à la conversation. Regarder tout cela de haut et de loin comme si c'était un autre qui écoutait et qui parlait, et ne dire que ce qui est absolument indispensable.

4 juillet 1934

 

Aujourd'hui, j'ai eu l'expérience de la force travaillant en moi. Je me demande comment j'ai fait un travail si difficile : continuellement, sans repos, pendant une heure, j'ai bêché la terre. Mais je ne comprends pas pourquoi un tremblement est resté même après le travail.

 

La force était probablement un peu trop grande pour le corps qui avait de la difficulté à la supporter, d'où le tremblement.

 

Vous m'écrivez de "ne dire que ce qui est absolument indispensable", mais que faire quand on me pose une question inutilement ?

 

Il n'y a qu'à répondre évasivement par une ou deux paroles sans y attacher aucune importance.

4 juillet 1934

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Que faire pour que le corps puisse supporter Ta force, Douce Maman ?

 

C'est dans le calme et la tranquillité que se trouve le pouvoir de Supporter.

5 juillet 1934

 

Mon frère m'a ait qu'il est très bon de lire les messages de Sri Aurobindo au sujet des doutes. "Ce n'est pas bien nécessaire de lire au sujet des doutes, lui ai-je répondu. À ce niveau, je ne pense pas que ce soit possible de n'avoir point de doutes", dit-il.

 

C'est tout à fait possible de ne plus avoir de doutes, c'est même une condition tout à fait indispensable ; mais avant de pouvoir dire avec certitude que l'on n'a plus de doutes, il faut attendre au moins quelques mois, pour en être sûr.

En tout cas ce genre de discussion est bien inutile, cela n'aide pas à surmonter les doutes.

9 juillet 1934

 

Écarte de moi toute faiblesse. Ce n'est pas si facile , qu'on le croit, Divine Mère, de devenir Ton enfant intégralement et parfaitement. Pour y arriver il faut...

 

Être très sincère et très droit, ne rien tolérer au-dedans de vous que vous ne puissiez me montrer sans crainte, ne rien faire dont vous puissiez avoir honte devant moi.

11 juillet 1934 

Il paraît qu'il y a dans chaque état de la conscience un ego ; par exemple : ego mental, ego vital, ego physique.

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Il y a aussi un ego spirituel et même les dieux qui résident dans l'Overmind¹ ont leur ego.

 

Et chacun doit être délivré de son ego pour arriver à la béatitude divine.

 

Ce n'est pas suffisant de se soumettre ; il faut que l'ego se dissolve, se fonde dans le Divin, disparaisse en Lui.

12 juillet 1934

 

Je pense que les Dieux du Supramental n'ont pas d'ego. Alors, je crois qu'il faut que nous devenions comme eux, sur la terre même, sans ego : et enfin agir comme le Divin nous l'indique.

 

Je crois qu'il est inutile de spéculer pour le moment sur ce qui peut se passer dans le Supramental.

12 juillet 1934

 

À cinq heures, je me suis préparé pour aller voir la fête nationale de la terrasse d'Aroumé : mais pensant que Vous préféreriez que je n'y aille pas, je suis rentré.

 

Je n'ai aucune préférence pas plus en ceci qu'en aucune autre chose. Pour chacun, la décision dépend de son besoin propre.

14 juillet 1934

 

Je ne comprends pas bien ce que vous voulez dire par : "Je n'ai aucune préférence... " Est-ce que cela veut dire qu'il faut que nous décidions nous-mêmes si cela doit se faire ou non, sans vous demander ?

 

¹Le Surmental.

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Non, j'avais laissé la phrase inachevée. Je voulais dire que je ne décide pas selon des préférences, mais selon le besoin de chacun.

16 juillet 1934

 

Maman, ce n'est pas une explication que ma sœur m'a demandée la dernière fois,, mais quelque chose à propos des lettres de Sri Aurobindo. En lisant ce qu'elle [la Mère] avait écrit au sujet du monde matériel, de son départ de la maison, j'ai été troublé : d'où l'obstacle pour l'aspiration. Je ferai, ma douce Maman, comme Tu voudras.

 

Si cela vous trouble vous n'avez pas besoin d'écouter ce qu'elle dit ou de lui expliquer les lettres de Sri Aurobindo.

 

Ce soir je lui ai donné une explication sans me troubler.

 

Mais il est évident que si vous pouvez surmonter la faiblesse qui fait que vous êtes troublé cela vaut beaucoup mieux, car c'est la vraie guérison.

23 juillet 1934  

Ma douce petite Maman,

Hier soir pendant la méditation, je sentais tant d'amour, je sentais des ondes, des vibrations d'amour. Mais cet amour se jette au-dehors sur les autres. Avant, quand je sentais beaucoup d'amour, il restait silencieux, je devenais plus sérieux et je ne l'exprimais point. Mais cette fois-ci c'est tout le contraire, je le laisse s'exprimer car je ne trouve pas cela indésirable. Mais si Tu crois que c'est nécessaire, je le tournerai vers l'intérieur.

 

L'amour que l'on contient en silence agit au-dedans de soi pour la purification et la transformation. Celui que l'on répand au-dehors —si on le fait d'une façon pure et désintéressée, peut aider les autres parfois.  

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Mais le plus souvent ils le reçoivent mal... Ainsi tu dois faire comme ton instinct te guide.

24 juillet 1934

 

Aujourd'hui j'ai parlé à vingt-quatre personnes : c'est trop, je pense. Depuis ce matin, j'éprouve une absence de bonheur ; il n'y a pas de malaise,, mais l'amour que j'avais ne se trouve plus là.

 

C'est tout à fait naturel, tu l'as gaspillé à tort et à travers, au lieu de concentrer sur le Divin ce qui venait du Divin, tu l'as éparpillé sur d'autres et tu l'as perdu.

24 juillet 1934

 

Après avoir lu votre réponse, Douce Maman, je suis devenu sérieux. J'ai pensé qu'il faut que je garde le silence, au moins aujourd'hui.

Un moment plus tard, une autre partie de l'être a dit: "Ce n'est pas un réel silence mais plutôt un mécontentement du vital, parce que tu vois bien qu'il n'y a pas beaucoup de bonheur ni d'enthousiasme. " ]'ai pensé que la deuxième partie avait raison.

 

Il y a du vrai et du faux dans l'une et dans l'autre. Il est sage de recevoir dans le silence et la concentration la Force qui descend, mais il ne faut pas que ce silence et cette concentration proviennent du dépit du vital à qui il n'est pas permis de faire à sa fantaisie.

Il faut que cette concentration et ce silence soient pleins non seulement d'une grande paix mais aussi d'un bonheur très intense. Alors on peut savoir que le mouvement est vrai et sans mélange.

24 juillet 1934

 

Je veux devenir, ô Maman, ton enfant parfaitement obéissant : avant que Tu exprimes Ta volonté, que je la sache. Pour y arriver il faut que je...  

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N'aie plus de préférence pour aucune chose excepté d'accomplir la volonté divine.

28 juillet 1934

 

Veux-Tu me dire, Maman, que faire pour être débarrassé de l'égoïsme ?

 

On y arrive en le voulant avec persévérance.

31 juillet 1934

 

Ma Douce Maman, dans un rêve, je T'ai vue sous des formes différentes. Tu étais toute jeune, de mon âge, environ dix-sept ou dix-huit ans, mais je me comportais à Ton égard comme Ton enfant. Mais je doute beaucoup que cette jeune fille que j'appelais maman, soit autre chose qu'un être prenant Ta forme.

 

Il n'y a rien d'impossible à ce que j'apparaisse sous diverses formes et même celle d'une jeune fille.

1er août 1934  

Je ne comprends pas, Maman, pourquoi je vois si souvent des scorpions et des serpents en rêve.

 

Ce sont les symboles de mauvaises pensées et d'énergies perverties ou obscures.

1er août 1934  

Je ne sais pas, Maman, ce que je dois faire pour mes études quand il y a une pression, car le mental cesse de travailler.

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Il n'y a qu'à attendre que le mental recommence à travailler.

2 août 1934

 

Ce soir, j'ai parlé inutilement, aussi quand Vous êtes arrivée, je n'ai rien senti.

 

Quand je t'ai vu, lorsque je suis sortie, ton atmosphère était bien agitée et ta conscience bien superficielle. J'ai vu clairement que le contact avec toutes ces femmes ne te vaut rien.

18 août 1934

 

Certes, je ne doute pas qu'un jour j'aurai l'amour : mais comment passer même une journée sans amour ? Il vaut mieux mourir que de rester sans amour pour Toi : voilà la suggestion qui m'est venue.

 

C'est absurde.

Ce n'est pas en mourant, mais en vivant, qu'on peut réaliser l'amour.

20 août 1934

 

Partout en moi je ne vois que l'obscurité, l'ignorance. Quand cesserai-je de passer le temps inutilement ? Où se trouvent mon obéissance et ma sincérité? Ou est la paix, le bonheur? Pourquoi mon ardeur s'est-elle épuisée ? Où suis-je, Maman ?

 

Cela ne sert à rien de se bouleverser ou de se tourmenter ; c'est dans le calme et la paix que la bonne expérience peut revenir.

22 août 1934  

Voulez-Vous me dire quelque chose sur les relations avec autrui, car elles ne me sont pas définitivement claires.

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Il est impossible de donner de règle extérieure, chaque cas devant recevoir sa solution particulière. C'est l'attitude intérieure qui doit être vraie et parfaitement sincère.

23 août 1934

 

Tu m'écris : "C'est l'attitude intérieure qui doit être vraie et parfaitement sincère", pour la relation avec les autres. Alors comme je n'ai pas encore cette attitude, je pense qu'il vaut mieux ne fréquenter personne et attendre qu'elle vienne.

 

Il faut faire effort pour atteindre cette attitude — attendre ne suffit pas.

25 août 1934 

Est-ce que mon attitude envers M. n'est pas indésirable ? Quelquefois, je la taquine en lui donnant des fleurs.

 

Je ne vois aucun avantage à ces familiarités... certainement elles n'aident pas à l'élévation de la conscience.

27 août 1934  

Quelqu'un a dit que la revue mensuelle "The Theosophical Path" aidait beaucoup Sri Aurobindo.

 

Qu'est-ce que cette idiotie ! !

Est-ce que Sri Aurobindo peut être aidé par quelqu'un ou quelque chose ? C'est Lui qui aide, il n'est pas aidé !

 

Quand je suis sorti de la maison de H., l'amour et le bonheur en moi avaient disparu. De plus ce n'est pas la première fois que je suis dérangé par son contact : ainsi la pensée m'est venue de cesser de la voir.  

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Après avoir eu si souvent la même expérience de tout perdre là, je ne comprends pas que tu continues à y aller !

 

D'ordinaire ce qui arrive quand Tu ne réponds point, c'est qu'il y a une lutte entre deux parties du mental.

 

Je ne réponds pas parce ce n'est ni bien ni mal, ni vrai ni faux, et que pour expliquer la vérité ce serait trop long.

 

Donne-moi Ton amour, Maman.

 

Je te le donne constamment, mais il ne faut pas toujours le perdre en renouvelant les mêmes erreurs constamment.

30 août 1934 

Veux-Tu me aire, Maman, quel est le moyen pour que rien ni personne ne me dérange ?

 

C'est que tout l'être soit gouverné par l'être psychique et par lui seul.

31 août 1934

 

Je ne sais que faire, car depuis hier soir, l'être est attaqué : et je me trouve à présent agité, déprimé, dans l'obscurité et l'ignorance, surtout la conscience est absente.

 

Moins on attache d'importance à ces moments noirs, plus vite ils sont passés.

5 septembre 194

 

Où se trouve ma conscience à présent ! Quelle est donc la nature de cette dépression et pourquoi dure-t-elle si longtemps ? Auparavant, Maman, Ta force venait et l'écartait. Où se trouve cette Force à présent ? Hélas, je l'ai perdue.

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Sois calme et tranquille, ce n'est qu'une crise qui passera avec la croissance de la conscience.

10 septembre 1934

 

Douce Maman, je sens que je fais quelque chose contre Ton gré, cette chose que j'ignore est hostile et m'apporte un malaise.

 

Je ne suis pas consciente d'une chose spéciale faite contre mon gré. Mais il ne faut pas se laisser troubler. Il faut se vouloir de plus en plus honnête et sincère, et pour le reste s'en remettre à la Grâce divine.

11 septembre 1934

 

Le mental veut savoir comment cette crise est venue, pourquoi elle est restée pendant si longtemps ? Que doit-on faire quand cela arrive ?

 

Cela a été une attaque assez générale. Quand cela arrive, le mieux est de se tenir tranquille sans s'agiter, ni au-dehors, ni au-dedans.

14 septembre 1934

 

Même quand je me trouve en bon état de conscience, le mental n'est pas toujours au repos. Il y a des pensées à tort et à travers.

 

C'est derrière le mental, derrière le vital, dans le centre psychique que se trouve cette tranquillité qui ne vacille pas.

15 septembre 1934  

La pression est là constamment. Accorde-moi la tranquillité, ma Douce Maman.  

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Je ne cesse de mettre sur toi la paix, la tranquillité, le calme — pourquoi ne les reçois-tu pas ?

17 septembre 1934  

Que faire pour recevoir la paix, la tranquillité, le calme... ?

 

Les vouloir sincèrement et intégralement ; non pas seulement avec une partie de l'être.

 

Hier soir, j'ai parlé à G. jusqu'à onze heures quarante, et malgré cela pas de sommeil!

 

Ce n'est certes pas en veillant tard qu'on se prépare à bien dormir.

17 septembre 1934  

Probablement, j'ai senti quelque chose pendant mon pranâm, car après j'ai pleuré. 0 ma Douce Maman, pourquoi ?

 

Parce que pendant le pranâm j'ai rétabli le contact entre ta conscience ordinaire et la conscience psychique.

L'extrême douceur de la conscience psychique fait toujours pleurer d'émotion la conscience extérieure.

21 septembre 1934 

Depuis longtemps, j'aspire de tout mon cœur, Maman, à ce que Tu m'accordes Ton amour et la paix.

 

Mon amour et ma paix sont toujours avec toi — c'est à toi d'apprendre à les recevoir.

22 septembre 1934  

Ce matin N. m'a abordé et je lui ai parlé librement. Puis pendant que je. lui parlais, je me suis senti entouré de feu;

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je suis resté fiévreux presque toute la journée. Je pense que c'est par son contact que viennent toutes ces choses ! Alors, je dois l'éviter, je crois.

 

Plutôt que d'éviter ainsi l'une ou l'autre, sans grand profit, il vaudrait tellement mieux changer sa conscience, la fermer à toutes ces influences et la garder ouverte seulement au Divin !

23 septembre 1934

 

Depuis quelques jours, il me semble que L. a une attraction pour moi. Comme Tu m'avais écrit : "Plutôt que d'éviter ainsi l'une ou l'autre", j'ai pensé que je pouvais lui parler à elle et ainsi, Maman, l'amour en venir progressivement à la vraie attitude.

 

Si c'est de l'amour divin dont tu veux parler, on ne peut l'avoir qu'en renonçant à l'amour humain qui est son travestissement et sa caricature.

26 septembre 1934 

Ô Maman, je ne veux agir que selon Ta volonté et rien de plus.

 

Alors, sors bien vite du chemin que tu as pris — ne perds pas ton temps à flâner et à parler aux filles. Recommence sérieusement à travailler, étudie, instruis-toi, occupe ton cerveau à des choses intéressantes et utiles et non pas en de vains bavardages et ne donne pas de fausses excuses à tes attractions vitales. Si ta volonté est vraiment sincère tu es sûr d'avoir ma force pour t'aider à conquérir.

27 septembre 1934 

L'être dévoyé, quand reviendra-t-il au chemin qui mène vers Toi, sans détour ?

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Rien n'est plus facile — tu n'as qu'à décider résolument que tu ne veux rien d'autre que la vie divine et à te détourner de tout ce qui n'est pas elle. Tu es sûr de me trouver aussitôt.

29 septembre 1934

 

Comme ma nature est faible, il devient difficile de renoncer aux choses ordinaires. Mais il est bien sûr que je ne veux que Toi, si Tu n'es pas là, la mort et rien de plus.

 

Il n'est pas question de mourir. Quitter son corps n'est pas une solution ; on reste avec ses désirs et c'est pire. Il est beaucoup plus raisonnable et vrai de laisser mourir ses désirs en comprenant à quel point ils sont inutiles et sots.

Puisque tu veux tant que cela la Vie Divine, tu n'as pas à craindre d'échouer, car une aspiration sincère et continue est toujours exaucée.

Prends fermement la résolution de surmonter tes faiblesses et tu verras que ce n'est pas si difficile que cela en a l'air. Ma force est avec toi pour vaincre les obstacles et aussi mes bénédictions.

29 septembre 1934

 

Aujourd'hui, je n'ai pas étudié. J'ai toujours mal à la tête. Souvent je perds courage et souhaite que Soudarshan Chakra¹ vienne et me fasse dormir pour toujours.

 

Être si peu courageux à ton âge — c'est honteux ! Repose-toi si tu es fatigué, mais ne perds jamais la volonté de la victoire.

13 octobre 1934 

Cela m'intéresse beaucoup d'écrire et de lire des histoires. Pendant ce temps, j'oublie le mal.

 

¹L'arme mortelle de Krishna.

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Ce qui prouve que ce mal est au moins aux trois-quarts imaginaire.

 

Alors, la seule question pour continuer à écrire et lire ainsi, si Tu l'approuves, est celle du temps. Il faut beaucoup de temps pour écrire des histoires.

 

Je ne vois aucun inconvénient à ce que tu lises et racontes des histoires. Mais il ne faut pas que ce soit au détriment de tes études. D'ailleurs comme devoir de style tu peux très bien écrire les histoires qui te plaisent.

15 octobre 1934 

Ô Maman, fais-moi comprendre ce mal imaginaire. Je n'y comprends rien.

 

Tu te penses malade et cela augmente la maladie. Quand tu oublies ta maladie, elle s'en va presque tout à fait.

15 octobre 1934

 

Ce matin G.B. m'a offert du bétel. Je lui ai dit que cela était défendu par la Mère. "Non, on peut en prendre quelquefois", m'a-t-elle dit: "Tu laveras ensuite ta bouche avant d'aller au pranâm. "

 

Quelle hypocrisie ! C'est honteux !

 

Ô Maman, comment espérer Ton amour avec des désobéissances si visibles ! Pourquoi pousse-t-on les autres à agir contre Ta volonté ?

 

Oui, c'est très vilain. C'est à cause de semblables actions constamment répétées, que ces personnes ne font jamais de progrès.

16 octobre 1934

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Je pense que toutes les maladies du corps physique ' sont le plus souvent imaginaires. Ainsi, si l'on restait constamment hors du corps, comme pendant le sommeil, probablement on ne se sentirait jamais malade. Il s'agit seulement de rester hors du corps.

 

Ce n'est pas de rester hors du corps qui guérit les maladies, c'est de penser de la vraie manière et de refuser tout ce qui pourrait, dans la pensée, donner un support à la maladie.

18 octobre 1934  

Mon mental est occupé de temps en temps par l'histoire que j'ai commencée à écrire. Mais est-ce bien qu'il soit occupé ainsi ?

 

Il vaut mieux qu'il soit occupé à cela si ton histoire est intéressante, plutôt qu'à des flirts ou à des sornettes.

20 octobre 1934 

Ô Maman, pourquoi est-ce que je ne sens pas Ton amour ?

 

Parce que tu le cherches au mauvais endroit ou sous une fausse forme.

 

Il me semble que je suis seul et que je vagabonde ça et là.

 

Le vital doit avoir décide que mon amour se manifesterait de telle ou telle manière et comme cela ne se produit pas ainsi, le vital dit : "Il n'y a pas d'amour !... "

20 octobre 1934  

Je pense. Maman, qu'il y a trois états de la conscience pour sentir Ton amour. Dans le premier, l'homme n'est

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qu'un homme ordinaire et il ne sent rien s'il Te voit ou ne Te voit pas. Dans le deuxième, l'homme sent quelque chose s'il ne Te voit pas pendant longtemps. Dans le troisième, il n'a pas besoin de Ton corps physique. Dans l'extrême feu de l'amour, Ton corps et son corps physique sont dissous en une communion de l'âme. Je pense. Maman, que l'homme n'a pas besoin de Ton corps physique puisque Tu es déjà dans son cœur.

 

Ceci n'est point tout à fait exact. S'il n'y avait pas quelque chose de plus dans le contact physique que dans le contact interne, il n'y aurait aucune raison pour que je prenne un corps sut terre.

23 octobre 1934

 

Tu m'as écrit : "faire des efforts consiste à refuser de faire quoi que ce soit qui t'éloigne du Divin." J'ai réfléchi à cela, mais je ne le comprends pas.

 

Chaque fois que je réponds à une de tes questions, tu me dis que tu ne comprends pas ma réponse. Que faire ? Il faut que tu apprennes un peu à réfléchir et à entrer dans une pensée un peu plus profonde.

R.¹ vient de m'écrire la quantité considérable de romans que tu lis. Je ne crois pas que ce genre de lecture soit bien bon pour toi et si c'est pour étudier le style, comme tu me l'as dit, l'étude attentive d'un bon livre, écrit par un bon auteur, faite avec soin, apprend bien davantage que cette lecture hâtive et superficielle.

25 octobre 1934  

Ô Maman, que dois-je faire ? Je tâche de comprendre, mais je ne réussis pas : la même chose arrive pour mes études.

 

¹Le bibliothécaire de l'Ashram.

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C'est parce que le mental n'a pas été suffisamment entraîné à la discipline de l'étude.

 

J'avais deux raisons de lire des romans : apprendre les mots et le style.

 

Pour apprendre il faut lire avec grand soin et choisir soigneusement ce que l'on lit.

25 octobre 1934  

Maman, quelle est cette discipline que je dois avoir pour mieux comprendre ?

 

La discipline de l'étude intellectuelle comme elle est pratiquée dans les collèges en France. Tu peux en parler à G., il t'expliquera cela.

 

Il y a un bon auteur en goudjerati. Je peux étudier ses livres. G. m'a dit que son style est comme celui d'Anatole France.

 

Vraiment ! s'il écrit comme Anatole France, il doit être un bien merveilleux auteur !

26 octobre 1934

 

Puisque ma maladie était imaginaire, c'est hors de la limite de mon mental de pouvoir comprendre pourquoi Tu m'avais donné la permission de prendre du "Soudarshan".¹

 

Parce que ton corps ne savait pas que la maladie était imaginaire et qu'il avait besoin d'un remède pour croire à la possibilité de guérir.

26 octobre 1934 

¹Médicament ayourvédique pour le foie.

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Est-ce bien "d'être obligeant" ou d'aider les autres ?

 

Certainement, c'est mieux d'être obligeant que d'être férocement égoïste. Mais même dans l'obligeance il faut garder une mesure.

 

À présent, il n'y a pas un seul élément psychique dans mon activité. Ô Mère, permets que' rien en moi ne donne son consentement à l'activité inférieure.

 

Oui, il ne faut jamais céder à la nature inférieure non seulement quand elle se manifeste en toi, mais aussi quand elle se manifeste dans les autres ; n'écoute jamais les mauvais conseils et ne suis jamais les mauvais exemples, n'accepte aucune autre influence que celle du Divin et ton malaise disparaîtra.

30 octobre 1934 

C'est seulement G. qui me donne des conseils et des exemples et je suis sous son influence.

 

De qui que ce soit que vienne l'influence, cela importe peu, il ne faut pas l'accepter.

 

Ce matin, G. m'a demandé de lui dire chaque fois que je me sens déprimé.

 

Je ne vois pas d'utilité à ce que tu parles de tes dépressions à d'autres, cela ne peut aider ni toi ni les autres.

30 octobre 1934 

Ô Maman que dois-je faire ? Je suis tout à fait inconscient; Maman, où Te trouves-Tu ?

 

Dans ton être psychique — j'y suis toujours présente. C'est là que tu peux et dois me trouver et quand tu m'auras trouvée là,  

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dans les profondeurs de ton cœur, tu me reconnaîtras aussi dans ma forme physique.

31 octobre 1934 

Mais comment aller dans le centre psychique puisque entre le psychique et l'être intégral se trouve un voile noir ?

(La Mère remplace le mot "intégral" par le mot "extérieur" et commente :)

 

Intégral veut dire complet, entier, sans rien omettre, total — l'être extérieur est fort loin d'être intégral. Quand on parle de "l'être intégral" cela veut dire l'être dans sa totalité depuis le corps physique jusqu'au Soi véritable, la Conscience Divine.

31 octobre 1934 

Tu m'écris le "Soi véritable, la Conscience Divine" : c'est-à-dire l'âme véritable, le psychique ?

 

Non, ce n'est pas la même chose. Dans plusieurs de ses messages Sri Aurobindo a expliqué la différence entre l'être psychique qui est l'élément divin dans l'homme et les états d'être qui appartiennent aux sphères extrahumaines. Étudie un peu les messages et les livres de Sri Aurobindo (au lieu de lire des romans) et tu ne me poseras plus de questions inutiles.

1er novembre 1934

 

Certes, il est naturel que je sois très loin de Toi. D'abord il faut que j'aie une attitude vraie envers Toi et une ouverture parfaite, ce qui me manque. Ô Mère, où es-Tu et où suis-je ?

 

Tu n'es pas si loin de moi que tu le penses. Tu n'as qu'à calmer un peu cette agitation de ton mental et de ton vital, à rester un peu tranquille et concentré,  

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et de suite tu trouveras ma présence en toi et autour de toi.

1er novembre 1934  

Que penses-tu de l'idée de cesser de lire la littérature goudjerati?

 

Tout dépend de l'effet que cette littérature a sur ton imagination. Si elle remplit ta tête d'idées indésirables et ton vital de désirs, sûrement il vaut mieux cesser de lire ce genre de livres.

2 novembre 1934  

Même quand on s'identifie à Toi, est-ce vrai qu'on puisse faire des choses qui ne Te soient pas consacrées ?

 

Non, après l'identification c'est impossible.

2 novembre 1934 

Ô Mère, je veux m'identifier à Toi de telle façon que je Te verrai en chaque action.

 

Il serait plus exact de dire que tu ne pourras plus agir que selon ma volonté.

3 novembre 1934  

Maman, depuis hier soir je Te cherche, mais ne Te trouve pas, et il me semble que je suis seul, sans soutien.

 

Tout cela ce sont de fausses imaginations. Si tu te disais, au contraire, que je suis toujours avec toi (ce qui est vrai) cela t'aiderait à devenir conscient de ma présence.

9 novembre 1934  

Ô Maman, je suis triste en ce moment parce que je ne crois pas à ce que Tu me dis. Mais que dois-je faire, 

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 la chose n'est point claire en moi. Cela montre que je n'ai pas foi en Toi. Certes, j'ai à apprendre encore beaucoup de choses.

 

C'est tout, absolument tout, que tu as encore à apprendre. Tu as surtout à éduquer un mental encore fruste, ignorant et obscur et qui a toute l'impudence de l'ignorance.

 

Ô Toi, que nous devons connaître, comprendre, réaliser...

 

La première chose que tu as à faire c'est d'apprendre à être un peu humble et de te rendre compte que tu ne sais rien — tu lis des mots, des prières et tu répètes les mots, tu copies les prières, mais tu ne les comprends pas ; tu mélanges toutes les idées et toutes les notions dans un cerveau qui est encore à l'état de l'enfance, et tu as l'illusion de comprendre !

15 novembre 1934

 

Le jour où je n'étudie pas, je sens davantage de malaise. Mais après avoir commencé à étudier, le bonheur vient. Je ne comprends pas ce procédé.

 

Que veux-tu dire par procédé ? Ce n'est pas un procédé ; la disparition du malaise est le très naturel résultat de la concentration du mental sur l'étude, ce qui d'un côté lui donne une activité saine et de l'autre détourne son attention de cette contemplation morbide du petit ego physique.

3 décembre 1934

 

Ô Maman, où sont la joie et l'amour qui remplissaient tout mon être hier soir pendant la méditation ? Je n'ai jamais su recevoir et garder ce que Tu me donnes.

 

Tu sais comment recevoir puisque tu sens la présence de l'amour et de la joie, mais tu ne semblés pas savoir les garder.  

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Il faut apprendre à retenir précieusement et silencieusement en soi ce que l'on a reçu.

4 décembre 1934  

Veux-Tu m'expliquer comment je perds ce que je reçois ?

 

Par dissipation, en jetant au-dehors, soit en pensées, soit en . mots, soit en actes, la force et l'énergie reçues.

4 décembre 1934  

J'ai l'idée que la paix divine ne régnera pas sur toute la terre.

 

Qu'en sais-tu ? Ton mental peut-il avoir la connaissance de l'avenir ? et surtout de l'avenir Aurobindo !

7 décembre 1934

 

Ce matin, j'ai dit à U. que la Mère m'avait dit qu'Elle ne sait ce qui arrivera à cet Ashram dans l'avenir. "Comment est-ce possible ?" a-t-il dit, "Je ne peux croire qu'elle ne sache rien du travail pour lequel elle a pris un corps sur la terre."

 

Je ne pense pas avoir dit une chose pareille. Sûrement vous m'avez mal comprise. Mais U. a tort de croire que je suis venue sur terre pour créer un Ashram ! Ce serait un bien petit objectif vraiment...

8 décembre 1934 

Maman, veux-Tu m'expliquer comment le fait de regarder des images pourrait nuire ?

 

Naturellement, cela dépend de ce que sont les images ; mais le plus souvent elles ne concernent que des choses de la vie  

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ordinaire et ainsi elles tirent la conscience vers cela.

10 décembre 1934  

Ô Maman, ma Douce Maman, quand deviendrai-je un avec Toi, quand vivrai-je en Toi et pour Toi ?

 

Il faut vouloir avec persistance mais ne pas s'impatienter. C'est avec une calme détermination que l'on arrive le plus vite. En s'agitant, on perd plus de temps qu'on n'en gagne.

13 décembre 1934 

Maman, est-ce désirable d'aller chez J. lire les poésies qu'il a écrites en goudjerati?

 

Tout dépend de l'effet que cela te produit. Si tu en sors plus paisible et content, c'est bien. Si, au contraire, cela te rend mélancolique et dissatisfait, il vaut mieux n'y point aller. Tu n'as qu'à observer et voir l'effet que cela te fait et décider en conséquence.

13 décembre 1934

 

Veux-Tu, Maman, que je connaisse les conditions pour la descente du Supramental en moi ? Quand j'ai appris que le Supramental allait descendre dans un temps relativement proche, j'étais bien heureux.

 

Ce sont choses dont il vaut mieux ne pas parler. Tout effort spirituel sincère d'accroissement de conscience, est une préparation.

18 décembre 1934

 

Veux-Tu m'expliquer pourquoi la joie et l'amour sont attaqués par l'obscurité ? Je ne suis pas conscient d'avoir fait quelque chose, et sans raison, il n'est pas possible que le bonheur et l'amour se retirent.  

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Non, rien ne se retire, c'est l'être physique qui par nature est incapable de conserver longtemps la joie et l'amour à moins qu'il ne soit tout à fait dominé par le psychique.

 

C'est seulement après m'être levé que ma condition change.

 

Oui, c'est surtout dans la nuit que l'être physique tombe dans l'obscurité et l'inconscience.

 

Je ne comprends pas pourquoi juste après tant de bonheur vient tant de malaise. Ce n'est pas la première fois que cela arrive.

 

Les mouvements de la conscience sont comme ceux d'un pendule. Plus il est projeté dans un sens plus il est projeté ensuite dans le sens opposé.

19 décembre 1934  

Par quels signes reconnaît-on que l'être psychique est à la surface ?

 

On se sent heureux et paisible, plein de confiance et de bienveillance profonde et vraie et très proche de la présence divine.

20 décembre 1934

 

Dans un rêve, j'ai vu que Tu avais écrit : "Mon cher enfant, pourquoi as-tu cessé d'étudier?" Tu avais écrit beaucoup plus, et je souhaite que Tu l'écrives ici, si c'est possible.

 

En effet, la nuit dernière je t'ai demandé pourquoi tu n'avais pas étudié et je t'ai dit que de céder ainsi aux impulsions du vital n'était certes pas la manière de le contrôler. Il faut se créer une discipline et se l'imposer coûte que coûte si l'on veut venir à bout des mauvaises volontés vitales et des dépressions mentales.  

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Sans discipline on ne peut rien faire dans la vie, et tout yoga est impossible.

22 décembre 1934

 

Pour le travail physique ce n'est pas difficile, mais pour l'étude, il devient difficile d'obéir à la discipline quand on éprouve un malaise. Malgré tout, je décide que le jour où je n'étudierai pas, je ne prendrai pas mon. déjeuner.

 

Quelle drôle d'idée ! ! Tu vas punir ton corps pour une faute que le vital a commise ! Ce n'est pas juste.

22 décembre 1934

 

Z. m'a dit que depuis quelques jours, tout est fait selon Ta volonté. Mais je pense, au contraire, qu'il y a très peu de choses faites selon Ta loi divine. (Je ne lui ai pas dit cela.)

 

Tu as bien fait de ne pas le lui dire ; mais c'est très exact que dans ce monde très peu de choses sont faites selon la volonté divine.

27 décembre 1934 

Dis-moi, Maman, que suis-je ?

 

Extérieurement : tu es un enfant inconscient qui s'efforce de devenir conscient.

Intérieurement : tu es une âme éternelle qui essaye de se manifester dans un corps.

7 janvier 1935

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Je pensais que l'âme était toujours dans le corps, qu'il n'y avait pas d'existence sans sa présence.

 

Certainement elle est dans le corps mais elle ne se manifeste pas, c'est-à-dire que sa présence n'est pas évidente et n'a que fort peu d'action sur la vie de ce corps.

7 janvier 1935 

Quelle partie de l'être aspire à l'amour, à la paix ?

 

C'est dans n'importe quel domaine (physique, vital ou mental), la partie de l'être qui est ouverte à l'influence psychique.

7 janvier 1935 

Veux-Tu que je sache, Maman, depuis combien de siècles Tu es descendue sur terre ?

 

Je n'ai jamais quitté la terre depuis sa formation.

10 janvier 1935  

On dit que Krishna, bouddha et Jésus-Christ étaient des Avatars. Alors est-ce que ces personnes n'étaient pas Toi-même ?

 

Krishna était un Avatar, mais le Bouddha et le Christ étaient seulement des émanations. Quant à la dernière partie de la question, je ne comprends pas du tout ce que tu peux vouloir dire.

11 janvier 1935 

J'aimerais savoir ce que Tu veux dire exactement par rester calme.  

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Cela veut dire ne pas s'agiter. Je l'entends surtout moralement, dans les sentiments et les pensées.

14 janvier 1935

 

Comment changer le centre sexuel et son énergie en une masse et en un mouvement de la Lumière intime, en un pouvoir créateur, en un Ananda pur, divin ?

 

Petit à petit par l'infusion de la lumière dans le centre.

15 janvier 1935  

J'ai presque toujours un malaise ou une dépression, et j'ai peur que les autres en soient dérangés.

 

C'est un très louable sentiment — mais le mieux serait que tu sortes toi-même de la dépression, comme cela tu ne risquerais pas de la passer aux autres.

16 janvier 1935

 

Juste ce matin, il y a une très grande dépression, et ainsi il devient impossible d'étudier. Ô Maman, que dois-je faire ?

 

Force-toi à étudier et ta dépression s'en ira. Tu t'imagines un écolier qui serait au collège et viendrait dire à son professeur :"Monsieur, je n'ai pas fait mes devoirs aujourd'hui parce que j'étais déprimé."

Sûrement le professeur le punirait très sévèrement.

16 janvier 1935 

Mon être est toujours de plus en plus dans un état de conscience inférieure.  

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Ne trouves-tu pas que tu penses un peu trop à toi-même? Tu me fais l'effet du malade imaginaire qui tâte toujours son pouls pour savoir s'il a la fièvre...

17 janvier 1935

 

Certes, je pense trop à mes mouvements. Mais désormais, je ne T'informerai d'un mouvement qu'une fois. Ce ne sera pas facile pour moi de ne pas y penser.

 

Rien ne servirait de ne pas m'informer si tu y penses. Au contraire si tu m'en parles je peux plus facilement t'aider.

18 janvier 1935

Est-ce vrai q'autrefois régnait partout la divinité, "Satyayouga" ?

 

Certainement pas sur la terre.

 

N'y a-t-il jamais de fin à l'âme ? Doit-elle prendre chaque fois un corps ?

 

Pas nécessairement, mais l'âme doit être arrivée à une très grande perfection pour avoir le pouvoir de choisir entre le retour à la vie physique ou le repos hors de la manifestation.

23 janvier 1935 

Je pensais que l'âme est parfaite dans sa nature. Je ne comprends pas : "L'ascension de l'âme vers la vérité d'où elle vient."

 

L'essence de l'âme est divine, mais l'âme (l'être psychique) croît à travers toutes les formes de l'évolution ; elle s'individualise de plus en plus et devient de plus en plus consciente d'elle-même et de son origine.

24 janvier 1935

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Je pense que selon l'état de ma conscience, Ton action change. Je vois une grande différence quand je suis de bonne humeur et quand je suis déprimé.

 

Ce n'est pas mon action qui change, c'est ta manière de la voir.

25 janvier 1935  

Je pense que Tu n'aimes pas beaucoup que je ne m'applique pas bien dans mes études.

 

Les études fortifient le mental et détournent l'attention de sa concentration sur les impulsions et les désirs du vital. La concentration sur l'étude est un des plus puissants moyens de contrôler le mental et le vital, voilà pourquoi c'est si important d'étudier.

28 janvier 1935 

Il y a quelque chose en moi qui aime aider les autres. Mais ce n'est pas désirable.

 

C'est la preuve d'une très bonne nature, mais pour pouvoir le faire sans danger il faut avoir un complet contrôle sur soi.

30 janvier 1935  

Il y a tant de choses à faire, et je perds mon temps inutilement. Quand mes actions seront-elles en conformité avec Toi, Maman ?

 

C'est une affaire de volonté. Il faut cultiver et fortifier sa volonté et alors le temps n'est plus perdu inutilement.

30 janvier 1935 

Mon mental ne devient pas paisible, parce que, je pense, je n'étudie pas assez sérieusement. L'étude ne me donne pas beaucoup de plaisir.  

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  On n'étudie pas pour avoir du plaisir — on étudie pour apprendre et se développer cérébralement.

1er février 1935 

Quand Tu étais petite, dans Ton enfance, est-ce que Tu savais que Tu étais le Divin incarné ?

 

J'étais consciente.

2 février 1935

 

C'est plus souvent après avoir fait une action que j'observe le mouvement. Si j'attendais seulement une minute avant d'agir, je pourrais éviter les mouvements faux.

 

Oui, c'est une très bonne habitude à prendre que de réfléchir quelques secondes avant d'agir et de se demander si vraiment cette action est utile du point de vue de la vie spirituelle.

4 février 1935

 

On dit que la connaissance est déjà renfermée au-dedans de soi, mais je pense que c'est l'âme qui reçoit la connaissance et la transmet au mental et au vital.

 

Je ne vois pas d'idées contradictoires. La vérité est reçue par le psychique qui la transmet au mental et au vital.

6 février 1935

 

"Le psychique n'est pas, par définition, cette partie qui est en contact direct avec le plan Aurobindo (...) La partie, psychique en nous est quelque chose qui vient directement du "Divin et qui est en contact avec le Divin. " (Sri Aurobindo)  

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Je ne sais pas quelle est la différence entre le Supramental et le Divin.

 

Le Divin dont on parle ici, est celui qui a de tout temps été en rapport avec la terre ; le Supramental est un nouvel aspect du Divin qui jusqu'à présent n'a pas été manifesté sur terre.

7 février 1935  

Comme la vie est amusante'. C'est amusant de voir l'âme en évolution. Tout est intéressant.

À qui cela semble-t-il ainsi ? Au mental ?

 

Oui, c'est le mental mais avec un début d'influence de la flamme d'Agni.

8 février 1935

 

Comment le mental humain peut-il dire que c'est amusant de voir l'âme qui se déroule, car l'âme se trouve au-dessus du mental'.

 

Quand le mental parle ainsi, il parle de l'âme vitale car c'est elle qui se déroule dans la vie.

 

Maman, j'aimerais savoir quelque chose sur cette flamme d'Agni.

 

C'est la flamme de purification, la volonté de progrès.

9 février 1935  

Ce que Tu entends par âme vitale, c'est l'être vital, je pense.  

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L'âme vitale c'est ce que les anciens appelaient "anima", ce qui anime, ce qui donne la vie au corps. On l'appelle aussi parfois l'être éthérique.

11 février 1935

 

C'est le développement intérieur qui est le plus important, c'est par cela que l'on reçoit Ton amour et Ta paix, et non par les choses extérieures. La joie qui vient par les choses extérieures, par Ton action extérieure, n'est pas d'origine divine, spirituelle. La preuve, c'est que lorsque Ton action change, on se sent mal à l'aise.

 

Absurde!!!!

Tu confonds là deux choses différentes. Je puis t'assurer que mon action, qu'elle soit intérieure ou extérieure, est toujours d'origine divine. Le malaise que tu sens n'est pas une preuve du manque de divinité de l'action, mais du manque de plasticité et de réceptivité de ton mental, ton vital et ton physique.

 

Il me semble que c'est la conscience physique qui est active maintenant et qui trouve des défauts en Toi. Le malaise est encore là, je ne sais comment le secouer.

 

Ce n'est qu'une vraie humilité qui peut te sauver de ces malaises.

L'humilité qui consiste à savoir que, pour le moment, tu es tout à fait incapable de me comprendre et que c'est une présomptueuse stupidité de vouloir me juger.

13 février 1935

 

Je suis tout à fait ignorant, la conscience me manque totalement; ainsi dans cet état, comment puis-je Te comprendre et Te juger !

 

Ne te tourmente pas — reste tranquille. Certainement la partie de toi qui parle maintenant n'a jamais voulu me juger.

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 C'est dans le calme que l'être peut s'unifier autour de l'aspiration la plus haute.

14 février 1935  

J'aimerais savoir quelles sont ces parties qui veulent Té juger.

 

Une partie du mental physique et le vital le plus matériel.

15 février 1935 

Ô Maman, quand deviendrai-je humble ?

 

Cela viendra bientôt. Je pense, puisque tu as reconnu ton erreur.

15 février 1935 

Je voudrais savoir ce que Tu entends par "le vital le plus matériel".

 

C'est la partie du vital qui est la plus proche de la conscience physique, celle qui donne la vie au corps.

16 février 1935  

Est-ce désirable de parler de yoga à G.P. ?

 

Je ne crois pas que ce soit bon pour toi de parler ainsi de yoga aux gens ; cela te donne l'illusion que tu as quelque chose à leur apprendre et n'encourage pas en toi l'humilité.

18 février 1935  

Il m'est tout à fait impossible d'étudier, car l'inertie est là.

 

Si tu n'étudies pas l'inertie ira en grandissant.

4 mars 1935

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Qu'entend-on par la "beauté", par "apporter l'Amour, la Beauté et l'Ananda divins" ?

 

Il y a une beauté dans tous les plans de l'être jusqu'au Divin lui-même. La beauté matérielle n'est qu'une très pauvre traduction de celle-là.

5 mars 1935  

N'est-ce pas indésirable que G.P. me parle quelquefois de sa sâdhanâ ?

 

Tant que tu ne lui donnes pas de conseils, cela n'a pas beaucoup d'importance. Pourtant en règle générale, moins on parle de sâdhanâ, mieux cela vaut.

6 mars 1935  

Est-ce possible de progresser sans rencontrer des obstacles et des difficultés ?

 

Non, les difficultés se présentent, mais il n'y a aucune raison pour qu'elles produisent la dépression.

8 mars 1935 

Que dois-je faire pour que les difficultés ne produisent pas de dépression ?

 

Devenir conscient.

 

Qu'entend-on par le terme yoguique "par le cœur" ? Est-ce le vital supérieur ?

 

Oui, l'être émotif.

 

N'est-il pas possible de surmonter la difficulté sans abaissement de conscience ?  

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Certainement — il est même impossible de surmonter la difficulté si la conscience s'abaisse. Pour surmonter les difficultés il faut, au contraire, que la conscience fasse effort et s'élève au-dessus de son niveau ordinaire.

9 mars 1935 

"Quand l'être central a fait sa soumission, la difficulté principale a disparu." Quel est cet être central?

 

L'être central n'est pas le même dans chacun — c'est celui qui gouverne le reste de la personne et lui impose sa volonté.

Quand c'est l'être psychique qui a cette position centrale dans la personne tout devient très facile.

14 mars 1935

 

Maintenant il faut que le vital devienne droit, et sage. ]'espère bien que je serai capable de le faire grâce à Ton aide.

 

Oui, tu seras sûrement capable de le faire. Il faut que la partie qui est de bonne volonté se fortifie jusqu'à ce qu'elle ait le pouvoir de gouverner la partie récalcitrante et de la forcer à se convertir.

16 mars 1935  

Je vois que la préparation du mental aide beaucoup. Oui, c'est très utile quand c'est bien fait.

 

Quelle est la différence entre la voix du Pourousha mental et la voix qui vient des profondeurs du cœur, celle du psychique ?

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La voix psychique est silencieuse, elle se manifeste plus sous la forme d'une compréhension, d'une connaissance, qu'avec des mots. 

17 mars 1935 

N'y a-t-il aucune différence entre l'effet de la voix psychique et celui de la voix du Pourousha mental ?

 

Si, il y a une grande différence. Il est beaucoup plus difficile d'entendre le message du psychique que la voix du Pourousha mental — ce dernier n'est pas infaillible et peut se tromper. Le psychique ne se trompe jamais.

 

Pourquoi mon vital n'est-il pas sous le contrôle du Pourousha vital?

 

Le Pourousha vital ne s'éveille que lorsque tous les désirs sont dominés et que l'être vital est calme.

 

L'amour et la paix que je sentais auparavant, d'où venaient-ils, puisque mon cœur était toujours clos ?

 

Ton cœur n'est pas toujours clos. Quand il s'ouvre, la paix et l'amour entrent en toi.

18 mars 1935  

Quand peut-on entendre le message du psychique ?

 

Quand on est très silencieux et très attentif.

 

Mon mental est ignorant encore et manque totalement de repos : alors comment le Pourousha mental s'est-il éveillé ?

 

Le Pourousha mental est toujours plus ou moins éveillé en ceux qui ont pris l'habitude de s'observer.  

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Je pense que l'amour et la paix qui viennent par l'ouverture du cœur sont psychiques, sans mélange ?

 

Pas nécessairement ; même s'ils viennent du psychique, ils peuvent se mélanger à d'autres mouvements moins élevés, lorsqu'ils se manifestent dans le mental ou le vital.

L'amour et la paix peuvent aussi venir d'en haut directement de régions divines.

19 mars 1935  

N'y a-t-il pas une différence entre la voix du psychique et celle du Divin ?

 

On ne peut guère dire que le Divin s'exprime par une voix mais plutôt en communiquant un certain état de conscience.

 

Quand le Pourousha physique peut-il s'éveiller et dominer l'être physique ?

 

Quand la Lumière est descendue dans la conscience physique.

 

L'amour et la paix qui viennent d'en haut, ne peuvent-ils pas être déformés lorsqu'ils entrent dans le mental ou le vital?

 

Certainement ils le sont bien souvent ; l'amour se change en une sorte de passion et la paix en inertie.

 

Que dois-je faire pour que mon cœur ne se ferme plus et qu'il reste ouvert sans cesse ?

 

Il faut le vouloir avec persistance et cela se produira un jour ou l'autre.

20 mars 1935

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Y a-t-il d'autres Pouroushas à part le mental, le vital et le physique ?

 

Le psychique.

21 mars 1935

 

M.J. m'avait ait de ne pas ouvrir le porte-plume à réservoir mais comme l'encre ne passait pas, je l'ai entrouvert et un accident est arrivé.

 

Tu as eu tort d'ouvrir ton porte-plume alors qu'on t'avait dit de ne pas le faire. Parce que c'est moi qui ai dit que si quelqu'un tripote son porte-plume, on ne le lui réparera pas.

Je le ferai réparer encore cette fois-ci, si c'est possible, mais il faut que tu me promettes de ne plus jamais y toucher.

 

Je ne sens rien lorsque je casse ou perds une chose matérielle.

 

C'est un tort. Ne pas prendre soin des choses matérielles dont on se sert est un signe d'inconscience et d'ignorance. On n'a aucun droit de se servir d'objets matériels quels qu'ils soient, si on n'en prend pas soin.

23 mars 1935 

Maintenant, je comprends qu'il y a du Divin même dans les choses matérielles.

 

Oui, et il faut en prendre soin, non pas parce qu'on y est attaché soi-même, mais parce qu'elles manifestent aussi quelque chose de la Conscience divine.

 

Je voudrais savoir à quels signes on reconnaît que le cœur est pleinement ouvert.

 

C'est une chose que l'on sent et dont on ne peut douter quand elle vous arrive.  

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Ouvrir le cœur veut dire faire venir le psychique à la surface ?

 

Le psychique venant à la surface est plutôt le résultat que le procédé.

25 mars 1935

 

Aujourd'hui, le monde me semble au repos, tout est tranquille, et étranger aussi. Je suis un étranger dans ce monde. Je ne sais si j'ai bien exprimé l'expérience.

 

Je comprends bien ce que tu veux dire. C'est une expérience qui a lieu quand on entre dans un nouveau champ de conscience.

 

Si c'est une bonne expérience, je ne comprends pas pourquoi je ne sens pas Ton amour et Ton bonheur.

 

Le bonheur et l'amour n'accompagnent pas toutes les expériences.

 

A leur place, il y a, me semble-t-il, une concentration active. Je sens souvent une pression au centre du cœur. Mais pourquoi ne peut-il pas y avoir aussi un peu de bonheur et d'amour ?

 

L'expérience est seulement celle d'un éveil de conscience.

27 mars 1935 

Tout sera Toi, rien que Toi; moi se changera en Toi, et Toi seule existeras. Je ne sais s'il s'agit d'une exagération.

 

C'est à toi de rendre vrai par la pratique, l'idéal que ton mental propose à ton accomplissement.  

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Hier j'ai écrit qu'il y avait un calme profond, mais aujourd'hui il n'y a qu'un malaise profond!

 

Il y a simultanément une partie de l'être qui vit dans la lumière et la joie et une partie qui vit dans le malaise et l'obscurité. Si tu tournes ton attention vers le malaise tu le sens. Si, au contraire, tu tournes ton attention vers la lumière et la joie, tu vis en elles.

2 avril 1935  

En effet, j'avais donné comme raison au rhume le malaise qui tire la conscience toujours en bas.

 

C'est aussi une résistance dans le cerveau exprimant ce qui, dans le mental physique, se refuse à être transformé.

6 avril 1935 

Je pense que c'est seulement quand le psychique vient à la surface que l'on a la conscience psychique.

 

Ou quand on s'intériorise suffisamment pour entrer en contact avec son être psychique.

 

Alors que dois-je faire pour la résistance du mental physique ? "Elle m'empêche d'étudier et me dérange continuellement.

 

Il faut d'abord se détacher de lui, ne pas s'identifier à ses mouvements.

 

Veux-Tu me dire quelque chose sur les parties obscures du vital? Je ne comprends pas comment elles tirent ma conscience et je ne vois pas leur action sur le plan matériel.  

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C'est par les organes des sens (vue, ouïe, etc.) qu'elles sont en rapport avec le plan matériel.

8 avril 1935

Comment conquérir le subconscient ?

 

En y avançant pas à pas par l'observation attentive avec la lumière de la conscience.

 

Pourquoi suis-je sur terre, dans l'ignorance, l'obscurité ?

 

Ce n'est pas le mental qui peut répondre à ces questions, ni comprendre la vraie réponse.

9 avril 1935

Je ne sais comment passer le temps sans rien comprendre.

 

ÉTUDIE, c'est la meilleure façon de comprendre.

 

Tu me dis d'étudier, mais j'ai un dégoût pour l'étude.

 

Tu ne donnes pas assez de temps à l'étude, c'est pourquoi cela ne t'intéresse pas. Tout ce que l'on fait avec soin devient nécessairement intéressant.

10 avril 1935

 

Je souhaite avoir une conscience qui m'empêcherait de mal agir. Je pense que c'est seulement la conscience psychique qui peut faire cela.

 

À défaut du psychique, le mental éclairé peut empêcher le vital de faire des bêtises.

15 avril 1935

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Le rhume continue depuis si longtemps : il faut faire quelque chose contre cette discordance.

 

La seule façon infaillible de se débarrasser des malaises est de détourner son attention d'eux et de ne leur accorder aucune importance.

16 avril 1935  

Pourquoi la conscience spirituelle ne reste-t-elle pas tout le temps ?

 

Parce que la conscience ordinaire la chasse.

19 avril 1935  

Que doit-on faire pour que rien ne puisse chasser la conscience spirituelle ?

 

Se souvenir d'elle toujours et en toute circonstance.

20 avril 1935  

Crois-Tu qu'un amour pur entre êtres humains soit possible ?

 

Je ne crois pas beaucoup à Y amour pur entre êtres humains.

21 avril 1935  

Que veut dire la conscience spirituelle ?

 

D'une façon générale, la conscience qui est tournée vers le Divin.

22 avril 1935  

Je ne comprends pas pourquoi les hommes veulent être aidés par d'autres qui ne sont pas parfaits.  

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Ils les comprennent mieux parce qu'ils sont plus proches d'eux.

23 avril 1935

 

Depuis quelques jours, mes nuits sont bien agitées. Le matin, lorsque je m'éveille, je me sens fatigué ! Pendant combien de jours encore cela va-t-il continuer ?

 

Ce n'est certes pas en t'agitant et en t'impatientant que ce mauvais moment passera plus vite. Au contraire si tu peux conserver un peu de calme intérieur, tu seras plus vite hors de tes difficultés. C'est seulement dans le calme que l'on peut entrer en rapport avec sa conscience psychique.

 

Est-ce que ma vie continuera toujours telle qu'elle est en ce moment ?

 

J'espère bien que non. Mais si tu pouvais être un peu plus paisible intérieurement tes ennuis finiraient plus vite.

24 avril 1935  

Maintenant, je souhaite de toute mon âme être Ton enfant.

 

Tu es mon enfant ; tu n'as qu'à devenir conscient.

25 avril 1935

 

Quand les hommes auront-ils la vraie attitude envers la Vérité ? Quand cesseront-ils de vagabonder inutilement et de gaspiller leur énergie en vaines luttes ? Pourquoi ne comprennent-ils pas ?

 

Parce qu'ils sont encore trop jeunes mentalement.

30 avril 1935

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Je ne me suis pas encore débarrassé de toute affinité avec les autres. Tu me diras quel chemin prendre pour cela.

 

Les affinités sont presque des instincts et n'ont pas beaucoup d'importance. Il faut seulement prendre soin qu'elles ne se transforment pas en attachements.

 

On commence le yoga seulement lorsqu'on a la réalisation de son âme.

 

Les choses ne sont pas si strictement délimitées et on peut avoir commencé le yoga dans quelque partie de son être tandis que le reste — les autres parties de l'être — refuse encore de se transformer.

2 mai 1935

 

Tu dis que les hommes descendent dans une conscience ordinaire lorsqu'ils entrent en contact les uns avec les autres ; alors que dois-je faire pour rester dans ma conscience centrale ?

 

Ne jamais oublier la présence divine.

4 mai 1935 

P. dit que Tu changes selon sa condition.

 

Non, je ne change pas avec les gens suivant leur condition. C'est l'impression qu'ils ont de moi qui change suivant leur humeur du moment.

4 mai 1935  

J'aimerais connaître l'état présent de ma conscience car il me semble que tout en moi est au repos.  

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Être au repos est une bonne chose. Il ne faut pas risquer de gâter le repos en parlant de la condition.

4 mai 1935

 

Certainement d'une façon générale Tu es toujours avec tous. Mais ce que je veux c'est être conscient de Ta présence. Si Tu étais avec moi, je ne me révolterais plus et je sentirais Ton amour et Ta paix malgré ce tourbillon obscur.

 

C'est le désir et la révolte qui empêchent le vital de sentir la Présence, mais le fait que tu ne la sens pas ne prouve pas du tout qu'elle ne soit pas là.

8 mai 1935  

Peut-être ma manière d'aider n'est pas bien bonne.

 

Je ne pense pas qu'elle soit mauvaise non plus — mais elle est naturellement en proportion avec la connaissance dont tu disposes.

 

J'aimerais savoir que faire pour qu'aucune force étrangère n'entre en nous lorsque nous avons une bonne expérience.

 

Une force étrangère et indésirable n'entre pas toujours en nous chaque fois que nous avons une bonne expérience. Au contraire — la bonne expérience devrait donner la force de repousser cette force étrangère quand elle essaie d'entrer.

10 mai 1935  

Je ne comprends pas ce que l'on gagne à dire des mensonges.

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Certainement on ne gagne rien à mentir, au contraire on obscurcit sa conscience.

12 mai 1935 

Je ne vois nulle part la vie surhumaine, spirituelle, divine. Et sans la vie divine, tout est dépourvu de sens pour moi.

 

Si ta conscience était surhumaine/divine ou même spirituelle, tu verrais cette même conscience partout.

13 mai 1935

 

Alors pour le moment, puis-je cesser de penser à la sâdhanâ ? ]e ne trouve pas d'autre moyen pour obtenir la paix intérieure. Je continue mon aspiration pour l'ouverture du cœur. Je vois que ce n'est pas si facile d'avoir la conscience psychique, cela demande une concentration patiente.

 

Ce n'est certainement pas la sâdhanâ qui empêche la paix intérieure — au contraire, puisque la sâdhanâ est entièrement basée sur cette paix intérieure qui est la condition essentielle du progrès. Certainement que pour entrer en contact avec la conscience psychique il faut une concentration patiente.

14 mai 1935

 

C'est par Ta volonté que je donnerai des leçons de français à Q. Pour cela j'irai chez elle. Mais je souhaite savoir pourquoi elle ne doit pas venir chez moi.

 

D'abord, d'une façon générale, il est préférable que les femmes n'entrent pas dans les chambres des hommes. Dans ce cas particulier, si elle venait dans ta chambre, l'atmosphère qu'elle y laisserait, nuirait fort, je le crains, à ton repos.

15 mai 1935

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Je ne comprends pas pourquoi l'obscurité vient si souvent et reste pendant si longtemps. Est-ce que je suis devenu plus mauvais qu'auparavant ?

 

Non, tu es devenu plus conscient. Avant il y avait encore plus d'obscurité mais tu n'étais pas conscient. Cela ne t'apparaissait pas comme obscurité.

 

Il n'y a plus de paix, d'amour, d'énergie pour travailler. Quelle étape est-ce que je traverse en ce moment?

 

Une période de transition dans laquelle tu es devenu plus conscient mais tu n'as pas encore acquis le contrôle.

 

Dans quelle partie se trouve cette obscurité et combien de temps restera-t-elle là ?

 

Surtout dans la conscience physique — jusqu'à ce que le physique soit illuminé.

17 mai 1935 

Alors que dois-je faire pour que l'être physique soit illuminé ainsi que le vital qui est obscur aussi, je suppose?

 

Toujours préférer la lumière à l'obscurité.

18 mai 1935  

Obscurité, obscurité, évanouis-toi! ô Maman, n'es-Tu pas là ?

 

Je suis là et je mets sur toi toute la lumière nécessaire pour dissoudre n'importe quelle obscurité. C'est à toi de la recevoir.

18 mai 1935  

Quel chemin dois-je prendre et comment faire l'effort d'une manière juste et vraie?  

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Fais ce que je t'ai expliqué hier — fais travailler ton cerveau en étudiant de façon régulière et systématique ; alors aux heures où tu n'étudieras pas, ton cerveau qui aura suffisamment travaillé pourra se reposer et il te sera possible de te concentrer dans les profondeurs du cœur et d'y trouver la source psychique, avec elle tu deviendras conscient en même temps de la gratitude et du bonheur véritable.

23 mai 1935

 

Malgré les malaises et les dépressions, je ferai de mon mieux pour avancer dans mes études. Mais cela ne sera possible que par l'aide constante de Ta force.

 

Ma force et mon aide sont constamment avec toi et ma conscience t'éclaire quand tu étudies.

 

P. m'a dit qu'elle a senti après le pranâm une grande dépression et qu'elle a pleuré amèrement. Elle veut connaître la cause de ce mouvement.

 

Sans doute m'a-t-elle approchée avec un désir et son désir sentant qu'il ne serait pas satisfait l'a rendue triste et déprimée. C'est à peu près ce qui l'arrivé à toi aussi.

23 mai 1935

 

Maintenant je sais pourquoi l'obscurité revient toujours sur toi, même après que je l'ai chassée. C'est parce que la gratitude n'est pas encore éveillée en toi.

23 mai 1935  

Je croîs qu'il y a un élément en moi qui ne croit pas en la Grâce divine : c'est cela qui empêche la gratitude.

 

Évidemment.

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D'abord, je sentais tant d'amour pour Tôt, mais maintenant l'amour est devenu plus égoïste.

 

Oui, c'est cela ; tu as commencé à marchander avec ce que tu donnais et cela a tari la source. Pourtant si tu prends la résolution de ne rien demander en échange de ce que tu donnes, tu retrouveras bientôt la joie sans pareille d'aimer.

24 mai 1935

Est-ce possible de se trouver près de Toi avec un amour égoïste ?

 

Avant que la nature soit entièrement transformée, elle est toujours mélangée — le mauvais et le bon se coudoient. Donc jusqu'à la transformation, il y aura toujours un mélange d'égoïsme dans tous ceux qui m'approchent.

 

Je suis conscient de toutes mes actions fausses, mais par malheur, je ne suis, pas capable de les contrôler. C'est cela qui me rend triste.

 

Ne te tourmente pas — aie confiance — c'est ce manque de confiance qui voile ta conscience.

 

Apprends-moi, Maman, à rendre mon amour pur et psychique.

 

Ne pense pas à toi-même.

25 mai 1935 

Laisse-moi garder le silence, laisse-moi entrer dans la solitude.

 

Garde le silence dans ton mental, entre dans la solitude de l'être psychique et tu m'y trouveras.

27 mai 1935

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Tu me dis de garder le silence et d'entrer dans la solitude de l'être psychique, mais comment pourrais-je le faire ? Ce n'est que Toi qui peux me mettre dans Cet état.

 

Ceci est une réponse tout à fait tamasique. Ma conscience est toujours à l'œuvre, mais il faut, de ton côté, que tu veuilles et fasses effort.

28 mai 1935  

Il me semble nécessaire d'entrer dans la solitude; je ne vis que dans l'être extérieur.

 

Certainement tu vis surtout dans le mental, le vital et le physique. Un peu de concentration ne te ferait pas de mal, mais il faut garder une juste mesure.

 

Tu m'enseigneras comment faire effort pour Te trouver.

 

Il faut vouloir.

28 mai 1935  

Il me semble que c'est dans la solitude que je pourrai rester plus ouvert et plus réceptif.

 

Si tu appelles solitude ne voir les gens qu'autant que c'est indispensable et ne leur parler que lorsque c'est tout à fait indispensable, alors nous sommes d'accord.

30 mai 1935  

Écarte de moi tout ce malaise et soulève-moi au-dessus de l'ignorance et du mensonge. 0 Maman, assez de temps n'est-il pas passé ?

 

Mon cher enfant, je ne demande pas mieux que de te faire sortir de ce malaise absurde ; mais je crains qu'il ne soit fait de désirs contrariés  

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— et dans ce cas, il faudrait d'abord que tu renonces à ces désirs et à ces ambitions. Mais tu peux être sûr que mon aide est toujours avec toi.

30 mai 1935 

Il me semble qu'il faut que je reste un peu loin de Toi physiquement jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de demande en moi.

 

Ceci est une suggestion hostile tout à fait fausse qu'il faut rejeter immédiatement.

1er juin 1935

 

Il n'y a aucun endroit dans ce monde où je puisse avoir une vie douce et paisible. Pourtant il y a une partie de mon être qui trouve sa joie dans l'évolution du monde.

 

Certainement il y a une partie de ton être qui est en harmonie avec la vie psychique de l'univers.

4 juin1935 

Que veux-Tu dire par "la vie psychique du monde" ?

 

De même qu'il y a une vie psychique dans les êtres humains, il y a une vie psychique sur la terre et sans doute dans d'autres mondes.

 

Alors quel est le but de l'existence sur terre ?

 

De faire progresser la conscience vers le Divin.

5 juin 1935  

Tourne ma conscience vers Toi, Maman.  

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Ne doute jamais de mon amour et alors, tout naturellement tu te tourneras vers moi; '

10 juin 1935 

Si j'ai la conscience psychique, il n'y aura plus toutes ces difficultés.

 

Certainement la conscience psychique n'a aucune de ces difficultés ; elle a constamment l'expérience de mon amour et de ma présence.

10 juin 1935 

Hier j'ai fait un très grand effort pour me retrouver dans la lumière et la joie, mais j'ai échoué.

 

C'est très bien d'avoir fait effort, mais il ne faut pas si vite se décourager parce que tu ne réussis pas immédiatement. Il faut, au contraire, persévérer dans ton effort jusqu'à ce que tu réussisses.

Mon aide sera toujours avec toi.

11 juin 1935 

Mais comment acquérir cette conscience psychique?

 

Par l'aspiration, la prière, la concentration.

 

Peut-être mon aspiration n'est-elle pas assez intense?

 

Elle est surtout trop intermittente.

 

Veux-Tu me dire pourquoi je ne réussis pas immédiatement dans mon effort ?

 

Parce que l'ignorance extérieure est très obstinée et ne cède qu'à un effort persistant.  

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Pourquoi Ta présence en moi ne m'empêche-t-elle pas de me conduire mal?

 

Parce que l'être extérieur — celui qui se conduit mal — ignore ou refuse de reconnaître cette présence.

 

Je veux de tout mon cœur la conscience psychique ; je paierai n'importe quel prix pour cela.

 

Le prix à payer est seulement une volonté persévérante et sans fluctuation.

11 juin 1935  

Dans notre yoga, quelle attitude devons-nous avoir envers les bêtes ?

 

C'est seulement lorsqu'on a atteint la conscience de l'Unité divine qu'on peut avoir l'attitude vraie ; en attendant, il est bon de toujours agir à l'égard des animaux avec respect, amour et compassion. .

11 juin 1935

 

Mais ne doit-on pas tuer les insectes nuisibles ?

 

Sans aucun doute.

12 juin 1935  

L'obscurité est-elle en moi ou vient-elle du dehors ?

 

L'obscurité est partout dans les choses matérielles — dedans et dehors.

12 juin 1935  

À quel procédé peut-on avoir recours contre l'obsession, à l'occasion de douleurs trop vives ?  

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Regarder une belle fleur.

13 juin 1935 

Mais lorsqu'on a des douleurs très vives, même une belle fleur paraît ennuyeuse, si je ne me trompe.

 

Ce serait la preuve d'un esclavage bien total à la partie du vital qui souffre. Il faut apprendre à se dédoubler et à se détacher des mouvements extérieurs et inférieurs.

14 juin 1935  

Je pense que c'est une faiblesse de ne pas pouvoir supporter la douleur des autres et d'éviter les misérables.

 

Si on n'a pas les moyens moraux ou matériels de les soulager, je ne vois pas à quoi cela peut servir de les contempler.

16 juin 1935  

Toujours les mêmes erreurs m'éloignent de Toi, et il faut que je me réfugie dans la solitude.

 

C'est à toi de savoir si tu peux le faire sans tomber dans une dépression, ce qui serait encore pire que de bavarder.

18 juin 1935 

Toujours le même feu me ravage de tous côtés.

 

Tu feras bien de l'éteindre s'il te ravage ou de l'utiliser s'il peut te purifier.

20 juin 1935  

Un feu brûle en moi, il est redoutable ; il épuise mon énergie vitale, j'ai la sensation d'être mangé par quelqu'un. Je ne sais que faire.  

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Tout cela ce sont des suggestions mauvaises qu'il faut rejeter. As-tu la fièvre ? Dans ce cas, il faudrait demander au docteur de te soigner. Mais si tu n'as pas la fièvre, cette histoire de feu est une imagination mauvaise qu'il faut rejeter.

Il y a un feu sacré qui brûle dans le cœur et enveloppe tout l'être, c'est Agni qui illumine et purifie tout. Celui-là, chaque fois que tu me demandes de faire un progrès, je l'allume en toi ; mais il ne détruit rien excepté le mensonge et l'obscurité.

20 juin 1935 

Tu me dis que tu allumes ce feu en moi, aussi pourquoi le 'mensonge et l'obscurité existent-ils encore ?

 

Une purification intégrale est une œuvre longue et lente.

21 juin 1935  

Existe-t-il quelque chose comme l'enfer ?

 

Oui, il y a des enfers formés par la pensée de l'homme et qui existent dans certaines régions du monde vital.

21 juin 1935  

Est-ce vrai que c'est le Divin qui nous a rendus ignorants et inconscients ?

 

Ceci est une bêtise.

 

Je voudrais savoir quelque chose sur le silence ; est-il plus profitable que la concentration sur la nature inférieure ?

 

La concentration sur la nature inférieure N'EST JAMAIS bonne ; il faut se concentrer sur ce que l'on veut développer et non sur ce que l'on veut détruire.

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Je pense que l'on doit être paisible et silencieux extérieurement aussi ?

 

Paisible, certainement ; silencieux, ce n'est pas toujours possible.

23 juin 1935 

Mais comment sommes-nous devenus ignorants et inconscients ?

 

Je pense que par nous tu veux dire les êtres humains. Ce ne sont pas les êtres humains qui sont devenus ignorants et obscurs. Ils l'ont toujours été, car la nature matérielle était inconsciente et obscure longtemps avant l'apparition de l'homme.

 

Est-ce que le silence peut apporter toute la force nécessaire à la purification et à la transformation ?

 

Non pas positivement apporter, mais c'est dans le silence qu'on reçoit.

24 juin 1935 

Est-ce après la mort que l'on souffre de ces tourments de l'enfer?

 

Oui, si l'on y croit.

24 juin 1935

 

"Quand nous avons dépassé les jouissances, alors nous avons la béatitude. Le désir fut une aide; le désir est l'entrave. " (Sri Aurobindo)¹

Est-ce par le désir que l'on atteint cette Béatitude ?

 

¹Pensées et Aphorismes de Sri Aurobindo, Sri Aurobindo Ashram, 1994, p. 3.  

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Non, le désir est utile seulement au début de l'évolution pour éveiller la conscience hors de sa torpeur, mais ce n'est pas le désir qui peut mener vers la Béatitude, c'est le don de pas le désir qui peut mener vers la Béatitude, c soi.

24 juin 1935  

Dis-moi pourquoi je T'aime.

 

C'est ton être psychique — comme tous les êtres psychiques qui m'aime.

25 juin 1935  

Tous ont un être psychique, mais tous ne T'aiment pas ?

 

Ou parce qu'ils ne sont pas conscients de leur être psychique, ou parce qu'ils ne me connaissent pas.

 

Maintenant est-ce que j'ai arrêté de marchander mon amour ?

 

L'amour psychique ne marchande jamais — mais le vital toujours essaye de tirer un profit quelconque de toutes circonstances.

 

Est-ce seulement mon être psychique qui T'aime ?

 

Dans la mesure où le mental, le vital et le physique sont sous le contrôle de l'être psychique, ils m'aiment aussi.

26 juin 1935

 

"Quand nous avons dépassé l'individualisation, alors nous sommes des Personnes réelles. L'ego fut une aide; l'ego est l'entrave. " (Sri Aurobindo)¹

 

¹Ibid. p 3.

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L'ego est l'aide tant qu'il sert à former l'individualité physique, mais quand elle est formée l'ego doit disparaître.

26 juin 1935 

Quelle est cette attitude que je dois garder afin que rien ne me nuise ?

 

Parfait détachement, égalité d'âme, désintéressement.

 

Alors dis-moi comment vaincre le danger de l'ambition qui a existé toujours malgré la connaissance de la vérité ?

 

En apprenant à voir la vanité de ces satisfactions fugitives et creuses.

 

Puisque dans ma vie précédente j'avais fait effort sans parvenir à la transformation, quelle est la preuve que je l'obtiendrai dans cette vie même ?

 

Parce que dans la vie précédente le moment n'était pas venu où la transformation intégrale était possible.

29 juin 1935

 

"Les parfaits n'étaient plus obligés, comme les autres hommes, de se purifier dans de nouveaux corps. " Que veut-il dire par : "se purifier dans de nouveaux corps" ?

 

C'est pendant la vie physique sur terre qu'on a l'occasion de se purifier, de faire un progrès spirituel.

1er juillet 1935

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"Quand nous dépasserons l'humanité, alors nous serons  l'Homme. L'animal fut une aide; l'animal est l'entrave. " (Sri Aurobindo)¹

Ainsi l'animal est l'aide pour atteindre l'état d'homme, ensuite il devient un obstacle.

 

L'humanité telle qu'elle est actuellement est encore dans le stade animal; il faut donc dépasser cet état humain ordinaire pour devenir un homme véritable, capable d'être conscient du Divin.

1er juillet 1935

 

Il y a quelques jours, Q. m'a raconté des histoires au sujet des êtres vitaux et des revenants. Depuis, j'ai peur dans l'obscurité.

 

Pourquoi écoutes-tu ces histoires ? Elles sont très sottes. Les revenants n'existent le plus souvent que dans l'imagination des gens. Quant aux êtres du vital, si nous n'avons pas peur d'eux, ils ne peuvent nous faire aucun mal. Et avec la protection divine quelle peur peut-on avoir ? Aucune.

 

L'amour et la paix, je ne les trouve nulle part.

 

L'amour et la paix ne t'ont pas quitté ; c'est toi qui ne les vois plus. Sans doute est-ce encore la même force dont tu parles qui essaye de t'aveugler.

3 juillet 1935  

Quelle force essaie de m'aveugler et que dois-je faire pour l'écarter ?

 

Une volonté adverse qui envoie des suggestions. Il ne faut pas croire ces suggestions, voilà tout.

4 juillet 1935 

¹Ibid. p. 3.

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Tu m'as écrit qu'une volonté adverse envoie des suggestions mais je n'en suis pas conscient. Veux-Tu m'expliquer cela ?

 

Comment dis-tu que tu n'es pas conscient quand c'est toi-même qui as écrit : "Mais souvent quelqu'un me rend aveugle et je ne vois plus Ta lumière" ? Ce que tu nommes "quelqu'un" c'est cela que j'appelle des suggestions adverses.

6 juillet 1935 

Je ne vois que le résultat de ces suggestions, mais pas comment elles viennent. Je veux connaître le procédé de la volonté adverse.

 

Elle fait une formation mentale en affinité avec la mentalité de la personne à influencer. Cette formation reste dans l'atmosphère mentale de la personne en question et s'introduit à la moindre occasion. Si la personne n'est pas assez consciente ou vigilante, elle s'aperçoit de la présence de la formation seulement quand elle a pénétré son cerveau et alors elle prend cette formation pour sa propre pensée.

7 juillet 1935

 

Il me semble qu'il y a quelque chose d'extraordinaire dans l'atmosphère générale de l'Ashram depuis deux jours. La dépression continue malgré l'effort, l'aspiration, le calme.

 

Je ne crois pas que les choses soient comme tu le dis, et en tout cas, en ce qui te concerne, le mieux est de ne pas te tourmenter et d'aspirer paisiblement jusqu'à ce que tes difficultés se dissipent.

 

J'imagine que peut-être une force va descendre et tout cela n'est qu'une résistance.  

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C'est toujours la résistance qui crée la confusion.

8 juillet 1935  

J'ai toujours l'impression que l'atmosphère de l'Ashram est lourde. Mais il vaut mieux que je n'y pense pas.

 

Certainement, il vaut beaucoup mieux ne pas s'en occuper.

8 juillet 1935  

Pourquoi mon état est-il devenu si sec? Est-ce une épreuve ?

 

Que veux-tu dire par épreuve ? Ce n'est sûrement pas une chose arbitrairement imposée sur toi. L'état dans lequel tu te trouves est toujours la conséquence normale de ta façon de penser, de sentir et d'agir.

 

Je pressens que quelque chose d'hostile va m'arriver.

 

Pressentir une mauvaise chose n'a de l'utilité que si on se sert de son pressentiment pour repousser la chose mauvaise.

11 juillet 1935

 

Je ne sais pas quand ni quelle est cette mauvaise chose ni quand elle va m'arriver. Sans la comprendre, je ne sais comment la repousser.

 

Tu peux simplement repousser l'idée que quelque chose de mauvais va t'arriver.

 

Mon effort pour devenir le serviteur du Divin continuera jusqu'à la fin de ma vie. Je préférerais la mort à l'abandon du yoga.

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Il n'est pas question que tu abandonnes le yoga et je suis bien sûre que tu ne le feras pas. Il n'y a aucune raison aussi pour que tu meures. Tu vivras et tu vivras pour le Divin.

12 juillet 1935

 

Ô Mère, je me sens trop loin de. Toi, je T'appelle, donne-moi la force de conquérir les puissances adverses et de remporter la victoire sur la nature inférieure, sur tout ce qui me ravage.

 

Je pense qu'il n'y a pas lieu de t'inquiéter. Tu n'es pas plus loin de moi que tu n'étais. Ce sont toujours les mêmes parties de ton être qui refusent de participer à la vie divine ; dans le temps, tu n'en étais pas conscient, mais maintenant, au contraire, tu en deviens de plus en plus conscient, et la conscience est un progrès véritable, c'est le chemin menant à la maîtrise.

15 juillet 1935  

Alors que dois-je faire pour que ces parties inférieures participent à la vie divine ?

 

Il faut les éduquer comme on éduque un enfant.

16 juillet 1935

 

Je ferai Ton œuvre, Douce Mère, pour laquelle je suis auprès de Toi. Après l'avoir accomplie, je disparaîtrai en Toi. Je pense que telle est Ta volonté.

 

Pour le moment ma volonté se borne à ceci : faire l'œuvre qui est à faire sur terre. Pour le reste nous verrons plus tard.

18 juillet 1935

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Partout l'atmosphère est pleine d'égoïsme ; celui qui n'est cas égoïste est dévoré, me semble-t-il.

 

Ce n'est vrai que pour ceux qui vivent dans la conscience ordinaire.

18 juillet 1935

 

Est-ce possible de connaître la volonté divine sans avoir aucune expérience de la Réalité divine, sans s'élever à la conscience intuitive, ou sans aller dans les profondeurs de son cœur ?

 

Certainement sans une au moins de ces trois conditions, on risque fort de se tromper et de prendre sa volonté subconsciente pour la Volonté divine.

19 juillet 1935  

"Celui qui abandonne ses biens est plus haut placé que celui qui ne songe qu'à les augmenter."

Mais si on abandonne ses biens, que fera-t-on, de quoi vivra-t-on ?

 

Ce point de vue me paraît terriblement égoïste.

Il faut savoir tout donner pour apprendre à posséder vraiment.

21 juillet 1935  

Mon étude souffre à cause de la dépression perpétuelle.

 

Je t'avais dit que c'était par l'étude que tu pouvais surmonter la dépression.

 

Ma conscience est voilée. Est-ce que je suis Ton enfant ?

Certainement, ton être psychique est mon enfant, et il le sait fort bien.

27 juillet 1935

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Pendant combien de jours encore aurai-je à souffrir dans cet abîme obscur et pénible ? Je suis bien triste parce que je ne pourrai pas être Ton enfant.

 

Je ne comprends pas ce que tu veux dire ; je ne t'ai jamais dit que tu ne peux pas être mon enfant. Je t'ai dit, au contraire, que dans ton être psychique tu es mon enfant, et que tu en deviendras pleinement conscient lorsque tu deviendras conscient de ton être psychique.

2 août 1935

 

Je voulais dire que je suis triste parce que je ne suis pas capable de devenir Ton enfant et Ton fidèle serviteur alors que je suis ici pour cela.

 

Mais c'est bien ce que j'avais compris — et je répète que rien (excepté ta propre volonté) ne peut t'empêcher d'être mon enfant et de devenir mon fidèle serviteur.

2 août 1935 

Comment pourrais-je recevoir quelque chose de Sri Aurobindo si je m'approche de lui avec tristesse le jour de Darshan ?

 

Certainement, il faut s'approcher de Lui dans le calme et la lumière.

3 août 1935 

Je veux vivre la vie divine : si ce n'est pas possible dans cette vie même, je le ferai sans doute dans une autre vie.

 

Il n'est pas du tout nécessaire de penser à d'autres vies ; c'est dans cette vie-ci que tu dois vouloir réaliser le Divin et que tu Le réaliseras.

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Mais il ne faut pas être impatient. C'est ton impatience qui est cause de la dépression.

4 août 1935 

Délivre-moi de cette pénible obscurité. Donne-moi au moins une goutte de paix et de bonheur.

 

Tu es comme quelqu'un qui serait plongé dans la mer et se plaindrait du manque d'eau !

6 août 1935

 

Ne vaudrait-il pas mieux que je me retire de tout contact, au moins jusqu'au 20 août ? Ou bien montremoi un autre chemin par lequel je peux être un peu paisible et concentré.

 

Ce n'est pas en faisant ceci ou cela que tu guériras, c'est du dedans que doit venir le remède.

6 août 1935 

Est-ce désirable que j'aille me promener avec Q. ?

 

Non, ce n'est guère désirable, mais si, en cessant, tu deviens déprimé, c'est encore moins désirable.

8 août 1935

 

Depuis deux jours, j'avais pensé cesser mes promenades avec Q. : mais veux-Tu me dire pour quelle raison c'est indésirable ? Je croîs que je comprends la volonté divine, mais est-ce vrai?

 

Je crois, en effet, qu'une partie de ta conscience perçoit assez clairement la Volonté divine ; mais lorsque tu essayes de réaliser intégralement cette volonté, ton vital, contrarié dans ses désirs et ses impulsions, devient déprimé et refuse de coopérer, ce qui arrête tout progrès.

9 août 1935 

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Je suis déprimé aujourd'hui. J'aurais tant voulu rester silencieux et concentré ; mais hélas '. cela s'est écroulé.

 

C'est exactement ce que je craignais quand tu as parlé de cesser tes promenades avec Q.

9 août 1935 

Était-ce désirable que je sois allé hier soir, chez D.K., écouter de la musique? Aujourd'hui j'éprouve un malaise.

 

Il n'est pas très utile de se poser des questions au sujet d'actes déjà accomplis. Si l'effet a été mauvais, il faut le surmonter et s'il est bon, il faut le conserver.

17 août 1935  

P. est malade depuis quelques jours. Comment est-elle tombée malade ?

 

Sans doute à la suite d'une dépression.

 

Pourquoi P. a-t-elle peur de Toi? Si on Te craint, comment peut-on avancer ?

 

Certainement la peur est un grand obstacle sur le chemin.

 

Une partie de mon être me dit de ne pas me soucier des affaires des autres. Mais c'est ma nature qui est ainsi, ce n'est pas du tout facile de l'arrêter.

 

Il n'y a pas de mal à être serviable, et obligeant.

23 août 1935

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Z. est déprimé. Il dit que c'est selon Ta volonté que la dépression arrive.

 

C'est tout à fait absurde. Ma volonté est, au contraire, que chacun avance toujours paisiblement et régulièrement sans retomber en arrière dans des états inférieurs.

 

P. dit qu'elle est ici comme dans une prison.

 

Je ne mets jamais personne en prison.

24 août 1935  

Quelle sorte de liberté veut P. ? Pourquoi se sent-elle en prison, ici?

 

C'est son vital qui se plaint.

 

Sommes-nous ici pour faire le yoga ou pour rester en pleine liberté et agir selon les désirs et les ambitions ?

 

Cette prétendue liberté que réclame le vital n'est pas du tout une liberté, c'est l'esclavage aux désirs et aux impulsions inférieures.

 

Ô Mère ! qui apaisera ce tourbillon malfaisant qui emporte les gens loin du chemin véritable ? Maman, comment peux-Tu accepter de rester dans cette obscurité terrible et cette ignorance ?

 

Je suis sur terre parce que c'est sur terre que doit être fait le travail divin, et non pour aucune autre raison.

24 août 1935  

Est-ce que la souffrance est indispensable pour faire des progrès ?  

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Sûrement NON.

26 août 1935

 

Est-il vrai qu'il n'est pas facile pour Toi de travailler sur chaque individu ? C'est-à-dire qu'il y a une résistance ou une révolte, presque toujours.

 

Sûrement dans presque tout le monde il y a de la résistance et dans beaucoup, de la révolte.

27 août 1935

 

P. dit que son chemin est clair, mais qu'il y a une difficulté qui ne peut être écartée que par Toi, et que personne ne peut l'aider. Je ne sais pas comment lui faire comprendre la vérité alors qu'elle ne l'écoute même pas !

 

Ne te tourmente pas, tu as fait de ton mieux pour aider P. Si elle ne veut pas écouter, tu n'y peux rien.

29 août 1935

 

Avant, j'avais des périodes de bonheur, de paix et d'amour. Pourquoi n'en ai-je plus depuis quelques mois ?

 

Dans les enfants, le psychique est souvent très à la surface et rend l'enfant heureux et paisible. À mesure qu'on grandit le vital et le mental se développent et prennent plus d'importance, alors commencent les misères et le chagrin.

30 août 1935 

La tristesse va croissant. Je sais que c'est toujours le vital, mais il ne pourra certes pas répandre sa dépression.

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Je ne vois pas de cause raisonnable à cette tristesse ; elle me paraît une chose irréelle, une sorte d'imagination mensongère qui s'est emparée de toi. Rejette bien vite tout cela.

8 septembre 1935

 

Je ne comprends pas comment la dépression a pénétré si profondément. Je pense que c'est la même force qui me met encore dans cet état.

 

Oui, c'est le vital qui se complaît dans sa dépression.

 

Je ne sais comment empêcher le vital de se réjouir de la dépression. Que faire ? Il agit comme il veut.

 

Il faut fortifier ta volonté.

9 septembre 1935  

Ne peux-Tu pas pacifier mon vital, le rendre un peu moins rigide?

 

Si souvent il a été pacifié, et chaque fois il a secoué la paix comme un manteau d'ennui.

 

Comment fortifier mon amour pour qu'il puisse conquérir les désirs et les impulsions qui font obstacle à mon progrès ?

 

Concentre-toi sur la conscience psychique.

 

Est-ce un manque de confiance qui retarde la conversion du vital?

 

Oui, sans aucun doute.

10 septembre 1935

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Laisse-moi devenir comme un enfant, simple, plastique, humble, confiant. Ô Maman, quand deviendrai-je ainsi ?

 

Bientôt, si ta volonté de le devenir est persistante.

10 septembre 1935 

Est-ce vrai que Tu m'as écrit que je vivrai pour le Divin, seulement pour m'encourager ?

 

Non, je te l'ai écrit parce que je le pensais.

 

Est-ce nécessaire de sentir l'atmosphère des autres ?

 

Il est préférable de ne pas la sentir tant que l'on n'a pas acquis le pouvoir de rectifier toutes les mauvaises vibrations.

 

Est-ce nécessaire de connaître la nature des gens avec qui il y a des possibilités de relation ?

 

Évidemment quand on est en rapport avec des gens il est préférable d'avoir la connaissance de ce qu'ils sont.

11 septembre 1935 

Mon état est de plus en plus mauvais. Il me semble que je suis arrêté, sans pouvoir faire un pas en avant.

 

Parfois, quand on n'est pas satisfait de soi c'est le moment où l'on fait le plus de progrès.

 

Veux-Tu me dire comment mon progrès a cessé ? Avant, Ta présence était constamment en moi. Je ne comprends rien et ne sais que faire.

 

Je t'ai déjà expliqué que le premier contact avec la force donne à l'être psychique le pouvoir de dominer la conscience et de gouverner l'être.  

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Mais peu à peu les autres parties (mentales, vitales et physiques) reprennent leurs vieilles activités et la bonne condition est voilée. Il faut avec persistance vouloir la retrouver.

14 septembre 1935 

Qu'en fends-Tu par devenir comme un enfant ?

 

Dans l'enfant la vie psychique n'est pas voilée par la vie mentale. N'étant pas formé il a un grand pouvoir de croître et de progresser dans une suffisante plasticité.

16 septembre 1935 

Je voudrais connaître le chemin de l'enfant que l'on peut prendre dans ce yoga.

 

Le chemin de l'enfant est celui d'une confiance sans discussion, d'une dépendance complète, d'une soumission sans réserve.

17 septembre 1935  

Crois-Tu qu'il serait bon que je prenne le chemin de l'enfant ?

 

Le chemin de l'enfant est toujours préférable — mais pas si facile parce qu'il doit être pris spontanément et en toute sincérité.

18 septembre 1935 

Est-ce vrai que P. a maintenant moins confiance en moi ?

 

P. ne veut pas d'intermédiaire entre elle et moi, et elle a raison.  

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Tout se passe comme dans un rêve où tout devait arriver pour produire quelque chose de bon dans l'avenir.

 

Oui, tu as raison ; c'est ainsi que se passent les choses ici.

23 septembre 1935

 

Tu étais dans mon cœur, pourquoi n'es-Tu plus là maintenant ? C'est parce que je suis aveugle que je ne Te vois pas : silence, silence, paix.

 

Oui, tu as raison, je suis là dans ton cœur toujours, mais quelque chose dans la conscience extérieure bouge trop et fait trop de bruit pour que tu puisses être conscient de cette présence. C'est seulement dans le silence et la tranquillité qu'on peut s'en rendre compte.

25 septembre 1935 

Pourquoi P. ne veut-elle pas écouter mes idées sur le yoga ? Je veux comprendre son mouvement.

 

Je te l'ai déjà dit ; elle craint d'être influencée par toi et elle ne veut accepter aucune autre influence que la nôtre.

27 septembre 1935 

Y a-t-il un chemin où on n'a pas besoin de faire effort dès le commencement ?

 

Je ne pense pas ; mais il y a des gens qui font effort naturellement sans y ajouter beaucoup d'importance.

28 septembre 1935

 

Comme l'obscurité surgit! Elle voile ma conscience et je ne sais que faire. Il faut qu'il y ait un changement à l'intérieur, faute de cela, le calme, l'aspiration.  

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OUI, c'est exact. Il faut aspirer constamment au changement intérieur, il faut vouloir que la lumière se fasse dans le mental physique obscur et il faut attendre avec calme le résultat de cette aspiration et de cette volonté.

11 octobre 1935  

Je ne comprends pas la différence entre vouloir et aspirer, et comment faire deux choses ensemble.

 

Si tu ne peux pas faire deux choses à la fois, n'en fais qu'une.

14 octobre 1935  

Je ne comprends pas ce que l'on entend par la foi intellectuelle. La foi est une confiance sans raisonnement.

 

Ce n'est pas intellectuelle mais mentale — l'être mental a une foi et l'être vital aussi peut avoir sa foi ainsi que l'être physique. Quant à l'être psychique, sa foi est naturelle et spontanée, la foi est l'essence même de l'être psychique.

18 octobre 1935

 

On dit qu'il y a deux sortes de foi : la foi simple, blanche, où il n'y a aucun raisonnement, et la foi avec un certain raisonnement, une compréhension; on dit intellectuelle. Mais je ne comprends pas celle-ci, on dit qu'elle reste ferme en toutes circonstances puisqu'elle est fondée sur une certaine compréhension.

 

Il n'y a qu'une foi mais elle se manifeste dans des parties différentes de l'être. Je suppose que ce que la personne dont tu parles désigne sous le nom de foi blanche, est la foi dans le cœur, celle qui n'a pas besoin de raisons pour être ; mais il y a aussi la foi dans le mental qui peut être basée sur un raisonnement. 

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Pour être sûr d'une foi inébranlable, il faut l'avoir dans toutes les parties de l'être.

19 octobre 1935 

Quelle est l'origine de la foi qui se manifeste dans les différentes parties de l'être ?

 

La foi est l'expression d'une vertu spirituelle.

21 octobre 1935 

Il me semble que ma nature devient plus complexe, moins sincère; pourquoi est-ce ainsi?

 

À mesure que le mental se développe la simple et pure sincérité de l'enfant disparaît. Il faut la remplacer par une sincérité plus consciente, plus spirituelle — la sincérité psychique.

21 décembre 1935

 

Comment avoir cette sincérité psychique ? De plus en plus, la vie devient ennuyeuse. Certes il faudra longtemps avant d'avoir cette sincérité, mais comment vivre sans elle !

 

La patience est une des conditions les plus nécessaires à la vie spirituelle. Il faut savoir attendre pour recevoir.

23 décembre 1935  

Veux-Tu me dire comment ma conscience a été transportée dans le domaine très matériel et semi-conscient?

 

Elle n'est pas transportée, elle y est d'une façon tout à fait naturelle comme celle de tous les êtres humains.  

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C'est quand la conscience s'élève au-dessus de ce plan matériel que cela devient exceptionnel.

2 janvier 1936

 

Ma nature n'obéit pas à ma résolution. Tu me semblés si loin, comme si Tu n'étais pas là. Je Te demande seulement une chose : la solitude paisible, afin que tout aille bien.

 

Mon cher enfant, c'est au-dedans de toi que tu dois trouver la paix, le silence et la solitude, et dans cette solitude tu deviendras conscient de ma présence.

Mes bénédictions sont avec toi.

11 janvier 1936 

J'essaye de trouver la paix, le silence et la solitude en me concentrant dans le cœur. Ô ma Maman, où es-Tu?

 

Toujours là dans les profondeurs de ton cœur.

12 janvier 1936

 

Ô Maman, je me trouve sans paix, sans amour. Je sais que c'est par ma faute que cela est arrivé. Te retrouverai-je, ô ma chère Maman ?

 

Oui, si tu laisses brûler en toi le feu de l'aspiration.

14 janvier 1936 

Maman, que dois-je faire pour que le feu de l'aspiration ne s'éteigne pas ?

 

C'est en jetant dans ce feu toutes ses difficultés, tous ses désirs, toutes ses imperfections qu'on le garde allumé.  

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Le matin et le soir quand tu t'approches de moi, tu dois demander dans ton cœur que je garde le feu allumé et m'offrir toutes ces choses comme combustibles.

15 janvier 1936  

Il me semble nécessaire de me retirer pour que le feu brûle avec plus d'intensité. Laisse-moi entrer dans la solitude.

 

C'est dans l'activité que le feu doit brûler afin qu'il puisse rectifier tous les mouvements.

 

Garde le feu allumé, je t'offre tous mes mouvements.

 

Tant que tu aspireras à garder la flamme allumée, je veillerai à ce qu'elle ne s'éteigne point.

17janvier 1936  

Je me suis beaucoup concentré sur la flamme, mais hélas, mon aspiration n'a pas eu assez de force pour l'allumer.

 

Ce n'est pas à toi à allumer le feu. Ainsi que je te l'ai dit je l'allume toujours — tu n'as qu'à t'ouvrir pour le recevoir et à l'entretenir avec ta bonne volonté.

24 janvier 1936  

Dans le feu : fous les désirs, tout attachement, toute impureté, toute imperfection, comme combustibles.

 

Oui, c'est bien ainsi. C'est un mouvement qu'il faut renouveler constamment.

27 janvier 1936 

Est-ce vrai qu'il y a une période où les bonnes parties de l'être sont rejetées en arrière et seules les parties inférieures restent à la surface ?  

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D'où l'impression d'une chute et l'oubli des bonnes expériences ?

 

Il y a des gens chez lesquels une pareille chose arrive, mais ce n'est pas inévitable et certes pas désirable.

13 février 1936  

Partir d'ici! Comment peut-on penser que quelqu'un nous aimera plus que Toi !

 

Tu as raison, mon cher enfant ; ceux qui ne sont pas heureux ici ne peuvent être heureux nulle part.

7 mars 1936 

Quelle attitude dois-je avoir lorsque je m'approche de Toi?

 

Quand tu viens à moi, il faut être paisible et ouvert.

11 mars 1936 

Comment se détacher de la mélancolie qui vient de l'intérieur ?

 

Ne pas y attacher d'importance.

 

Les obstacles et les difficultés ne devraient pas produire de souffrance. Je pense que c'est nous qui créons la souffrance à cause de notre ignorance.

 

Sûrement la souffrance n'est pas indispensable, ni même nécessaire. C'est, en effet, l'ignorance qui fait souffrir.

 

Au moins, je crois qu'il n'y aura ni souffrance, ni peine dans ce yoga si je peux tout voir d'un œil calme et patient.

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Oui, ce yoga est bâti sur la paix et la joie, non pas sur la souffrance.

12 mars 1936 

Je m'irritais contre P. à cause de sa pensée si peu humble.

 

L'ignorance manque toujours d'humilité — plus le mental est ignorant, plus il juge et plus il se révolte.

13 mars 1936  

Pour éclairer le mental, que doit-on faire ?

 

Le calmer, le tranquilliser — c'est dans le calme qu'il peut recevoir la lumière.

14 mars 1936  

Mon mental est toujours le même, sans cesse plein de pensées. Il n'a jamais su se taire.

 

VOILÀ justement ce que j'appelle l'agitation mentale.

25 mars 1936 

Dans un rêve je T'ai vue m'embrasser; est-ce que c'était de l'imagination ?

 

En esprit je te tiens toujours dans mes bras comme un petit enfant, pour t'aider et te protéger — mais est-ce cela que tu

veux dire ?

25 mars 1936

 

En esprit Tu me tiens dans Tes bras; mais quand sera-t-il réel que Tu me tiennes dans Tes bras afin que je puisse rester hors de toute influence étrangère ?  

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Je ne pense pas que tu t'attendes à ce que je te tienne dans mes bras physiquement ! S'il me fallait tenir tous mes enfants dans mes bras (à commencer par les 140 personnes de l'Ashram) il faudrait vraiment que mon corps soit plus grand qu'il n'est !

Et pourtant pour une conscience éveillée, ma présence est tout à fait concrète.

26 mars 1936  

Veux-Tu me donner quelques conseils four me concentrer et être prêt à recevoir T'a grâce ?

 

Vouloir cette concentration et fortifier ta volonté.

4 avril 1936  

Veux-Tu me dire pourquoi avec la conscience des difficultés, je ne reçois pas la force de les surmonter ?

 

Parce qu'en toi la conscience est plus développée que la volonté.

16 avril 1936

 

Tu dis que Tu ne veux pas intervenir dans cette affaire. Pour quelle raison ? Crois-Tu que ces choses n'ont aucune importance ? Pourtant elles peuvent déranger la sâdhanâ et même nuire. S'il Te plaît, réponds-moi très franchement.

 

Puisque tu m'as demandé de te répondre très franchement, je te dirai que je ne veux pas intervenir parce que je ne suis pas sûre que tu auras la force et la constance de faire de façon continue ce que je te dirai de faire. Et pour la vie spirituelle il est préférable d'agir par ignorance que d'agir en désobéissance à l'ordre de son gourou.

21 avril 1936

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Qu'entends-Tu par une vie de vraie sincérité?

 

Conformer toutes ses actions avec son aspiration la plus haute et sa volonté la plus pure.

2 mai1936

 

Je me sens maintenant encore plus loin de Toi, perdu dans les ténèbres, comme un bateau livré à la tempête. Je suis très triste d'être dans cet état.

 

Tu n'as qu'à secouer toutes ces suggestions mauvaises qui ne sont pas vraies et ne pas croire à tout ce drame qui est purement imaginaire.

7 mai 1936  

Veux-Tu m'expliquer comment ces suggestions me viennent? Elles m'avaient paru vraisemblables.

 

Comme toutes les suggestions viennent : ce sont des formations mentales qui se meuvent dans l'atmosphère et s'emparent de tout cerveau prêt à les recevoir.

7 mai 1936 

Crois-Tu que c'est très dangereux que j'aie de l'attachement ?

 

Dangereux pour quoi ? Si tu parles de ton progrès spirituel, certainement pour cela un attachement n'est pas considéré comme une chose très désirable.

8 mai 1936

 

Je voudrais saisir ce que Tu entends par un attachement sentimental, un attachement vital, et par "toute expression quelle qu'elle soit d'un tel attachement".  

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Un attachement sentimental est un attachement affectif — un attachement vital est un attachement sensoriel. Par expression je veux dire : échanger des paroles tendres ou des gestes sensuels, comme de se prendre la main, de se caresser, etc...

14 mai 1936  

Mère, crois-Tu que tout ce que je Te dirai sera sans hypocrisie?

 

Je souhaite vraiment que tu ne sois pas un hypocrite, car l'hypocrisie est un gros obstacle sur le chemin spirituel.

16 mai 1936  

Je vois des nuages autour de moi qui empêchent Ta lumière de venir. Comment retrouver Ta présence ?

 

La première condition est de garder son mental calme et paisible. C'est dans le calme que la Lumière peut descendre.

19 mai 1936  

Tu me pardonneras, je suis encore ignorant, je ne sais rien.

 

Mon aide est toujours avec toi et aussi la force de surmonter les faiblesses et les difficultés. Mais il faut savoir les recevoir et les utiliser.

24 mai 1936

 

Chaque jour, je fais un effort; mais malheureusement, je vois une grande opposition à cet effort. Il se produit de grandes réactions.

 

S'il n'y avait pas de réactions, tu n'aurais pas besoin de faire effort.

28 mai 1936

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Je veux bien faire ce que Tu me dis de faire ; mais Tu me diras comment m'élever de la conscience inférieure vers la conscience supérieure.

 

Je t'ai déjà dit que la première condition est de tranquilliser le mental et de faire effort pour que le vital se tranquillise aussi.

 

Veux-Tu que je m'écarte de tout ce qui peut m'empêcher de m'élever, ou bien que je lutte contre cela et passe au travers ?

 

Je ne comprends pas ce que tu veux dire par "passer au travers". En tout cas il est toujours plus sage de s'écarter de tout ce qui tire la conscience vers le bas.

 

Le vital, malheureux et insatisfait si nous le privons de sa satisfaction, ravage tout et jette la conscience dans un état d'inertie. Mais cela est mieux que de satisfaire le vital.

 

Au point de vue du yoga, la question ne se pose même pas — le yoga ne peut pas tolérer ce genre de satisfaction du vital.

30 mai 1936

 

Étais-Tu sérieuse parce que je ne T'avais pas dit que j'avais cédé à l'impulsion de toucher une femme ? Tu me rendras conscient de mon insincérité. Tu m'as promis de me parler franchement, alors je ne comprends pas pourquoi Tu ne m'as pas interrogé sur ce que Tu as appris.

 

La sincérité exige que tu avoues immédiatement sans que j'aie besoin de t'interroger.

 

Est-ce parce que je suis devenu plus insensible que je ne ressens pas profondément Ta désapprobation ? Maintenant, je ne m'agite pas beaucoup, je ne me repens pas de mes actes peu désirables. Est-ce parce que je m'y suis habitué?  

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Oui; en continuant à faire ce que tu sais très bien qui ne doit pas être fait, tu t'endurcis et tu voiles de plus en plus ta conscience.

 

Je croîs que la volonté de m'élever est persistante.

 

Il est de la plus grande importance que cette volonté s'affirme et triompher C'est tout à fait nécessaire.

8 juin 1936

 

Hier, lorsque j'ai appris que P. était malade, je n'ai pas pu résister à l'impulsion d'aller la voir et de l'aider. Pourquoi est-il plus facile d'aimer un être humain que d'aimer le Divin ?

 

Je ne vois pas que ce soit plus facile. Cela dépend des personnes. La différence est que ce que les hommes appellent "amour" quand il s'agit d'un autre être humain, n'est pas de l'amour du tout, mais un affreux mélange de sentimentalité et d'égoïsme, de faiblesse, d'ignorance et de sensualité. Il est évident qu'un pareil sentiment ne peut pas s'adresser au Divin.

17 juin 1936  

Est-ce possible qu'après avoir reçu Ton aide, on l'utilise mal ou même pas du tout ?

 

Oui, cela arrive très souvent.

26 juin 1936 

Veux-Tu m'expliquer comment il arrive qu'on utilise mal Ton aide ou qu'on ne l'utilise même pas ?  

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On reçoit la force et le pouvoir que je donne et on s'en sert pour satisfaire ses propres désirs au lieu de l'utiliser pour le service du Divin.

2 juillet 1936

 

Comme je me suis éloigné de la vie spirituelle, de la vraie attitude ! Cette affaire d'amour humain prend de si grandes proportions qu'ensuite il devient difficile de s'en défaire. Pourquoi est-ce ainsi ?

 

Il faut une grande vigilance pour ne pas tomber dans les mouvements de la conscience inférieure ; et il faut une volonté bien plus grande encore pour en sortir. Ainsi arme-toi de patience et de volonté.

4 juillet 1936

 

C'est trop pénible, fais un miracle pour que je me détache des mouvements du vital. Hier soir j'étais très inquiet, je ne savais que faire. Je ne sais si je pourrai rester debout au milieu de ce chaos. J'ai peur qu'il ne se produise des réactions fâcheuses à l'avenir à cause de cette rupture forcée.

 

Ne fais pas une montagne d'une si petite chose ; plus tard tu riras de cette aventure — que tu prends au tragique maintenant — quand un peu de lumière et de conscience aura pénétré ton vital inférieur.

6 juillet 1936

 

P. m'a envoyé une lettre et je lui ai répondu. Mais aimes-Tu que nous communiquions ainsi? Veux-Tu que je cesse complètement de lui parler et que je refuse d'aller chez elle ?

 

Je ne vois aucune utilité à ce que tu me demandes ce que je veux ou ce que je ne veux pas — car ma volonté est que  

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tu t'élèves au-dessus de la conscience inférieure et que tu deviennes conscient de ton être psychique afin que ton être psychique gouverne ta vie et tes actions. En l'occurrence il faut que tu te demandes ce que tu es capable ou pas capable de faire et agir pour le mieux, à chaque moment, selon ta capacité.

7 juillet 1936

 

Hier soir, j'étais devenu fou, ma conscience s'était abaissée et rien ne m'intéressait : ni le repos, ni la lecture, ni le sommeil. Ce que je dis est vrai et non pas une imagination.

 

Je trouve tout cela complètement ridicule et tout à fait hors de proportion avec les circonstances.

 

Veux-Tu me dire pourquoi je sens tout cela maintenant. Je n'avais jamais senti une impulsion si excessive.

 

Parce que le vital a l'esprit de contradiction. Si je lui avais dit : tu ne dois pas et ne pourras jamais quitter P., il n'aurait songé qu'à une chose : s'enfuir loin d'elle !

 

Crois-Tu qu'il n'y a aucun mal à me forcer à me détacher de P. ? Est-ce qu'il ne se produira pas des réactions terribles ?

 

N'exagère donc pas comme cela. Ces réactions ne sont "terribles" que si tu les penses telles. Rectifie ta pensée, vois à quel point tout cela est enfantin et sans importance, et toutes ces "terribles" réactions disparaîtront tout à fait.

7 juillet 1936

 

Je crois qu'un jour viendra où Tu auras confiance en moi et où Tu ne croiras pas que je suis hypocrite et que je peux, faire des choses en cachette, où je Te montrerai que je suis sincère.  

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On ne peut être parfaitement sincère que lorsqu'on est complètement conscient. Mais garde ta volonté d'être de plus en plus parfaitement sincère — et tout ira bien.

10 juillet 1936 

Veux-Tu me dire pourquoi ma pensée aime à dramatiser et à changer en montagnes des petits .tas de sable?

 

Tout ce qui n'est pas éclairé dans l'être aime toujours cela,

 

Voudrais-Tu me montrer la vraie manière de faire des efforts ?

 

Il faut cultiver sa volonté comme on cultive ses muscles — par un exercice méthodique. Ne jamais se permettre de faire une chose quand on a décidé de ne pas la faire.

 

La justice, la justice, où est la justice ?

 

Insensé ! n'appelle pas la justice — c'est-à-dire la conséquence rigoureuse de tes actes —, seule la Grâce divine peut te tirer de ta difficulté.

10 juillet 1936

 

Crois-Tu que je sois devenu pire qu'auparavant ? ou bien que toutes ces choses étaient déjà en moi et que je n'en étais pas conscient?

 

On porte toujours en soi le germe de tout ce que l'on est et fait. Mais ce germe peut mourir avant d'éclore et c'est ce qui devrait arriver aux choses indésirables.

15 juillet 1936 

Un doute subsiste encore dans ma conscience : Tu crois même le mensonge.  

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Je sais tout à fait bien quand les gens mentent, même quand ils mentent très bien et s'imaginent pouvoir me tromper.

15 juillet 1936

 

J'aspire à ce que T'a Grâce vienne et me soulève de la conscience ordinaire vers la conscience spirituelle.

 

POUR que la Grâce t'aide, il faut que tu remplisses les conditions et la première de toutes est de repousser tout doute, si petit soit-il. Je te répète encore que tu feras bien de relire avec soin et attention les deux premiers chapitres de La Mère.

16 juillet 1936

 

Je suis orgueilleux, vaniteux : je pense que je suis capable de tout comprendre ! C'est très naturel que la Grâce se retire de moi.

 

La Grâce ne se retire pas à proprement parler ; on se met dans l'impossibilité de la recevoir. Mais il suffit de prendre la bonne attitude et de la garder pour que la Grâce puisse de nouveau faire son oeuvre de sauvetage.

17 juillet 1936

 

Sri Aurobindo dit dans La Mère : "Si une partie de l'être se soumet, mais qu'une autre partie se réserve et suive son propre chemin ou pose ses propres conditions, alors chaque fois que cela se produit, vous repoussez vous-même la grâce divine loin de vous."¹

Maintenant, j'ai compris la soumission que j'ai à faire. Mais une partie veut la jouissance ordinaire et ne veut pas d'un bonheur spirituel qui exige la soumission.

 

¹Sri Aurobindo, La Mère, éd. 1991, p. 3.

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La consécration est une chose horrible pour cette partie, qui veut la fuir.

 

Il faut rester ferme dans sa volonté, user de persuasion et petit à petit la partie révoltée se soumettra. C'est par ignorance qu'elle refuse de se soumettre. Il faut dissoudre cette ignorance.

17 juillet 1936  

Veux-Tu me dire ce qu'il reste encore à faire pour que la Grâce puisse revenir ?

 

Sois tranquille et aie confiance en la Grâce, elle est toujours là prête à aider ceux qui l'appellent d'un cœur sincère.

18 juillet 1936

 

Tant que je ne sors pas le matin, je suis calme, je peux me concentrer, étudier. Une fois que je suis sorti, je ne peux plus étudier, surtout à cause des relevés de compteurs : je dois aller dans les chambres des gens, parfois . j'ai mal à la tête, ne pouvant supporter l'atmosphère.

 

Quand tu fais ton travail, il faut t'occuper de ton travail seulement et pas des gens — tu n'as pas besoin de leur parler ni de t'occuper d'eux.

21 juillet 1936 

Ô Maman, je veux devenir conscient que Tu veilles sur moi à chaque instant.

 

Fais un pas en arrière de la conscience de surface, rentre juste un peu au-dedans de toi et tu t'en apercevras.

24 juillet 1936

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La Justice universelle nous empêche-t-elle, lorsque nous le voulons, de nous élever au-dessus de l'univers ?

 

Dans une certaine mesure, oui. Certainement pour s'élever au-dessus de l'univers il faut être tout à fait libéré de la Justice car elle fait partie de l'univers.

25 juillet 1936  

Divine Mère, se peut-il qu'on reçoive mal la bonté ?

 

Oui, c'est même ce qui se passe le plus souvent chez les êtres humains. "

27 juillet 1936

 

Maman, puis-je T'écrire directement lorsque j'ai besoin de quelque chose en supplément ? parce que à "Prospérité¹" on agit comme un détective et on pose des questions personnelles.

 

C'est sur mon ordre qu'on pose des questions à tout le monde à propos des choses demandées.

4 août 1936  

Ô ma Bien-Aimée, apprends-moi à T'aimer véritablement.

 

L'amour véritable est un oubli de soi.

5 septembre 1936  

On se met dans un état sans Grâce par la désobéissance à son gourou. À cause de mes activités ignorantes et obscures,

 

¹Département de l'Ashram qui pourvoit aux besoins essentiels des sâdhaks.   

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il est naturel que la Grâce soit voilée pour moi. Un jour je l'aurai de nouveau.

 

Je suis sûre que la Grâce ne s'est pas retirée de toi, mais peut-être ta conscience s'est-elle placée dans une condition où elle ne peut plus sentir la Grâce.

7 septembre 1936

 

Je ne Te sens pas dans mon cœur, mais je Te vois au-dessus de moi. Si mon sentiment n'est pas faux, veux-Tu me dire la différence ?

 

Non, ce n'est pas faux.

Dans le cœur c'est un contact psychique, au-dessus de la tête c'est un contact mental.

10 septembre 1936 

Dans quelle partie du mental se trouve Ta présence ? Le mental supérieur.

 

Quelle différence d'effet y a-t-il entre Ta présence dans le cœur et au-dessus du corps ?

 

Aucune différence dans son effet.

11 septembre 1936

 

Je ne sais pas pourquoi, mais je n'arrive pas à manger selon le besoin. Si je mange beaucoup, mon estomac devient lourd.

 

Probablement tu manges trop vite. Tu dois avaler sans mâcher. Il faut bien mastiquer la nourriture et manger calmement. Alors on peut manger davantage et l'estomac ne devient pas lourd.

14 septembre 1936

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Ta présence est devenue un peu froide, et je ne sens plus le bonheur et la paix depuis quelque temps, ce qui montre qu'il est advenu quelque chose enmoi.

 

La conscience extérieure a de la difficulté à garder le feu de l'aspiration brûlant toujours avec la même intensité. Mais, avec la volonté, il faut veiller sur le feu purificateur et le réveiller quand il s'endort.

14 septembre 1936  

Mère, la raison a-t-elle une place dans l'amour vrai ?

 

Ils peuvent être ensemble dans une nature mais généralement ils n'ont pas grand-chose à faire l'un avec l'autre.

18 septembre 1936  

L'humilité — Tu voulais dire garder l'humilité envers tout le monde ?

 

Certainement non.

 

Être humble devant Toi, oui, cela je le ferai. Que je reçoive Ta Grâce pour réaliser l'humilité !

 

C'est vis-à-vis du Divin qu'il faut être humble, une humilité absolue et intégrale.

19 septembre 1956  

N'est-ce pas vrai qu'on peut sentir Ta présence avant d'avoir l'amour psychique pour Toi ?

 

C'est le psychique surtout qui sent la présence. Mais parfois aussi le mental et le vital et même le physique la perçoivent.

 

Si c'est Ta volonté qu'une certaine chose se fasse, pourquoi ne se ferait-elle pas ?  

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Si Tu veux que je comprenne la philosophie, pourquoi ne la comprendrais-je pas ?

 

Pour développer l'esprit philosophique il faut étudier méthodiquement la philosophie, les différentes écoles, leurs théories, etc., etc.

22 septembre 1936  

Maman, voudrais-Tu me aire les noms de quelques bons écrivains français que je puisse lire ?

 

Si c'est pour apprendre la langue française il faut prendre un traité de la littérature française pour l'étudier et lire un ou deux livres de chaque auteur mentionné dans le traité en commençant par le commencement, c'est-à-dire les auteurs les plus anciens.

22 septembre 1936  

J'ai toujours été bon pour M.D. bien qu'elle m'ait injurié et m'ait fait beaucoup de mal. Tu vois le résultat.

 

Il ne faut pas faire le bien dans l'espoir d'avoir une récompense, mais pour le plaisir de faire le bien. Alors on est toujours heureux quoi qu'il arrive.

23 septembre 1936

 

On m'a dit que si on sent Ta présence, c'est qu'on a de l'amour psychique pour Toi.

 

Il n'est pas impossible de sentir la Présence sans avoir de l'amour psychique. Mais ce doit être un cas assez rare.

24 septembre 1936  

Je vais commencer à étudier l'histoire de la littérature.  

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J'ai vu que je ne comprends rien à Corneille, c'est-à-dire que je ne comprends pas le vieux français.

 

Corneille n'est pas du vieux français, Corneille est du français classique. Il est tout à fait indispensable d'étudier le français classique si on veut avoir une chance de parler le français correctement. Il faudra certainement que tu lises les auteurs principaux du XVIIe siècle. C'est indispensable pour entrer dans l'esprit de la langue.

25 septembre 1936  

Je ferai comme Tu voudras. J'étudierai méthodiquement une pièce de chaque auteur.

 

Ne te dépêche pas, étudie cela tranquillement et sérieusement sans te hâter et en faisant effort pour comprendre. Tu trouveras tous les mots employés par ces auteurs dans le dictionnaire.

26 septembre 1936

 

Ne vaudrait-il pas mieux que je n'étudie que la littérature française pour le moment ? Ainsi après avoir bien saisi la langue, je reprendrai les autres sujets.

 

Tu peux ajouter la géographie, la grammaire, l'histoire et l'arithmétique, cela ne te fera pas de mal.

28 septembre 1936 

À quelle heure veux-Tu que je me couche et que je me réveille?

 

Il faut prendre sept heures de sommeil.

29 septembre 1936 

Pendant combien de temps veux-Tu que je lise et que j'étudie?  

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Quatre heures d'étude par jour, avec application, est suffisant.

30 septembre 1936 

Pour sentir que Tu m'aimes, que dois-je faire ?

 

Donner plus d'importance à aimer qu'à être aimé.

3 octobre 1936  

Crois-Tu que l'étude m'aide dans ma sâdhanâ ?

 

C'est une discipline qui est bonne à la fois pour le mental et le vital.

5 octobre 1936

 

D.L. m'a écrit que son ami R.N. lui avait dit: "Il nous faut donner de tout cœur notre sympathie à tous ceux qui en ont besoin — fût-ce aux dépens de notre sâdhanâ."

 

Absurde!

 

Elle dit que c'est la sâdhanâ la meilleure, celle qui nous ennoblit le plus. "refuser notre amour, c'est nous enfermer dans notre petit ego ; l'étendre sur tous, c'est élargir notre être et nous rapprocher de Lut. "

 

Il y a du vrai dans ce qu'elle dit mais c'est mélangé à l'habituel mensonge de la sentimentalité humaine.

 

J'ai dit à D.L. qu'il ferait mieux de Te demander avant de faire ce que R.N. lui propose, parce qu'il me semble qu'il n'est pas nécessaire de faire tout cela quand on s'est tourné vers Toi.  

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C'est dans le Divin que l'union avec fout et tous doit se faire, pas directement et en dehors de Lui.

12 octobre 1936 

Crois-Tu, Mère, que l'on puisse avoir de la vraie sympathie pour les autres avant d'en avoir pour le Divin ?

 

Non, ce n'est pas possible.

13 octobre 1936

 

Aujourd'hui Tu m'as donné une fleur qui signifie "Le travail désintéressé". Ainsi je dois trouver l'intérêt qui se cache derrière tout travail.

 

Cette fleur veut dire exactement : tout travail qui est fait, en toute sincérité, dans la consécration au Divin.

13 octobre 1936  

Mère, n'est-ce pas que nous ne devons pas penser à notre progrès ?

 

Certainement il ne faut pas s'en tourmenter, mais il faut vouloir progresser.

14 octobre 1936

 

Aujourd'hui Tu m'as donné une fleur qui signifie "La flamme psychique", mais je ne comprends pas bien ce que Tu veux me dire ?

 

Agni est la volonté de progrès, la flamme de purification qui brûle tous les obstacles et toutes les difficultés. En te donnant la fleur je t'encourage à le laisser brûler en toi.

15 octobre 1936

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Est-il nécessaire d'écrire les leçons de géographie et d'histoire ? Je peux les étudier en les lisant.

 

On apprend mieux ce que l'on écrit.

 

Souvent ma main se lasse en écrivant.

 

Tu n'as qu'à te reposer une ou deux minutes et puis recommencer.

18 octobre 1936

 

Hier S. m'a dit qu'elle n'aime pas Napoléon 1er, qu'il n'était pas un homme bon, qu'il a détruit la France. Et Toi, Mère, qu'en penses-Tu ?

 

C'était une grande et exceptionnelle figure. Naturellement il avait ses défauts et il a commis des erreurs — mais loin de détruire la France il lui a donné une gloire impérissable. Je te dis tout cela mais il ne faut pas aller le répéter à S.

21 octobre 1936  

Que voulais-Tu dire en me donnant la fleur "Protection" ?

 

La protection est là, c'est à vous de savoir en tirer profit.

 

Mère, y a-t-il vraiment de la souffrance dans notre yoga ? Les gens qui souffrent, souffrent-ils à cause des difficultés ?

 

Non. Ils souffrent généralement à cause d'un manque de sincérité.

 

Peut-être veut-on se satisfaire de quelque chose par la souffrance !  

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Oui, cela arrive aussi.

 

Toute souffrance dans ce yoga m'apparaît imaginaire.

 

Oui.

 

Qui est-ce qui souffre, le vital? Est-ce parce qu'on ne satisfait pas ses désirs ?

 

Le plus souvent — mais il s'arrange pour souffrir aussi quand les désirs sont satisfaits.

 

Si on comprend la cause de la souffrance, il n'y a plus de souffrance.

 

C'est juste.

 

C'est par notre stupidité que nous souffrons.

 

En général c'est ainsi.

22 octobre 1936 

N'est-ce pas que je m'approche toujours de Tôt avec quelque désir ?

 

Tu t'approches de moi en pensant presque exclusivement à toi-même.

23 octobre 1936 

Je crois que c'est pour cette raison-là que je ne perçois pas Ton amour.

 

Sûrement si au lieu de penser à l'amour que je te donne ou que tu voudrais que je te donne, tu pensais à l'amour que tu veux avoir pour moi, tu serais plus ouvert et réceptif.

 

Il me semble que c'est T'a Grâce seule qui peut me permettre de m'oublier.  

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Il faut aussi que tu exerces ta volonté.

24 octobre1936  

Aujourd'hui je me sens fatigué. Tu me diras la raison de cette fatigue.

 

C'est probablement que tu as fait des choses fatigantes pendant ton sommeil.

26 octobre 1936  

Veux-Tu me dire quel genre de choses fatigantes j'aurais fait pendant le sommeil ?

 

La fatigue dans le corps est la traduction physique qui provient de certaines activités et de certains contacts dans le vital. On peut, dans son sommeil, aller dans de fort mauvais endroits du vital et rencontrer de forts mauvais êtres.

27 octobre 1936  

Ô Mère, comment lutter contre ces fatigues? Je ne puis ni étudier, ni lire, tant j'ai sommeil.

 

Si tu as si sommeil, cela prouve que pour une raison ou une autre tu as besoin de dormir — ce ne serait pas bon de résister.

28 octobre 1936 

Alors comment éviter ces contacts du monde vital, pour ne plus être fatigué ?

 

Il faut se servir de sa volonté avant de s'endormir. Vouloir un repos tranquille durant son sommeil.

28 octobre 1936

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Veux-Tu me dire d'où vient cette grande perte de Ta présence, du bonheur, de l'amour, et comment retrouver tout cela ?

 

Par une ferme et constante volonté et une calme décision, par le refus de se laisser troubler par les choses extérieures, par la confiance dans la Grâce Divine et la soumission à ses décisions.

29 octobre 1936 

On m'a dit que ce n'est pas nécessaire de se soumettre, d'être sincère ; on n'a qu'à s'ouvrir. Est-ce vrai?

 

Certainement non. Qui a dit une telle absurdité ?

Sans la sincérité le chemin du yoga est dangereux, sans la soumission il est impossible.

30 octobre 1936  

Que voulais-Tu nous dire en nous donnant la fleur "Confiance" ?

 

SI l'on n'a pas pleine confiance en le Divin, l'aide du Divin ne peut avoir tous ses fruits.

6 novembre 1936

 

Crois-Tu qu'il peut être mauvais pour moi de lire des livres où on ne parle que de la vie ordinaire, des bonheurs et des malheurs de la vie ?

 

Évidemment ce n'est pas très utile, à moins que le livre ne soit très bien écrit et que tu le lises uniquement pour apprendre le français.

14 novembre 1936  

Je voudrais savoir, s'il est bon, d'une façon générale, pour les petits enfants de toujours jouer ?  

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Pour les enfants il doit y avoir le temps du travail et de l'étude et le temps du jeu.

16 novembre 1936

 

Parfois il arrive que je ne puis me concentrer sur mes études. Il y a quelque chose à ce moment-là dans le cerveau qui m'empêche d'étudier et même de lire.

 

C'est le tamas.

17 novembre 1936 

Qu'est-ce qui n'aime pas étudier et se fatigue en étudiant : le cerveau ?

 

Le mental physique qui n'a pas été habitué assez jeune à l'effort d'apprendre.

 

Y a-t-il aucun mal si je reste sérieux, si je ne me mêle pas aux autres ?

 

Non, il n'y a pas de mal.

 

Il me semble qu'un mode de vie concentré serait utile pour me tourner vers Toi, mais aussi pour mieux étudier.

 

Sans aucun doute.

18 novembre 1936  

Crois-Tu que mon esprit se développe ?

 

Certainement l'étude régulière ne peut manquer de le développer.

7 décembre 1936

 

De plus en plus je dirige mon attention vers l'étude et de moins en moins vers la sâdhanâ. Je ne sais si c'est désirable.  

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C'est bien ; l'étude peut devenir partie de la sâdhanâ.

8 décembre 1936 

Crois-Tu, Mère, que tout va de mieux en mieux ? Il me semble que je fais moins d'efforts qu'auparavant.

 

En ce moment tu fais des progrès ; mais il faut attacher plus d'importance à la stabilité et la réalité du progrès qu'à son apparence. Je veux dire qu'il est plus important de faire des progrès, même invisibles, que d'en avoir l'air.

9 décembre 1936

 

Ai-je tort de croire que les sâdhaks devraient ne pas avoir de rapports avec les gens de la vie ordinaire, ceux qui n'ont aucune inclination vers la vie spirituelle ?

 

Évidemment ce serait beaucoup mieux.

12 décembre 1936

 

U.S. et moi étions plutôt bons amis. Mais un jour il a tout d'un coup cessé de me parler, et depuis il m'évite. Je n'ai besoin de personne car Tu es mienne et je suis tien, ô Maman, Tu es tout pour moi !

 

Il est évident que les relations humaines sont très instables. Seules les relations avec le Divin peuvent être permanentes.

14 décembre 1936 

Mère, je voudrais savoir si mon progrès est stable, s'il n'est pas superficiel.  

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Il y a toujours moyen de garder ce que l'on a gagné. Il faut savoir se servir de sa volonté.

15 décembre 1936  

J'avais demandé à "Prospérité" deux cahiers reliés en carton, on ne me les a pas donnés. Est-ce Toi qui les avais refusés ?

 

Non, je n'ai rien refusé ; mais sans doute n'ont-ils plus de cahiers et ceux-ci doivent-ils être faits. Mais à vrai dire tu fais une consommation de cahiers fantastique. Je suis sûre que tu en as un grand nombre dont seulement quelques pages sont écrites et qui pourraient être avantageusement utilisés pour autre chose. Ce n'est jamais bon de gaspiller — trop de gens dans le monde manquent du nécessaire.

15 décembre 1936

 

Une autre remarque : il paraît que S. aime bien fréquenter les garçons, elle n'est plus tout à fait comme une petite enfant. Je ne sais pas si je n'ai pas tout à fait tort de faire cette observation.

 

Je ne pense pas que ce genre de remarques et l'état de conscience qu'elles impliquent, puissent être très utiles pour ta sâdhanâ.

17 décembre 1936  

Veux-Tu m'expliquer comment les remarques du genre de celles que j'ai faites hier ne peuvent pas être utiles?

 

Les remarques de ce genre sont toujours faites sur des apparences et avec le mental physique qui a toujours tendance à interpréter les choses de façon peu bienveillante — rien n'est plus contraire à la connaissance véritable qui est toujours basée sur la compréhension intime des choses et sur la perception psychique.

18 décembre 1936

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Crois-Tu que jouer aux billes tirerait ma conscience vers le bas ?

 

Tout dépend de l'esprit dans lequel tu joues. Si tu es sur tes gardes et que tu aies soin de rester conscient, cela va bien.

19 décembre 1936

 

Hier je suis venu au pranâm après avoir joué et je n'ai pas pu bien me concentrer. Cela prouve que le jeu n'est pas très bon pour moi.

 

Évidemment, de jouer avant le pranâm ne peut pas être utile à la concentration.

 

Que voulais-Tu dire en me donnant la fleur "Organisation" ?

 

Organise ta vie, ton travail, ta conscience.

L'organisation consiste à mettre chaque chose à sa vraie place.

23 décembre 1936 

Ô Mère, que je Te cherche dans l'endroit où Tu Te trouves !

 

Lorsque tu m'auras trouvée tu verras que je suis partout.

23 décembre 1936  

Ô Mère, je trouve, en effet, que ma vie, mon travail, ne sont pas organisés. Ne peux-Tu pas m'aider à les organiser?

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Le premier pas est de prendre l'habitude de la régularité dans la discipline journalière.

24 décembre 1936

 

Je voudrais que Tu organises mon emploi du temps de la journée : à quelle heure je dois me réveiller ; pendant combien de temps je dois lire du français, étudier ; si je dois me reposer l'après-midi.

 

Je ne pense pas du tout qu'il soit utile que j'arrange tout cela pour toi. Il faut que tu trouves, par une adaptation progressive, le programme qui te convient le mieux et tout en t'y tenant avec grand soin, pourtant le garder un peu plastique pour l'adapter aux besoins de chaque jour.

30 décembre 1936 

Crois-Tu, Mère, que j'aie de l'amour pour Toi comme un enfant envers une maman ?

 

L'amour d'un enfant pour sa mère est fait d'une confiance spontanée et absolue. En toi un tel amour ne peut être basé que sur une ouverture psychique car le psychique est comparé à un enfant justement parce qu'il éprouve pour le Divin cette confiance spontanée et absolue.

12 janvier 1937  

Mère, veux-Tu me faire comprendre où je suis en ce moment, ce qui m'arrive.

 

Il faut faire un effort pour comprendre, autrement toutes mes explications ne serviraient à rien.

11 mars 1937 

Il me semble qu'il y a quelque chose, quelqu'un dans le mental physique qui me tire en bas. Je ne sais que faire.  

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Il faut empêcher ce quelqu'un ou ce quelque chose de te tirer en bas. Tu as bien une volonté — à quoi sert-elle ?

12 mars 1937 

Maintenant veux-Tu m'expliquer ce que c'était que cette obscurité qui m'envahissait?

 

Quand tu sens une obscurité t'envahir et t'éloigner de moi, tu peux être sûr que c'est une influence étrangère qui s'est introduite dans ton atmosphère.

19 mars 1937 

Y a-t-il aucun mal à ce que je lise des romans en français?

 

La lecture des romans n'est jamais salutaire.

 

Que doit-on faire pour ne pas être affecté par des influences étrangères ?

 

Se concentrer sur le Divin.

24 mars 1937  

Le mal à la tête terminé, commence le mal au dos et à la poitrine. Veux-Tu me dire la raison de la succession de tous ces maux ?

 

Les causes sont toujours complexes, le plus souvent obscures et viennent de suggestions qui affectent le subconscient.

27 mars 1937

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Un rêve : j'ai vu un papayer avec des fruits tout à fait mûrs, des corbeaux et un singe se trouvaient sur cet arbre pour manger les fruits. Je leur ai jeté de la poussière et tous, excepté le singe, s'enfuirent. Il se précipita sur moi et je le mis en pièces. Je crois qu'il y a une signification à ce rêve.

 

Le singe symbolise généralement le mental physique pas contrôlé. Dans ce cas-ci il voulait, sans doute, voler les fruits de l'aspiration spirituelle.

29 mars 1937  

Hier je T'ai écrit au sujet de X. parce que je n'aime pas qu'il y ait un échange d'influence entre lui et Y.

 

Je le savais, mais je préfère toujours que mon action s'exerce en silence.

14 avril 1937

 

Tu préfères toujours que ton action s'exerce en silence. Quand choisis-Tu de nous informer par écrit? Tu m'as écrit souvent tant de choses, parfois même sans que je Te les demande.

 

Je dis, quand il y a une nécessité immédiate d'obtenir un résultat, à deux catégories de personnes :

1. Ceux qui sont de très bonne volonté et aspirent à beaucoup savoir.

2. Ceux qui sont tellement enfermés dans leur conscience extérieure qu'ils ne comprendraient jamais rien à moins que je ne le dise carrément.

15 avril 1937  

Voudrais-Tu me dire quelle est ta place du jeu dans ce yoga, du point de vue de la conscience supérieure ?  

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Aucune place spéciale que je sache.

28 avril 1937  

Si Tu croîs qu'il n'y a aucune place pour le jeu dans le yoga, pourquoi m'as-Tu donné la permission de jouer?

 

Je n'ai pas dit que le jeu n'a pas de place dans ce yoga, j'ai dit qu'il n'avait pas de place spéciale.

 

G. écrit : "Je constate que tu es toujours très agité et tu as autour de toi une atmosphère qui n'est pas du tout favorable à l'enseignement."

 

Oui, tu manques du calme mental qui rend l'étude profitable et tu éprouves une grande difficulté à te concentrer sur ce que tu fais.

 

Je voudrais savoir comment on considère le jeu au point de vue de la conscience supérieure — comme une jouissance vitale ?

 

Le jeu peut être un délassement utile, surtout pour les jeunes enfants ; le jeu peut être une jouissance vitale, si le vital en tire profit pour lui-même — tout dépend de l'attitude que l'on a quand on joue.

 

Je crois qu'il est permis de plaisanter.

 

Il y a aussi des plaisanteries qui sont mauvaises et vilaines et doivent être évitées avec soin. Toutes les plaisanteries qui blessent ou qui rabaissent la conscience sont mauvaises.

29 avril 1937 

Quel est l'état présent de ma conscience ? Il me semble que je n'avance plus. Pourquoi et comment?  

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Si tu te préoccupais un peu moins de toi-même, peut-être progresserais-tu davantage.

1er mai 1937  

Voudrais-Tu me dire pourquoi je pense tant à moi-même ? Il y a des gens, je crois, qui ne pensent point à eux-mêmes, au contraire.

 

Ceux-là sont, en vérité, bien rares. Penser à soi est l'habitude la plus répandue de l'être humain. Seul un yogi peut s'en libérer.

3 mai 1937

 

Si on ne pensait pas à soi, on se laisserait entraîner par le courant de la vie dans l'océan de misère et de souffrance dans lequel presque tout le monde se trouve. Ce ne serait pas bon, on ne pourrait jamais sortir de l'univers et atteindre la vérité !

 

Heureusement que tu es là pour m'apprendre ce qu'il faut faire, autrement, sans doute je ne le saurais pas ! ! !

4 mai 1937 

Quand on fait quelque chose pour quelqu'un, est-il nécessaire de s'identifier avec cette personne ?

 

Non, pas nécessairement, mais il est difficile de ne pas recevoir quelque chose de leur influence.

17 mai 1937 

Si quelqu'un m'enseigne, est-il nécessaire qu'il s'identifie à moi, se concentre sur moi ?

 

Sans concentration on n'arrive à rien.

18 mai 1937

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G. U. écrit : "Certains me conseillent de manger des œufs et du poisson pour améliorer ma santé. Veuillez demander à Mère si je peux manger du poisson."

 

Ce sont choses que le docteur doit décider, si c'est une question de santé.

 

"Je me sens attiré par Mère, mais je dois songer en même temps à mes parents qui m'ont élevé. Je dois m'acquitter de ma dette envers eux." Je voudrais que tu écrives quelque chose sur cette dernière phrase.

 

Je n'ai rien à dire là-dessus. C'est à chacun à trouver sa propre orientation. Lorsque l'on a choisi de vivre pour le Divin, rien d'autre dans le monde ne doit compter ; mais tant que l'on n'a pas pris de décision, il faut trouver en soi l'orientation que l'on veut donner à sa vie.

26 mai 1937 

N'est-ce pas vrai, Mère, qu'il n'est pas obligatoire pour un fils de servir son père ?

 

Seul celui qui se consacre entièrement au Divin a le droit de s'abstenir de ses devoirs envers ses parents.

27 mai 1937

 

Il me semble que je m'éloigne de Toi de plus en plus. Il me semble aussi que je suis devenu plus terne, plus insensible, plus ordinaire. Dans le calme je Te prie de me montrer le chemin que je dois suivre.

 

C'est déjà un grand progrès de découvrir ses faiblesses et ses imperfections. Le premier pas vers le progrès est l'humilité sincère.

25 juin 1937

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Est-il vraiment nécessaire d'avoir beaucoup de sympathie pour les autres ?

 

Pas nécessairement.

 

Je croyais qu'une indifférence calme est la meilleure des choses dans beaucoup de cas.

 

Oui, ceci est de beaucoup préférable.

28 juin 1937 

P.S. m'a parlé, ce qui n'était pas nécessaire. Est-il bon d'attacher de l'importance à ces choses ?

 

Il ne faut y attacher aucune importance. Mais il vaut encore mieux ne pas écouter. Le bavardage est toujours une chose nuisible.

23 juillet 1937  

Ce matin, je me sentais troublé; peut-être était-ce une force vitale venue pendant le sommeil.

 

Quand tu te sens troublé, il faut t'asseoir dans quelque endroit solitaire et demander la paix jusqu'à ce que tu sentes que le trouble a disparu.

1er septembre 1937  

Ma vie à présent n'est pas disciplinée, pourtant elle m'apparaît calme ; voudrais-Tu qu'elle soit un peu plus régulière ?

 

Il faut discipliner la conscience physique du dedans, et c'est du dedans aussi que surgira l'ordre extérieur de la vie physique.

8 septembre 1937

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Tu me dis de discipliner ma conscience physique du dedans, mais je ne sais ni ce qu'elle est ni comment le faire.

 

Je veux dire que la conscience physique doit être disciplinée par une force qui agit du dedans.

11 septembre 1937  

G.U. m'a envoyé une lettre de son ami où celui-ci parle de faire le yoga et de se réfugier ici.

 

Nous ne pouvons prendre ainsi personne

1. sans avoir tous les renseignements sur cette personne, nom, famille, état de santé, occupation, etc., etc.,

2. sans l'avoir vue.

3. Et en tout cas nous ne prenons d'abord qu'à l'essai pour savoir si la personne est apte à faire ce yoga ou non.

Donc la première chose à faire pour ce garçon est de nous écrire une lettre en anglais en nous donnant tous les détails k nécessaires et aussi en expliquant les raisons pour lesquelles il veut faire le yoga.

Et il doit aussi envoyer sa photographie.

7 octobre 1937

 

Je te demande pardon d'avoir gardé une certaine familiarité avec K.N., quoique tu m'aies dit de ne pas le faire. Ô Mère, je veux Ton amour ! Sans amour comment vivre ?

 

Pour obtenir l'amour divin il faut renoncer à tout autre amour.

28 décembre 1937  

Un rhume de cerveau essayait de s'introduire en moi depuis déjà longtemps :  

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voudrais-Tu m'expliquer pourquoi je n'ai pas pu résister cette fois-ci? Est-ce une diminution de foi ?

 

Pas forcément. Cela peut avoir d'autres raisons aussi. Seul le contrôle sur le subconscient peut donner la résistance invariable à toute attaque.

25 janvier 1938  

Ma chère Maman, voudrais-Tu me donner Tes bénédictions pour ce mois de Ta naissance.

 

Oui, mes bénédictions sont avec toi;

Et je voulais aussi te demander une chose. Tu sais que nous allons construire un nouveau bâtiment¹ selon les méthodes les plus récentes. Beaucoup de travailleurs sont nécessaires pour surveiller les travaux. J'ai pensé que le temps est venu pour que tu prennes une part active dans le travail général. Bien entendu cela impliquera de la régularité, de la constance et une grande sincérité. Il faudrait travailler 8 heures par jour régulièrement excepté les dimanches. Ce sera l'architecte qui va arriver du Japon dans quelques jours, qui te donnera toutes les instructions nécessaires pour le travail. Dis-moi ce que tu en penses et si je puis mettre ton nom sur la liste des travailleurs.

1er  février 1938  

Je suis content du travail que Tu m'as si gracieusement accordé. Ô Mère, permets que je sente Ta présence constamment.

 

Je suis contente que le travail te plaise. Je suis sûre que cela te fera beaucoup de bien de travailler ; cela augmente considérablement la réceptivité.

10 février 1938 

¹Golconde, maison d'hôtes de cinquante chambres.

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Je voulais Te parler du travail en général. Un libre échange des idées et des opinions entre le chef et les surveillants, pas un travail aveugle, mais un travail de connaissance.

 

Ce dont tu parles ne peut pas se faire d'une façon arbitraire, ni par aucune conversation ; cela exige un changement de conscience et seul le yoga peut accomplir ce changement.

6 mars 1938  

Y a-t-il du mal à ce que je parle parfois à H. ?

 

Tout dépend du sujet et de la longueur de vos conversations. Quelques mots en passant n'ont pas d'importance ; mais si vous commencez à parler de choses soi-disant spirituelles cela devient dangereux.

14 avril 1938  

Le coffrage a été trouvé parfait par V., il a dit qu'on ne pouvait mieux faire.

 

En es-tu si sûr ?

Si tu veux apprendre à travailler vraiment bien, il faut être modeste, te rendre compte de tes imperfections et garder constamment la volonté de progresser.

Ce n'est pas en se vantant qu'on progresse.

22 avril 1938

 

L'organisation devient de plus en plus compliquée et je suis de plus en plus inquiet. Je ne sais d'où viennent ces obstacles, jusqu'ici tout allait bien.

 

M.V. veut une certaine organisation ; il m'a lui-même expliqué ce qu'il veut et je suis pleinement d'accord avec lui.  

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C'est la résistance de l'égoïsme en certaines personnes qui complique la situation — autrement tout serait fort simple.

30 avril 1938  

Ô Maman, pourquoi est-ce que je ne sens pas Ta présence ?

 

C'est un excès d'activité mentale qui t'empêche de sentir ma présence.

3 mai 1938  

Une partie de mon être commence à penser aux défauts de C.L.

 

Je crains qu'en cela tu ne subisses des influences qui ne sont pas trop bonnes.

 

Une autre partie dit : "Pourquoi penses-tu du mal des autres ? c'est cela qui t'empêche de sentir la présence divine."

 

Ceci est tout à fait exact.

 

Ô Maman, laisse-moi pleurer dans le silence de mon cœur, pour m'unir à Toi.

 

Entre dans une paix lumineuse et forte. C'est là que tu pourras le mieux réaliser l'union.

6 mai 1938  

Depuis hier, ça ne va pas bien et à nouveau j'ai perdu mon aplomb. Je n'y comprends rien.

 

Certainement ton vital à été contrarié par quelque chose et sans doute une chose sans importance puisque tu n'en as même pas gardé le souvenir. 

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Il ne faut pas prêter trop d'attention à ces sautes d'humeur du vital qui n'ont pas de valeur véritable.

9 mai 1938

 

Maman, je voudrais savoir si je suis arrivé au point de pouvoir faire le don de soi dans le travail. Je ne le crois pas. Je vais essayer de prendre une attitude d'obéissance absolue envers le chef; quoi qu'il dise, il faut le faire sans discuter.

 

Oui, c'est bien ainsi. Si tu n'obéis pas c'est toi qui deviens responsable de la moindre erreur ; si, au contraire, tu obéis scrupuleusement, toute la responsabilité reste avec celui qui a donné les ordres.

10 mai 1938 

Maman, sais-Tu que je pense tout le tems au travail — ce qui n'est peut-être pas très bon.

 

C'est très bien, au contraire, cela t'apprend à te concentrer.

12 mai 1938 

Ô Mère, je suis vraiment très loin de Toi.

 

C'est parce que tu te disperses trop — ta conscience se précipite dans les choses extérieures et superficielles au lieu de rester concentrée.

Juin 1938

 

Depuis quelque temps je suis malheureux; il paraît que Tu as écrit à quelqu'un, à propos de mes défauts, et il le répète à tout le monde. Je ne comprends pas comment cela peut m'aider. Pour le moment rien ne m'intéresse, il me semble que j'entre dans le côté obscur de la nature.  

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C'est Sri Aurobindo qui a écrit que nous sommes conscients des "défauts sérieux" de ta nature. T'imaginerais-tu par hasard que tu n'en as point ? Si tu étais plus prompt à les reconnaître on aurait moins besoin d'y faire allusion. En tout cas je profite de l'occasion pour te dire une chose : tu as certainement des possibilités qui, si elles sont convenablement développées, peuvent devenir de bonnes capacités — mais pour le moment ce ne sont que des possibilités et il serait bon de ne pas oublier qu'il faut beaucoup de temps, d'efforts et de patience pour les changer en des réalisations.

23 juin 1938 

Il me semble que je ne suis bon à rien. Que je n'ai pas de capacité pour apprendre.

 

C'est plutôt un manque d'habitude qu'un manque de capacités.

 

Comme je suis allé loin de Toi!

 

C'est ton vital qui est mécontent parce que je ne l'ai pas complimenté comme il désire l'être. Mais ton psychique est toujours avec moi, il est content que je te rende conscient de ce qu'il faut changer en toi et c'est lui qui insiste pour que je le fasse en dépit du mécontentement vital.

6 juillet 1938  

Douce Mère, tout ce que Tu voudras, j'essayerai de le faire. Ou es-Tu ?

 

Traverse l'ignorance d'un mental qui juge sans savoir, plonge dans les profondeurs d'un silence calme et modeste : c'est là que tu me trouveras.

29 août 1938

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À propos du travail, vaut-il mieux s'abandonner au sort ou se battre contre l'injustice ?

 

Avant de se battre il faudrait être sûr de savoir où est l'injustice. Et cette connaissance-là, seul le Divin peut l'avoir.

2 septembre 1938 

Ma chère Maman, serait-il désirable d'être intime avec F.S.?

 

Pour la sâdhanâ, certainement aucune intimité n'est désirable.

 

Je voudrais que Tu me aises quelque chose sur ma sâdhanâ, j'ai besoin de savoir.

 

Au point de vue spirituel il n'est pas bon de toujours vouloir savoir si ce que l'on fait est bien, si on a fait des progrès, où on en est, etc., etc. C'est encore une occasion de satisfaire son "ego" en attirant l'attention sur lui.

27 septembre 1938 

J'ai parlé à U.M. à propos du bavardage. Cela a provoqué un grand mécontentement envers moi; il est en froid avec moi.

 

Il y a toujours une manière de dire les choses aux gens, qui ne les offense pas.

18 janvier 1939

 

Douce Mère, voudras-Tu me dire pourquoi cette chambre à Golconde, qu'on va bétonner mardi, a mis tant de temps avant d'être prête. Il faut que je sache mes fautes.  

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Le travail ne marche pas bien parce qu'il y a à Golconde une atmosphère de discorde et de désaccord qui empêche la Force de travailler efficacement. Si chacun faisait effort pour surmonter ses préférences et :ses antipathies, le travail irait beaucoup mieux.

22 janvier 1939

 

Est-ce que je ne pourrai plus Te voir dans l'après-midi comme auparavant, et ne plus communiquer avec Toi ? Il y a souvent des choses à Te demander.

 

Lorsque le contact extérieur n'est pas possible, c'est le moment de cultiver et d'obtenir le contact intérieur.

25 avril 1939

 

Aujourd'hui c'est mon anniversaire. Je veux que ce jour soit le commencement d'une vie plus spirituelle et par conséquent il faut faire quelque chose. Tu me diras ce que je dois faire.

 

Ce n'est pas avec le mental que l'on doit décider ce qu'il faut faire. Cela doit être un mouvement spontané prenant place dans une aspiration sincère et constante.

22 mai 1939

 

Maman, je vois que les moustiques Te piquent, le soir, pendant la méditation. Voudrais-Tu me permettre de les chasser avec un éventail ?

 

Non, le mouvement de l'éventail serait encore plus gênant que les moustiques.

12 juin 1939  

Permets que j'entre dans la solitude de mon âme, Ô Mère Divine !  

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Certainement ceci est le plus sûr moyen de me trouver.

4 mai 1940  

Tant qu'on a confiance dans son propre jugement des choses, on est incapable de discerner et de connaître la Volonté divine.

13 juillet 1940

 

Cela m'étonne beaucoup que les gens Te fassent des rapports faux comme cela ; et c'est vraiment regrettable que pareilles choses arrivent juste au commencement du travail. J'espère que Tu as toujours confiance en moi.

 

Les rapports ne m'apprennent jamais rien ; ce n'est jamais sur eux que je juge. Et ce n'est pas ce que les autres me disent qui peut m'enlever ma confiance en quelqu'un.

9 janvier 1941

 

Maman, depuis le jour où j'ai commencé les mathématiques, j'ai souvent mal à la tête. J'ai besoin de procéder lentement, et il me faut deux à trois semaines pour une leçon.

 

Ceci est tout à fait impossible.

Puisque les études de mathématiques te fatiguent, le mieux est de les arrêter.

20 janvier 1941

 

Je n'ai pas de tranquillité mentale à cause du souci de mes études, je trouve l'arithmétique très difficile. Je n'ai pas cette paix intérieure. J'espère que Tu me diras quelque chose sur ce que je viens de T'écrire.

 

C'est toi-même qui as demandé à entreprendre ces études. Je ne vois pas pourquoi tu te plains maintenant de ne pas avoir de tranquillité. 

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Mais si tu trouves que tu travailles trop, tu peux supprimer une chose ou l'autre.

8 mars 1941  

En effet, j'ai eu tort de Te demander d'entreprendre des études de mathématiques. Je veux revenir à cette

attitude de ne rien faire que ce que Tic veux que je fasse, huit heures de travail au Building Service [Service des bâtiments] ; c'est Ta volonté. En dehors de ce travail qu'est-ce que Tu veux que je fasse ?

 

Il me semble qu'en dehors du travail du Building Service, si tu sens l'envie d'étudier, il vaudrait mieux lire les livres de Sri Aurobindo sérieusement et soigneusement sans te hâter. Cela t'aidera plus que toute autre chose pour ta sâdhanâ.

9 mars 1941  

Beaucoup de gens m'ont dit de me faire couper mes cheveux longs. Qu'est-ce que Tu en dis?

 

Cela n'a aucune importance.

14 octobre 1947

 

Actuellement je me sens très loin de Toi. Notre relation d'auparavant n'existe plus, où j'avais confiance en Toi et où Tu avais confiance en moi. Je suis plein de désirs et ne cherche qu'à les satisfaire.

 

Puisque tu es conscient de l'état dans lequel tu te trouves, il est temps de réagir et de te soustraire à des influences qui t'éloignent de moi et te rendent malheureux. Rien n'est perdu si tu réagis tout de suite.

23 octobre 1947  

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Maman, en ce moment je me sens désespéré et je ne trouve pas Ton soutien. Mon esprit travaille beaucoup et me rend malade.

 

Évidemment on serait malade à moins !...

On ne peut pas servir deux maîtres à la fois. Tu as voulu satisfaire ton ego et ses désirs et tu t'es éloigné de ton âme — retrouve ton âme et tu me retrouveras, je n'ai pas changé de place.

7 novembre 1947

 

J'admets, en effet, que je me suis éloigné de mon âme et que c'est là seulement que je Te retrouverai. Mon but en T'écrivant tout cela était de demander Ton aide pour la retrouver.

 

Toute mon aide sera inutile si tu ne prends pas la résolution de surmonter tes faiblesses.

Novembre 1947

 

Maman, pourrais-Tu nous donner 4 roupies par mois pour nous deux, soit pour acheter une boîte de conserve, soit pour aller au cinéma ?

 

Si je vous donne deux roupies à chacun, je ne vois aucune raison valable pour ne pas donner à chaque membre de l'Ashram 2 roupies d'argent de poche par mois et cela fait un minimum de 1.500 (Mille cinq cents roupies par mois).

Cela se passe de commentaires.

Juin 1948

 

J'ai envie d'aller à Bombay. Ce n'est pas que je sois malheureux ici; au contraire, je vis une vie trop facile. J'éprouve un besoin impérieux de faire une comparaison entre la vie ici et celle du dehors.  

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Il me faut un changement et pour que ce changement ait lieu, j'ai besoin de connaître l'autre vie.

 

Tu peux y aller si cela te fait plaisir, mais comme je ne vois pas en quoi cela pourra t'aider à surmonter ton être inférieur et à dépasser les limites de ton ego, ne compte pas sur moi pour aucune aide financière en cette affaire.

28 novembre 1948  

Puis-je aller à Madras voir cette ville et ses environs ? Ma sœur habite là avec sa famille. Je reviendrai avant Darshan.

 

Tu peux y aller si cela te fait plaisir, mais c'est ta famille qui devra te donner l'argent nécessaire. Ne compte pas sur moi pour le faire, car je ne te donnerai rien pour cela, et je te défends de demander de l'argent à aucun membre de l'Ashram ou disciple pour cela, spécialement pas à H.

4 novembre 1949  

 

COMMENTAIRES DE LA MÈRE

sur ses Prières et Méditations

 

(Les lettres suivantes se rapportent toutes aux Prières et Méditations de la Mère. Elles ont été classées ici suivant la chronologie des Prières et Méditations concernées.)

 

"Que de fois par jour, encore, j'agis sans que mon acte Te soif consacré." (2 novembre 1912)

Même après la communion avec le Divin, on agit sans que son acte soit consacré au Divin ?  

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Certainement, la communion et la consécration sont des choses très différentes.

8 novembre 1934  

Mais est-il possible d'avoir la communion avant la consécration ?

 

La partie de l'être qui a la communion n'est pas la même que celle qui n'a pas la consécration.

9 novembre 1934

 

Dans cette prière Tu écris : "Je suis loin encore, très loin sans doute, de cette Identification où je perdrais totalement la notion de "je", et en même temps : "que de fois déjà, quand je le prononce, c'est Toi qui parles en moi, car j'ai perdu le sens de la séparativité." (19 novembre 1912)

Maman, y a-t-il donc une différence entre "perdre le sens de la séparativité" et "l'Identification" ?

 

Perdre le sens de la séparativité est la dernière étape avant l'Identification, et dans l'Identification elle-même il y a plusieurs étapes.

24 septembre 1934 

Dans la prière du 26 novembre 1912, Tu dis : "j'ai presque totalement perdu cette grossière illusion du moi et du mien". Dans la prière du 3 décembre 1912, Tu dis : "dans la mesure où mon attitude Te laisse agir sur moi et en moi, Ta Toute-Puissance n'a pas de limite".

Même après l'identification, l'attitude ne laisse pas agir le Divin complètement, comme le Divin veut !  

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Il y à des degrés en toute chose, et la perfection d'un jour n'apparaît plus comme perfection le lendemain.

7 novembre 1934

 

"Lorsqu'il est nécessaire de savoir une chose on la sait, et plus l'être mental est passif vis-à-vis de Ton illumination, plus l'expression se fait adéquate et claire." (3 décembre 1912)

Maman, quand cela est-il possible ? Souvent je me trompe ; si je pouvais savoir ce qui est nécessaire, à chaque fois, ce serait une chose merveilleuse !

 

Ceci ne peut arriver que lorsqu'on a abdiqué toute préférence personnelle.

26 septembre 1934  

"Car maintenant je serais incapable de redire ce que Tu as dit." (3 décembre 1912)

Pourquoi cela devient-il comme ça ?

 

Parce que la mémoire appartient au mental et ce n'est pas le mental qui parlait, c'était une conscience venue d'au-delà. ,

28 septembre 1934

 

"Oui, il ne faut pas mettre trop d'intensité ni trop d'effort à Te chercher; cette intensité et ces efforts sont un voile devant Toi; il ne faut pas désirer Te voir. " (5 décembre 1912)

Est-ce que c'est pour tout le monde ?

 

Certainement pas.

D'ailleurs, d'une façon générale, il ne faut jamais essayer de reproduire mes expériences.  

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J'ai commencé à les noter après avoir atteint la communion avec le Divin, un état auquel tu es loin d'être arrivé.

Octobre 1934

 

"J'attends, sans hâte et sans inquiétude, qu'un nouveau voile se déchire et que l'Union se fasse plus complète. Je sais que ce voile est fait de tout un ensemble de petites imperfections, de liens sans nombre." (11 décembre 1912)

Je croîs que le voile dont Tu parles ici, est le voile qui se trouve entre le Suprême et le monde matériel obscur — mais ne Te concerne aucunement.

 

Pour faire mon œuvre j'ai été obligée de m'identifier au monde matériel et à ses imperfections.

6 novembre 1934  

"Derrière le voile s'entend déjà la silencieuse symphonie d'allégresse révélant Ta Sublime Présence." (11 décembre 1912)

Est-ce que cela veut dire qu'il y a une musique silencieuse et allègre qui contient Ta Sublime Présence ?

 

Derrière les apparences, il y a une harmonie de forces et de mouvements qui ressemble à l'accord de tous les instruments divers dans une symphonie parfaite.

30 juillet 1934

 

"Je suis la Paix sans fin, la Lumière sans ombre, l'Harmonie parfaite, la Certitude, le Repos et la Bénédiction Suprême." (5 février 1913)

Que veut dire "la Certitude" au sens spirituel?

 

La foi confirmée par l'expérience spirituelle de ce en quoi on a foi.

31 juillet 1934

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"Tous ceux qui Te recherchent avec ardeur devraient comprendre que Tu es là quand il est nécessaire que Tu y sois ; et s'ils faisaient cet acte de foi suprême de ne plus Te chercher mais de T'attendre en se mettant à chaque instant et intégralement à Ton service, dès que ce serait nécessaire Tu serais là." (10 février 1913)

Est-ce que ceci n'est pas pour moi?

 

C'est pour tous ceux — toi comme les autres — qui sont capables de prendre l'attitude avec une sincérité intégrale. Mais je dois dire que cela est encore plus difficile que de faire effort.

14 novembre 1934

 

"Et c'est dans cette simplicité que réside la plus grande puissance, celle qui contient le minimum de mélange et qui donne lieu au minimum de réactions funestes." (12 février 1913)

Alors, cette simplicité n'est pas bonne, je pense, puisqu'elle contient un peu de mélange ?

 

Idiot ! Qu'est-ce qui peut être sans mélange dans le monde tel qu'il est maintenant ? Rien, rien, rien !

Août 1934

 

"Il faut se méfier du pouvoir vital, c'est un tentateur placé sur le chemin de l'œuvre, et l'on risque toujours de tomber dans son piège, car il vous fait apprécier des résultats immédiats. " (12 février 1913)

Ainsi il ne faut jamais se fier au pouvoir vital ?

 

C'est parce que nous aimons les résultats immédiats et visibles que nous nous laissons tromper par le vital.

Août 1934  

"Dès que je n'ai plus de responsabilités matérielles, toutes les pensées concernant ces choses s'enfuient loin de moi,  

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et je me trouve uniquement et complètement préoccupée de Toi et de Ton service." (11 mai 1913)

Ici je ne comprends pas ce que Tu veux dire par "de Ton service" puisque Tu dis déjà : "Dès que je n'ai plus de responsabilités matérielles".

 

J'écrivais cela parce que, pour un temps, je n'habitais plus chez moi, mais chez ma mère, et ainsi je n'avais plus la responsabilité de maîtresse de maison qui doit veiller à ce que tout soit bien matériellement.

Août 1934

 

"C'est en prenant conscience de Ta volonté et en identifiant la nôtre à la Tienne que se trouve le secret de la liberté véritable et de la toute-puissance, le secret de la régénération des forces et de la transfiguration, de l'être." (11 mai 1913)

Je ne comprends pas ce que veut dire "le secret de la régénération des forces" ?

 

Les forces vitales et matérielles sont perverties — il faut les régénérer pour qu'elles soient capables d'exprimer la volonté divine.

Août 1934

 

"Se tourner vers Toi, s'unir à Toi, vivre en Toi et pour Toi, c'est le bonheur suprême, la joie sans mélange, la paix, immuable ; c'est respirer l'infini, planer dans l'éternité, ne plus sentir ses limites, échapper au temps et à l'espace. Pourquoi les hommes fuient-ils ces bienfaits comme s'ils en avaient peur?" (18 juin 1913)

Pourquoi ne veulent-ils pas s'élever au-dessus du mensonge et de l'ignorance qui règnent partout dans le monde ?

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Parce qu'ils aiment le mensonge, l'agitation vitale, la violence, le drame. La paix de l'éternité leur paraît vide comme la mort parce qu'ils vivent uniquement dans le mental et le vital.

29 janvier 1935

 

"Tu es nous-mêmes dans notre Réalité. " (15 août 1913) Ici je ne comprends pas ce que signifie "notre Réalité", puisque je pensais qu'il n'y a qu'une seule Réalité.

 

J'emploie le mot réalité dans le sens de vérité de l'être.

25 février 1935

 

"Il faut, sans aucun doute, apprendre à contrôler son subconscient comme l'on contrôle sa pensée consciente. Les moyens pour y parvenir doivent être nombreux... Mais il y a certainement quelque chose de plus rapidement efficace." (25 novembre 1913)

Quelle est cette "chose" pour conquérir le subconscient ?

 

La descente du Supramental.

28 avril 1935

 

"Que de degrés différents dans la conscience ! Il fau- i droit réserver ce mot pour ce qui, dans un être, est illuminé par Ta présence, s'est identifié à Toi et participe à T'a conscience absolue." (13 mars 1914)

 

Je veux dire qu'il faudrait réserver le mot de conscience pour  ce qui est conscient de la Présence divine.

19 avril 1935  

"En dehors de cet état, il y a des degrés infinis de conscience descendant jusqu'à l'obscurité complète,  

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la véritable inconscience qui peut être un domaine pas encore touché par la lumière de Ton amour divin (ce qui paraît improbable dans la substance physique), ou bien ce qui est, pour une raison d'ignorance quelconque, hors de notre région individuelle de perception. " (13 mars 1914)

Quelle est cette "véritable conscience" dont Tu parles ici?

 

Le sub-conscient du sub-conscient.

21 avril 1935

 

"Comme en présence de ceux qui sont intégralement Tes serviteurs, de ceux qui sont arrivés à la parfaite conscience de Ta présence, je m'aperçois que je suis loin encore, très loin de ce que je voudrais réaliser. " (30 mars 1914)

Y a-t-il sur cette terre des hommes qui sont déjà "intégralement T'es serviteurs" ?

 

J'ai écrit cela après avoir rencontré Sri Aurobindo pour la première fois.

18 juillet 1935

 

"Que ma conscience s'identifie à Ta conscience afin que Toi seul sois la volonté agissant à travers cet instrument fragile et passager." (9 mai 1914)

Pourquoi dis-tu "cet instrument fragile et passager" ? farce qu'il passera vraiment un jour?

 

L'instrument dont il est question ici est sur la terre qui a une vie fugitive par rapport à la conscience éternelle.

ler  juin 1935

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"Et sur la terre maintenant je suis l'enfant joyeux qui joue."(17mai 1914)

Je pense, Maman, que "je" désigne Toi; ainsi pourquoi pas : "je suis l'enfant joyeuse qui joue" ?

 

Vous devriez savoir la tradition hindoue que le monde est le résultat de "l'Enfant divin qui joue". C'est à Celui-là que je m'étais identifiée.

5 novembre 1934

 

"Toutes les facultés individuelles sommeillent, et la conscience n'est pas encore éveillée dans les états transcendants ; c'est-à-dire que son éveil en eux est intermittent et qu'entre-temps c'est le sommeil." (19 mai 1914)

Est-ce que cela veut dire qu'avant que la conscience ne s'éveille dans les états transcendants, il y a une période où la conscience sommeille ?

 

La conscience sommeille dans tout le monde jusqu'à ce .qu'elle soit éveillée. 

 

Pendant combien de temps la conscience sommeille-t-elle ainsi ?

 

Une seconde ou une éternité.

10 avril 1935  

Alors que cela signifie-t-il exactement ?

 

Il est des expériences d'ordre universel qui ne peuvent être révélées qu'à ceux-là seuls qui les ont eues.

13 avril 1935

 

"Tu as fait une promesse, Tu as envoyé dans ces mondes ceux et ce qui peuvent accomplir cette promesse." (14 juin 1914)  

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Que veux-Tu dire par "ce qui" ?

 

La force, la puissance, la conscience, la connaissance, l'amour etc., etc.

7 avril 1936 

"Mais l'être religieux se tourne vers Toi, Seigneur, dans une grande aspiration d'amour et implore Ton aide... " (24 juin 1914)

Que veux-Tu dire par "l'être religieux" ?

 

L'être qui a des sentiments religieux, dévotionnels.

2 avril 1936  

"Quelle sagesse y a-t-il dans le fait de vouloir être d'une manière ou d'une autre?" (25 juin 1914)

Quel est le sens de ce passage ?

 

La sagesse est de vouloir ce que le Divin veut, non pas de décider pour vous-même.

13 décembre 1933

 

"Ô Force divine, suprême illuminatrice, écoute notre \ prière, ne T'éloigne pas, ne Te retire pas, aide-nous à combattre." (S juillet 1914)

Est-ce que le Divin se retire ou s'éloigne jamais de nous ?

 

Non, c'est nous qui nous éloignons de lui.

11 juillet 1935  

Alors que veux-Tu dire ici par "ne T'éloigne pas, ne Te retire pas" ?  

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Je parlais non pas au Divin lui-même mais à une Force, émanation du Divin, descendue pour faire un certain travail sur terre et qui aurait pu se retirer si elle avait vu que le travail qu'elle était venue faire, était impossible.

13 juillet 1935 

"Facilement les réalisations terrestres prennent une grande importance à nos yeux." (17juillet 1914)

Que veux-Tu dire par "les réalisations terrestres" ?

 

Les œuvres que l'on fait sur la terre.

30 janvier 1936

 

"Le monde est divisé en deux forces contraires qui luttent pour la suprématie, et toutes deux sont également opposées à Ta loi, Seigneur." (9 septembre 1914)

Quelles sont ces deux forces ?

 

Si tu avais lu la méditation avec soin tu n'aurais pas eu besoin de poser la question — les deux forces sont celles de la conservation et de la destruction.

22 mai 1935 

"C'est dans la fleur de cerisier qu'est le remède des maladies de printemps." (7 avril 1917)

Que signifie ceci?

 

Il y a des maladies que l'on a principalement au printemps, éruptions, impuretés du sang, etc., que les Japonais guérissent avec des tisanes de fleurs de cerisier. Je ne le savais pas lorsque j'ai eu l'expérience.

11 février 1936  

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